Chapitre 49

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Les semaines passent à une vitesse hallucinante. Je ne suis jamais assez rassasiée de Nathan. Nous passons tout notre temps libre ensemble. Je me surprends même à compter les heures qui me séparent de lui. Je ne connais toujours rien aux relations amoureuses mais Sabrina m'a certifié que personne ne s'y connaissait vraiment. Les gestes viennent naturellement avec Nathan, les choses se mettent en place toutes seules.

Le plus dur pour nous deux est la communication. Nous sommes de grands bavards avec nos amis mais, pour parler de nos sentiments, c'est autre chose. Je grimace encore quand j'entends Mike et Sabrina se donner des surnoms les plus loufoques les uns que les autres, à croire qu'ils font un concours de celui qui sera le plus gênant.

Un matin où nous sommes assis sur l'herbe au rocher des Doms, Nathan prend la parole entre deux baisers.

- Ça va peut-être te surprendre mais j'aimerai te présenter à mes parents pendant les vacances.

- Tu es sûr ? Je demande en déglutissant.

- Oui, totalement. Ils viennent passer quelques jours ici alors je me disais qu'on pourrait faire les présentations au restaurant, ce serait moins formel que chez eux... J'ai vraiment envie qu'ils te rencontrent.

Je couvre son visage de baisers. Il ne sait pas parler de ses sentiments et préfère les cacher... Alors le fait qu'il accepte de me présenter à ses parents est un immense effort pour lui. Il faut que je sois à la hauteur !

Le jour de la rencontre tant redoutée, j'arrive avec une demi-heure d'avance. J'ai mis une jupe qui arrive pile en-dessous du genoux et un chemisier blanc, boutonné jusqu'au cou. Pas question de faire mauvaise impression dès le premier regard ! Chaussée de mes talons préférés, j'attends Nathan et ses parents de pied ferme. Mes craintes s'envolent quand je le repère, qui avance en compagnie de deux autres personnes. Il a le don de me faire oublier pourquoi je suis stressée. Je n'ai même pas réfléchi à la manière dont je dois leur dire bonjour... Nathan m'embrasse chastement et me présente, pas le moins du monde gêné par la situation.

- Papa, Maman, je vous présente Chloé.

- Enchantée ! Dit sa mère en claquant une bise sur mes deux joues.

Son père l'imite et, l'instant d'après, nous voilà installés en terrasse. Les sujets de discussion ne sont pas difficiles à trouver... Nathan voit tellement peu ses parents qu'ils ont des tonnes de questions à lui poser. Nous parlons des cours, du festival d'Avignon qui approche, de leur famille, ... Je les écoute beaucoup et je parle peu. Je suis subjuguée par l'aisance avec laquelle ils discutent entre eux. Aucun des trois ne semble réfléchir à ce qu'il va dire... Quand je parle avec mes parents, je pèse chacun de mes mots, et je sais qu'ils font la même chose. Même dans les relations les plus basiques, les gens de mon monde font attention à tout ce qu'ils disent. Les parents de Nathan sont remplis d'amour pour lui... il n'a jamais dû en manquer. Moi non plus je n'en ai pas manqué... mais il ne se manifestait pas de la même façon.

- Alors, Chloé, qu'est-ce que tu comptes faire plus tard ?

Je reste interdite quelques secondes, attendant qu'une réponse surgisse dans mon cerveau. Je n'y ai jamais réfléchi. Si on m'avait posé cette question en septembre dernier, j'aurais répondu que ma plus grande ambition était de rester allongée sur mon lit toute la journée, avec les employés de maison à ma disposition, et de parcourir le monde. Un souvenir me revient à l'esprit alors que je m'apprête à répondre que je n'en sais rien. J'ai toujours su ce que je voulais devenir... mais mes parents ont vite effacé ce rêve de ma tête, comme tous les autres, ...

- Je... Je crois que j'aimerais devenir professeure des écoles.

Quand j'étais enfant, j'avais vu un reportage à la télévision sur une école maternelle. J'avais demandé à mes parents de m'y inscrire. Mon plus grand rêve était d'aller à l'école, de rejoindre tous les enfants de mon âge, de me faire des amis, de jouer avec tous les jeux que j'avais vu à la télévision. Mes parents n'avaient jamais accepté puisqu'ils souhaitaient garder un oeil sur ce qu'on m'enseignait. J'avais appris à refouler ce que je voulais vraiment, pour leur faire plaisir. Et puis, l'adolescence avait dévasté mes rêves d'enfant.

Petite fille trop gâtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant