17) Emily Turner : Le chat n'est pas un chat

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Le moteur ronronnant de la berline noire de Christopher rugit alors qu'elle franchit majestueusement l'entrée du Palace, s'avançant vers la grande porte vitrée. Mais leur arrivée triomphante fut brutalement interrompue. Des gyrophares tournoyants et une barricade de voitures de police barraient désormais leur chemin, les empêchant de rebrousser chemin.

Sans avertissement, des ordres stridents jaillirent d'un mégaphone rouge, perçant le silence. Un homme en uniforme, criant des instructions, les mit en demeure de descendre du véhicule et de divulguer leur identité. Tout échappatoire était impossible, encerclés par les forces de l'ordre.

L'officier Yang s'avança d'un pas ferme, une présence imposante armée jusqu'aux dents. Avant même qu'ils ne puissent réagir, il les aborda directement :

— Je suis l'officier Yang. Vous êtes Monsieur Bang ?

Le geste vif de l'agent brandissant des menottes, son arme pointée en direction de Christopher, fit comprendre la gravité de la situation.

— Lui-même, répondit-il, protégeant Emily derrière lui. Puis-je vous être utile, officier ?

Les menottes se refermèrent inexorablement, tandis que l'officier, vigilant, commença à les lui passer.

— Commencez par coopérer, cela serait d'une grande aide," déclara-t-il. Puis, d'un ton qui glaça l'atmosphère : Monsieur Bang, vous êtes en état d'arrestation pour meurtre et séquestration. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous durant le procès.

Un instant suspendu, où Christopher croisa le regard déconcerté d'Emily. Mais rien n'aurait pu la ramener à la réalité, à cette avalanche de termes pesants : "arrestation", "meurtre", "séquestration".

— Emily, regarde-moi, ordonna-t-il d'une voix douce, presque inconnue de la jeune femme.

Mais rien ne semblait la ramener à la conscience. Alors, sans réfléchir, dans un geste aussi soudain que tendre, ses lèvres effleurèrent les siennes, un baiser furtif mais imprégné de son essence. Les yeux écarquillés d'Emily se figèrent, captivés par les siens. Il avait capté toute son attention en une fraction de seconde.

— Tu vas retrouver Han et tu fais tout ce qu'il te dit. Dis-lui de contacter 'Le chat', il comprendra. Il te dira quoi faire ensuite. Emily. Va s'y.

Elle avait alors pris ses jambes à son cou, descendant jusqu'au sous-sol. Han s'était levé comme s'il attendait ce moment depuis toujours. Pas un mot de plus n'était nécessaire. La femme, captive depuis des semaines, ne savait pas vraiment pourquoi elle agissait ainsi. Se rendait-elle compte du rôle qu'elle jouait dans ce drame ? Cherchait-elle simplement à aider son geôlier ou à trouver sa propre liberté ? Changbin les avait rejoints dans le hall et, sans regard en arrière, ils avaient filé à toute allure. Direction : "le chat", la personne que Christopher appelait ainsi.

Blueberry-man, Changbin et Emily arrivent dans une banlieue reculée de Séoul. Elle pourrait mettre sa main a couper que les immeubles sont à deux doigts de s'effondrer. La végétation a reprit ses droits sur les constructions humaines et le mélange donne un air de fin du monde apocalyptique tout droit sorti de Sweet Home. Et-il seulement possible de vouloir habiter dans une friche aussi délabrée ?

Han s'avance dans le parking rempli de bosses et de trous du aux racines des arbres qui l'entourent et pousse la porte de l'immeuble d'en face. C'est un bâtiment des plus classique, si ce n'est qu'il manque plusieurs fenêtres aux étages les plus bas et la majorité des poignées de portes. Sympa...

— Me dites pas qu'on va monter là-dedans ?

Emily grimace en voyant un ascenseur moisie et en piteux état. C'est à peine si les épaules de Changbin peuvent passer sa porte.

Rédemption [Christopher Bang]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant