Rédemption [Christopher Bang]

4) Emily Turner : Révélations

Emily s'écrasa sur le parvis, le souffle court et les jambes en compotes. Elle avait beau essayer de faire semblant, il n'y avait rien qui pouvait enlever le souvenir du canon glacé posé contre son ventre. Plus aucun doute possible, elle détestait Christopher Bang du plus profond de son être. Ce type, ce sale type... Elle l'aurait bien étranglé et jeté au fond d'une rivière poisseuse si elle n'était pas une citoyenne honnête et fragile.

Mais que pouvait-il lui arriver de plus ? Après avoir été menacé et qu'il ait complètement détruit son portail, elle aurait pu très bien porter plainte. Mais bon... C'est vrai qu'elle avait volé sa veste, dormi chez lui, couché... Couché avec !? Des images pas très catholique lui traversèrent l'esprit et elle faillit tourner de l'œil. Comment pouvait-elle ne pas se souvenir de cette nuit-là ? A moins que cet enflure l'ai drogué pour la ramener chez lui. Venant d'un businessman aussi véreux, rien ne pouvait exclure cette possibilité.

Il y avait un dicton chez les journalistes, un truc bateau qu'elle n'avait jamais cru jusqu'à aujourd'hui. Ce truc disait "Connait ton bouc émissaire et raconte sa vie à chaque fois que tu en a l'occasion. Tout le monde finira par le faire à ta place, tellement qu'on croirait qu'il t'a demandé de le faire pour lui." Et voilà que cela prenait tout son sens. Le bouclé avait débarqué chez elle, en la priant de se taire comme s'il savait qu'elle parlait de lui à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Les gens allaient-ils commencer à parler de lui, tellement qu'on croirait que cela vient d'elle ?

Emily serra les poing et jura qu'elle aurait sa peau. Mieux ! Sa tête sur une pique. Promesse de journaliste ! Mais pour l'instant, elle allait boire un grand verre d'eau et manger deux anxiolytiques pour être sûr de finir la journée.

***

La matinée montra le bout de son nez et Emily Turner se réveilla avec le sourire. Pour une fois, elle avait dormi comme un bébé. C'était le jour de sa consécration et rien ne pourrait lui enlever l'odeur de pain grillé et le sons des oiseaux gazouillant dans le jardin dehors. Même son voisin du dessus, qui avait déjà déménagé depuis longtemps, lui sembla particulièrement sympa. Elle se fit un petit déjeuner de princesse et mangea de tout son saoul. Le soleil qui commençait à se lever annonçait une journée chaude et ensoleillée.

Son téléphone vibra. Elle ne le décrocherait pas. Pas tant qu'elle ne serait pas arrivée au bureau sous les applaudissements de ses collègues et de Monsieur Song qui lui lécherait ses bottes. Mais il y eut un puis deux puis trois appels. Victoria n'arrêtait pas de l'appeler en continu, sûrement pour la féliciter et savoir comment elle avait réussi à décrocher un scoop aussi croustillant. Elle avala son café en imaginant quelle folie son sauveur avait bien pu écrire pour que ce fichu Song le trouve aussi incroyable. Son idée d'infidélité était pas mal mais trop banale. Surement un enfant illégitime ou même un meurtre. Oh oui, un meurtre serait le pied totale !

— Comment ? Demanda-t-elle dans le vide. Comment j'ai réussi à réunir autant de preuves accablantes ? Oh vous savez, ce métier c'est plus qu'un titre, c'est une passion, ce sont des capacités innées ! Elle rigola faussement au paparazzi imaginaire qui l'interrogeait sur sa carrière fulgurante.

La sonnerie de son téléphone la coupa dans sa folie et elle fronça les sourcils. Mince à la fin, laissez les gentilshommes rêver ! Mais sa curiosité rattrapa le tout et elle finit par chercher le centre de tous ses plus grands fatasmes.

— Five.ent, article publié.

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L'Homme d'Affaires Respecté Démasqué en Tant que Chef de la Pègre

Une vie de crimes cachée derrière un empire économique florissant

- 09 octobre 2023 -

Dans une révélation choquante qui secoue la ville, l'homme d'affaires respecté et philanthrope, Christopher Bang, a été exposé comme le cerveau derrière l'un des plus grands réseaux criminels que cette ville ait jamais connus. Longtemps considéré comme un modèle de réussite entrepreneuriale, Bang s'est avéré être le chef d'une organisation criminelle tentaculaire, générant des dizaines de millions d'euros illégalement.

Emily tombe sur une image d'un homme très musclé et baraqué en train de mettre à terre un jeune homme en lui mettant un coup de poing dans le ventre. Le même qu'elle croit reconnaître, avec son visage si particulier. Mais oui ! C'est le chauffeur.

L'image de Christopher Bang, âgé de 35 ans, était celle d'un homme d'affaires respecté et admiré dans la communauté. Il était connu pour ses œuvres de bienfaisance, ses contributions à la société et son leadership dans le monde des affaires. Il avait fondé et dirigé Le Palace, une entreprise qui englobait des secteurs allant du service hôtelier à l'immobilier, générant des milliards d'euros de revenus légitimes.

Cependant, une enquête approfondie menée par nos soins a révélé une face bien plus sombre. Il aurait utilisé son entreprise florissante comme une couverture pour une vaste opération criminelle, contrôlant des activités allant du trafic de drogue au blanchiment d'argent. Ses vastes ressources financières et ses connexions au sein de la communauté des affaires lui ont permis de maintenir son empire criminel dans l'ombre pendant des années.

Encore une photo, cette fois-ci dans la boîte de nuit du Rex où elle était hier, où on voit un homme entouré de prostituées mineures avec des rails de coke et de l'extasie en plaquette.

Nos journalistes ont découvert des preuves accablantes, notamment des échanges de produits illicites, des transactions bancaires douteuses et des témoignages de témoins clés ayant fait partie de l'organisation. Les enquêtes ont également révélé que Bang avait infiltré plusieurs secteurs, utilisant son influence pour échapper à tout soup-

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Emily éteint son téléphone d'un coup en ouvrant grand les yeux. Impossible ! Celui qui avait écrit ça avait un talent fou et une dent plus que visible contre Christopher Bang. Cet article ne pouvait être d'elle ni paraître dans la presse. Mr. Bang allait la tuer de ses propres mains avant d'uriner sur son cadavre et d'en faire de la chair à pâté pour chien.

C'était fini. C'était la fin d'Emily Turner...

Une peur viscérale lui lacéra les tripes et elle parti vomir dans les toilettes de son petit appartement. Elle fit ses affaires, mit le plein de vêtements dans un sac au pif, débrancha son ordi, de même pour son téléphone qu'elle éteignit et se barricada en poussant son gros canapé juste derrière la porte . Elle regrettait d'avoir jeté la batte de baseball de son ancien petit copain. Pourquoi s'embêtait-elle à garder des vieux pots en verre et du carton pour les "au cas ou" alors qu'elle jetait le matériel de défense le plus important ! Même en fouillant dans le coffre sous le canapé, elle ne trouva que des pots de fleurs usés et du terreau moisi. Elle avait eu le temps de fouiller et retourné toute sa baraque vu comment une heure puis deux passèrent mais personne n'était venu défoncer sa porte ni réclamer vengeance.

Peut-être avait-il dit des paroles en l'air ? Ou alors Mr. Bang n'était pas encore sorti du boulot et il n'avait pas vu le scandale qui commençait à sérieusement prendre de l'empleure. Elle l'imaginait sortir de son building, accueilli par des centaines de paparazzi et sûrement une ou deux voitures de polices pour faire pression. Il n'allait rien comprendre au début puis quelqu'un lui lirait un passage de l'article et il pensait directement à elle.

Il y eut du bruit dans la cuisine , comme un verre brisé qui la sortit de sa rêverie et elle sursauta. Une armée avec des flingues jusque dans la bouche allait venir lui faire la peau. Un homme capuché et complétement vétu de noir venait de passer derrière le bar et contourna la table à manger en la pointant avec son arme. Elle retirait ce qu'elle venait de penser, ce type lui faisait bien plus peur qu'une armée toute entière.

— Monsieur Bang avait prévenu. Dit-il froidement avant de tirer en plein dans son flanc droit.