La chambre d'Emily n'est pas gigantesque, c'est même assez rare pour une des chambres du Palace. Un lit double, un canapé au centre de la pièce et une salle de bain toute équipée. Le tour sera vite fait, tant mieux. Pas d'objet extravagant, Christopher aurait pu parier qu'elle trimbale des mascottes de vaudous ou de la camelote décrépis. Vu la chance qu'elle se traine partout, aucun doute qu'elle a dû faire du mal à la nation dans une vie antérieure. Il soulève les draps, remue ses placards et se permet de jeter un œil dans les fringues qu'elle a laissées sécher près de la fenêtre. Ici pas de lave-linge alors elle à du tout faire dans l'évier de la salle de bain. C'est vrai que comparé a son ancien appartement, le rez-de-chaussée d'une maison à étages, la chambre 245 est d'un luxe plus que remarquable pour une femme comme elle. C'est pas comme si elle allait se plaindre de vivre la vie d'une princesse après avoir vécu comme une ermite pendant dix ans.
Alors qu'il la côtoyait au quotidien, il n'aurai jamais parier que la jeune femme qu'il avait croisé au Rex serait aussi chiante. Elle avait l'air tellement plus fun dans sa petite jupe et son t-shirt transparent, maintenant c'était juste une femme parmi tant d'autre qui s'habille en pantalon beaucoup trop large pour qu'on puisse profiter d'une quelconque vu sur un fessier rebondit.
Un bruit de porte le fit se retourner. Emily passa une tête et écarquilla les yeux en le voyant là, au milieu de ses affaires comme si de rien n'était. Elle avait le droit lui diriez vous, que de s'égosiller d'avoir été violé dans son intimité par un homme qui n'en avait pas été invité. Christopher eut un rictus tordu. Impossible, il a tous les droits.
— Monsieur Bang, qu'est ce que vous faites ici ? Demanda-t-elle en entrant dans sa chambre, le teint plus pâle que d'habitude.
— J'ai le droit de faire ce que je veux. Je suis chez moi.
Le regard de la journaliste disait qu'il racontait n'importe quoi.
— Est ce que vous avez bu ?
L'instant d'après elle se tenait près de lui. Son parfum, la bouteille rose cubique qu'il avait vu et respiré sur l'étagère de la salle de bain, lui envahit les narines et il papillonna des yeux. Pourquoi les femmes devaient-elles toujours laisser un sillon âcre derrière elles. Comme si elles voulaient les mettre au défi de les retrouver. L'air de dire " Tu ne m'aura jamais mais essaie toujours".
— Est ce que vous pensez que vous êtes inatteignable mademoiselle Turner... ? Maintenant qu'elle l'avait souligné, il tanguait plus que d'habitude. Vous croyez réellement que je vais attendre bien gentiment que vous soyez d'accord pour prendre ce que je veux.
Emily fixait Christopher en essayant de comprendre de quoi il parlait sans pour autant se mettre en danger. Le directeur du Palace se sentait particulièrement triste aujourd'hui. Dans une colère destructrice qui aurait pu lui faire faire n'importe quoi. En plus de cela, pourquoi mettait-t-elle autant de temps à lui répondre ?
— Je crois que tout le monde va aller se coucher et qu'on en parlera plus jamais surtout.
Elle le regardait comme sa mère. Le même jugement de valeur qui lui hurlait qu'il ne méritait pas l'amour d'une femme et encore moins d'elle.
— Ne me touche pas.
Il s'écarta vigoureusement. C'était incompréhensible. Dans sa tête comme dans son corps, il y avait quelque chose qui l'empêchait de relâcher Turner alors qu'elle ne lui était d'aucune utilité depuis longtemps. Il voulait la voir, savoir qu'elle s'activait pour lui et ne jamais avoir l'impression de perdre la main autour de ses chevilles. C'était comme ça qu'il avait grandi : "si le jouet ne marche plus, brise lui les jambes".
Christopher empoigna le cou fragile de sa petite protégé. Son corps bien plus grand et gros surplombait la minuscule chose qui se débattait en essayant de se dégager de la prise.
Emily Turner lui échappait indéniablement sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit. Pas parce qu'elle irait ailleurs, ou qu'elle fuirait en complotant avec un de ses hommes. Pas non plus par la force ni par la ruse. Non, la solution était bien pire. C'était lui qui allait la laisser partir un jour ou l'autre. Il le savait. Comme lorsqu'il ouvrit sa main pour la relâcher, il n'arriverait jamais à lui faire vraiment mal alors qu'il n'avait fait que ça depuis des années.
Elle s'effondra au sol en se tenant le cou, des traces rouges apparurent déjà et dessinaient un collier étrangement agréable à regarder.
— Mais qu'est ce que vous me voulez !
Evidemment qu'elle s'énervait. Il ne savait pas lui-même mettre des mots sur ce qu'il ressentait maintenant. Du désir ? De la passion ? De la retenue hypocrite ? Non, rien d'aussi doux.
— La rédemption. Je veux revenir en arrière et ne jamais avoir mis les pieds sur terre. Dit-il en la regardant. J'aimerais redevenir un fœtus et mourir d'étouffement. Que le liquide qui coule dans mes poumons s'entasse et flétrisse mes muscles. Mais qui pourrait faire ça ? Il s'accroupit et lui caressa la joue comme si elle était la poupée la plus fragile du magasin. Toi ? Tu pourrais me tuer Emily ?
Sa question resta en suspens. La réponse lui paraissait évidente mais une part de lui se demandait quand même si elle n'était pas celle qui finirait pas avoir sa peau.
Habilles-toi, on sort manger.
Il montra une longue boîte qui attendait bien sagement sur son lit puis quitta la chambre en prenant soin de refermer la porte derrière lui.
Christopher attrapa un manteau, ses clés de voiture et descendit dans le sous-sol pour reprendre son téléphone à Jimin qui se redressa, se courba silencieusement et prit ses affaires pour rentrer chez lui. Avant qu'il ne passe la porte en haut des cinq petites marches en pierre, il se retourna, mima un doigt sur la paume et quitta pour de bon cette maudite cave.
Avant qu'il ne passe la porte en haut des cinq petites marches en pierre, il se retourna, mima un doigt sur la paume et quitta pour de bon cette maudite cave.
Le dirigeant du Palace déverrouilla le téléphone et regarda l'historique, les messages et ses applications. Cette petite merveille était un simple duplicata du téléphone qu'il avait laissé à Emily. Jimin l'avait codé pour qu'il lui interdise toutes les recherches du genre "police", "comment retirer une bombe", "Christopher Bang" et tout ce qui lui permettrait de s'enfuir. Si elle essayait, un message automatique apparaissait sur un fond noir, bloquant l'appareil pour au moins trois heures.
"Sois une gentille femme, apprend à obéir et ferme ta belle bouche."
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Rédemption [Christopher Bang]
FanfictionDans les rues animées de la métropole, Christopher Bang, un homme d'affaires prospère et sans scrupules, est au sommet de sa carrière. Il est respecté et craint de tous, sauf d'une personne : Emily Turner, une journaliste intrépide et déterminée qui...