Chapitre 17

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DÉCEMBRE

CHLOÉ

Le mois de décembre est l'un des mois que je préfère le plus. J'adore les fêtes de fin d'année, voir Avignon se parer de lumière... Mais, cette année, quelque chose de différent flotte dans l'air... Un parfum d'angoisse et d'appréhension. Les partiels approchent et, à la fac, c'est l'effervescence. Je m'étais promis de ne pas me préoccuper de mes notes. Je pensais qu'avoir mon semestre serait le dernier de mes soucis... et puis, j'ai rencontré mes nouveaux amis, qui sont des acharnés du travail. Ils m'ont appris que, pour réussir, il faut faire des efforts. Et c'est ce que je fais depuis le milieu du semestre. J'ai appris beaucoup de choses pendant ces douze semaines et j'ai presque hâte de montrer à mes professeurs ce que je suis capable de faire. Il ne reste que peu de temps avant le début des partiels et j'ai encore deux dissertations à rendre avant de me plonger pleinement dans mes révisions. Je profite d'un lundi où je n'ai pas beaucoup de cours et où il pleut pour me réfugier à la bibliothèque. Mon but est de n'en ressortir que quand ma dissertation d'histoire contemporaine sera terminée. Je rejoins la table la plus éloignée de la sortie, de peur que voir des étudiants partir alors que je n'ai pas terminé mon travail me désespère. Sans surprise, je tombe sur Nathan, assis seul à la dernière table. J'essaie de rebrousser chemin discrètement mais je sais à son sourire en coin qu'il m'a vue.

- Salut. Me dit-il sans lever les yeux de son livre.

- Tu dors ici ou quoi ? À chaque fois que je viens, tu es toujours à cette place en train de lire un livre. Tu sais qu'il y a une vie en dehors des études ?

Nathan sourit mais ne répond rien, se contentant de tourner une page de son livre. Pendant qu'il continue sa lecture, je pose mes affaires en face de lui et sors mon Macbook. J'inscris le titre de ma dissertation sur la révolution industrielle en essayant de ne pas paniquer devant la page blanche. Je reste bloquée, comme d'habitude, devant mon ordinateur. Je ne sais pas comment écrire une dissertation et, même quand j'ai la méthodologie, cet exercice m'ennuie tellement que je n'ai pas envie de le faire, surtout sur l'histoire de la révolution industrielle. Bizarrement, j'ai déjà rendu mon devoir en histoire moderne. Madame Dussaussoy a adoré mon commentaire de document sur les 95 thèses de Luther et m'a mis un 18 sur 20. Je l'ai affiché dans mon appartement. Nathan quitte sa place sans me jeter un regard. On est loin de la complicité partagée au sommet du Ventoux... À croire que seuls les paysages de Provence nous rapprochent... Quand Nathan revient avec une pile de livres dans ses bras, il arque un sourcils en regardant mon écran.

- Je vois que tu avances bien. Ironise-t-il.

- Je ne sais pas ce qu'attendent des profs de fac de leurs étudiants ! Et il n'y a rien de passionnant à faire des dissertations sur des sujets que tout le monde a déjà fait. Pourquoi ils ne nous apprennent pas à chercher dans les sources historiques ? C'est ça que je veux faire moi !

Je n'avais pas prévu de me lamenter devant lui, encore moins de le faire avec cette voix larmoyante que je réserve d'habitude à mes parents.

- Pour ça, il faut faire un master recherche. En licence, ils ne nous apprennent que les bases. Mais commence par chercher des livres sur le sujet. Plus tu as de connaissances, plus tu pourras faire tes dissertations rapidement.

- Je ne vais quand même pas lire un tas de livres juste pour une dissertation ! Je m'écrie.

Des étudiants se retournent sur leurs chaises pour me regarder, l'air indignés. Je leur jette un regard noir qui les dissuade de me dire quoi que ce soit.

- Tu devrais, c'est passionnant. Me dit Nathan en posant un livre devant moi. Commence par celui-là pour l'histoire contemporaine, il est génial. Et, surtout, arrête de parler aussi fort ici, tu vas te faire virer.

Petite fille trop gâtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant