7) Emily Turner : Blueberry-man

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Ce fut au bout de la dixième fois qu'elle hurlait à la mort qu'on lui permit d'aller aux toilettes. Blueberry-man - elle l'avait nommé ainsi ne connaissant pas son nom - lui avait décroché ses liens et la traînait comme une esclave dans le tombeau. Sa tête tournait, complètement déshydratée. Quand ils passèrent sous un plafonnier, elle remarqua un oeil au beurre noir qui tournait déjà au vert sur le visage du garçon fruité. Le karma devait faire son travail apparemment vu comment il était enflé et elle eut un sourire en coin.

— Le patron n'est pas content ? Se moqua-t-elle en s'éloignant le plus possible de lui.

— Fermes-là et va pisser sale chieuse.

Hé ba pour une première phrase, il n'avait rien à envier à Shakespeare celui-là. Il ouvrit une porte et elle se précipita dans les cabinets en le voyant prendre place devant elle sans cligner ni même détourner le regard.

— Qu'est ce que tu fous ? je, je vais pas faire pipi alors que tu me regardes ?!

Blueberry-man montra les liens qu'il tenait et l'incapacité de fermer la porte en levant les épaules, vaincu. Ce type était vraiment une ordure.

— Je m'assure que tu ne te barres pas. Dit-il sans une once de vérité.

— Bande de détraqués... Elle se mordit les lèvres en fermant les yeux et fit son affaire, essayant d'oublier l'homme qui se tenait debout devant elle.

Il n'y avait rien a faire hein... elle serait enfermée ici pour le reste de ses jours, dans le sous-sol d'un mafieux aux boucles blondes et aux hommes de mains scatophile.

Qu'elle vie de merde.

— Han ! Han ? Appel une voix qui lui fait détourner le regard.

— Qu'est ce qui se passe ?

— Vient m'aider au lieu de traumatiser la nana du boss.

La nana du boss ? Et puis quoi encore ?! Quoi que si ça lui permet d'avoir un minimum d'intimité, elle n'allait pas cracher dessus. Va s'y blueberry-man vas voir, va aider ton pote.

Emily n'a même pas besoin de passer une tête par la porte pour voir passer un homme bras dessus bras dessous avec son tortureur et un inconnu. Il est sonné, incapable de marcher et ses pieds trainent sur le sol, une vrai carcasse.

— Poses le sur la chaise, il faut qu'il reprenne connaissance. Ordonne l'autre tandis que Blueberry lui met déjà des gifles.

— Felix. Felix debout. Felix dépêche j'ai pas que ça à faire. Il se tourne vers l'inconnu et demande, Les gars de Strake ?

Son interlocuteur fait non de la tête et il pointe le plafond plusieurs fois.

Putain... Le regard noir de monsieur Scatophile se pose sur la jeune femme qui vient de tirer la chasse avec son coude et apparait dans la pièce comme si de rien n'était. C'est encore à cause de cet article de mes couilles... Son souffle ronfle à la fin de sa phrase comme un lion aurait grogné face à sa proie.

La jeune femme ce sent tellement petite et fragile face au molosse qui lui envoie des couteaux imaginaire. C'est pas comme si il lui avait déjà tiré dessus...

Elle attrape son bandage - toujours avec la capacité d'un handicapé sans mains - et grimace en y repensant.

— Chier' s'exclame l'inconnu en voyant une grosse tache rouge apparaître. Je l'amène là haut. Déclare-t-il en enlevant ses chaînes.

Blueberry siffle mais ne fait pas de remarque. Il la regarde juste lui échapper tandis qu'elle se permet un petit clin d'œil provocateur pour remonter son égo de femme enfermé dans une cave.

Et elle disparaît alors que l'autre lui fait monter l'escalier dont elle rêve depuis des jours.

Là-haut, c'est une autre histoire. Il y a une lumière diffuse et jaunie par des lustres en diamant suspendue aux voûtes d'un plafond haut de 7 mètres. Les fenêtres sont toutes parées de rideaux rouge brodés des initiales CB du maître des lieux. Le carrelage est symétrique, pas un pet de travers ni de poussière sur les meubles en marbre. Son nouvel ami et elle traversent un couloir et atterrisse devant un ascenseur de service. Ils montent direction le dernier étage et vu le nombre d'étages, elle ne se trouve pas dans une bicoque extravagante mais bien dans le centre même des affaires du leader Christopher Bang, Le Palace.

Après d'interminables minutes qui lui ont permis de bien tacher la carpette dans l'ascenseur et au passage de s'étaler comme une quiche sur son voisin, ils arrivent enfin devant le bureau du grand patron. L'homme toque trois fois avant que les portes en bois massif ne s'ouvrent d'elles-mêmes.

 L'homme toque trois fois avant que les portes en bois massif ne s'ouvrent d'elles-mêmes

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— Seungmin ? Pourqu- Il s'arrête dès qu'il aperçoit ce que tient son employé. Pose-là sur le canapé. Ordonne l'ours en partant directement vers une grosse armoire sans prendre le temps d'expliquer quoi que ce soit.

— Joli bureau Bang. ironise la journaliste en s'imaginant déjà partir pour le Styx en louchant sur les tapisseries et la vue imprenable sur toute la ville.

— Va-t'en. dit Christopher à son homme de main avant de déboucher une bouteille en verre alcool et d'en verser sur un mouchoir en tissu. Tu délires complètement Turner. Il pose une main sur son front bouillant. Enlèves-ton t-shirt.

Elle le pousse faiblement en pinçant ses lèvres gercées.

— Tu veux admirer les dégâts que ton enflure décolorée du bulbe m'a fait ? Je suis sûr que c'était ton idée depuis le début. Pauvre de moi, et maintenant que tu te rends compte que je suis peut-être innocente tu t'en veux c'est ça... ? C'est pour ça que je pourrie dans ce trou à rat. Je le savais...

Christopher fronce les sourcils et lui enlève son haut dans un geste brusque.

— Je me suis occupé de lui. Dit-il, concentré à désinfecté la plaie béante. Il n'aurait pas dû tirer, il le sait maintenant.

La blessure s'agrandit à vue d'oeil et quand bien même la balle n'a touché aucun organes vitaux, si elle n'est pas prise en charge bientôt, Emily passera vraiment ses derniers jours aux côtés de l'homme qu'elle hait le plus au monde. Un long moment passé durant lequel ni Chris ni elle ne parle. Lui est trop concentré sur ce qu'il est en train de faire et l'autre admire comment la fatigue et la faim lui empêchent de ressentir la douleur.

— Je savais.

Elle se redresse et le fixe.

Que c'était pas toi, Turner. J'avais déjà des doutes avant que tu ne me le dises au sous-sol. Emily se plaint en laissant tomber sa tête en arrière. L'article est bien trop complet et bien écrit pour que ce soit une journaliste aussi mauvaise qui ait eu un éclair de génie et qui ait pu me percer à jour comme ça.

— Sympa.

Le sang dans sa tête ne fait qu'un tour, ce type se fou de sa gueule et cherche la rédemption après lui avoir fait subir l'enfer pour rien.

— Cependant, il y a quelque chose qui cloche. Le chef attrape une aiguille et recoud grossièrement tout en lui faisant part de ses doutes les plus profonds. Pourquoi toi ? Pourquoi quelqu'un aurait voulu utiliser une femme qui m'est complétement inconnue pour me descendre sur la place publique.

— J'en sais rien, en fait j'espère bien le savoir et foutre mon poing dans la face de celui qui à cru que je me laisserais faire. Elle attrape les cheveux de son némésis et lui envoie un coup de boule dans le nez, juste là, à moitié allongée sur le canapé et lui agenouillé à ses côtés. Ca c'est pour la balle perdue, connard.

Rédemption [Christopher Bang]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant