Chapitre 40

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CHLOÉ

Il est plus de trois heures du matin quand nous arrivons devant mon immeuble.

- Tu es sûr que tu veux repartir chez toi en pleine nuit ? Dis-je à Nathan.

- Je n'ai pas trop le choix, il faut bien que je rentre.

- Tu peux rester ici, si tu veux.

J'ai parlé si bas que je doute qu'il m'ait entendue.

- Une autre fois. Promet-il en saisissant mon menton. Ce serait bête de gâcher ce moment.

Il relève ma tête en plante ses yeux verts dans le mien. Il hésite quelques secondes avant de déposer un doux baiser sur mes lèvres.

- Bonne nuit. Murmure-t-il avant de tourner les talons.

Je le regarde partir, le coeur battant après son baiser qui me laisse un goût d'inachevé sur les lèvres. Il part alors que je ne lui ai rien dit. Il m'a donné les paroles de cette chanson, il m'a fait comprendre ses sentiments, et je ne lui ai même pas partagé les miens... Je ne peux pas le laisser partir comme ça ! Je le rattrape avant qu'il tourne à l'angle de la rue.

- Attends ! Je voulais te dire...

Et voilà, je bloque encore. Ma fichue fierté m'empêche de lui dire ce que je ressens, encore une fois. Je rêve de lui crier que je l'aime, mais j'en suis complètement incapable. Alors je choisi des mots plus simples, en espérant qu'il comprenne.

- Merci, Nathan, pour ce soir, pour ces mots sur le papier, pour... tout.

- Moi qui pensais que tu ne savais pas dire merci, je me suis trompé, c'est la deuxième fois de la soirée.

- C'est parce que...

- Ne te justifie pas, je rigolais. À plus, Chloé.

Il m'embrasse sur la joue et part, pour de bon cette fois.

Je ne me rappelle même pas à quel moment j'ai franchi la porte de mon immeuble. À la première marche de l'escalier, je me rappelle le moment où j'ai noué la cravate de Nathan avant la fête. À la quatrième, je me rappelle l'allure qu'il avait dans son costume, appuyé nonchalamment contre un pilier de la salle. À la sixième marche, je repense à notre visite du Palais des Papes, de nuit, où les époques se sont mélangées dans ma tête. Arrivée devant ma porte, je me rappelle le goût des lèvres de Nathan sur les miennes, de ce nouveau regard qu'il a posé sur moi. Je me jette sur mon lit toute habillée, un grand sourire figé sur mon visage. C'est là que je me rends compte que je porte toujours sa veste. Si je continue de récupérer ses vêtements, je vais bientôt pouvoir ouvrir un musée en son honneur. Je fouille dans une des poches de la veste pour en sortir la feuille que Nathan m'a donnée. Je prends aussi celle que j'ai découvert dans mon sac à main, et je les assemble. Je lis et relis ces lignes, me disant que ce Vianney décrit à la perfection l'amour que je ressens pour Nathan. J'ai chaud, puis froid, puis à nouveau chaud... et le cycle recommence plusieurs fois. Je n'arrive pas à croire que Nathan m'a révélé qu'il a des sentiments pour moi. Il ne me l'a pas dit clairement, mais quel homme offre ce genre de texte à une femme qu'il n'aime pas ?

Je dénoue mes cheveux mèches par mèches, me démaquille, enlève ma robe hors de prix et prends une longue douche. Une fois l'esprit moins embué, j'enfile sa veste, qui porte encore son odeur. Une question tourne en boucle dans ma tête : maintenant, qu'est-ce que nous sommes l'un pour l'autre ? Oui, il m'a embrassée, oui, il m'a montré un endroit fantastique, oui, il m'a prise dans ses bras... mais il n'a pas accepté de monter, alors que ça n'aurait pas été notre première nuit ensemble. Il a dit qu'il ne voulait rien gâcher.... Je prends mon portable pour lui envoyer un message, mais après dix tentatives pour rédiger quelque chose de cohérent, je renonce. Et puis, après tout, Nathan n'a pas non plus cherché à mettre des mots sur ce que nous venons de vivre. Alors on verra bien lundi.

Petite fille trop gâtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant