10) Emily Turner : Un nouveau travail

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— Turner, ramènes-toi.

Emily reconnut la voix exécrable de son chef de cellule comme si elle était devenue une sonnerie de réveil obligatoire.

Le corps de la jeune, enrobé dans une couette de lit trois fois trop grande pour elle, se tourna et retourna dans tous les sens en espérant gagner encore cinq minutes de sommeil.

— Turner...

Deuxième appel, le ton commençait à traîner, signe que l'homme s'impatientait. Allez, juste deux minutes de plus et elle se lèverait bien gentiment sans faire d'histoire. Depuis le temps qu'elle n'avait pas dormi dans un lit aussi confortable et une chambre aussi belle, elle pouvait bien se permettre de traînasser au lit.

— Putain. de. Turner.

Le corps enragé de Han entra dans la chambre et fracassa la porte comme si il payait les factures de ses propres poches. Emily sursauta et quitta en trombe le matelas en serrant très fortement le draps autour de son petit corps de femme. Elle se rappela qu'il pouvait à n'importe qu'elle moment lui faire exploser les jambes et elle se tut. Elle allait s'excuser mais n'en fit rien et l'ignora comme si son entrée était des plus anodines. Ce chien de garde ne pouvait rien lui faire, elle l'avait bien compris et en profitait grassement tous les jours. Dieu merci elle était sous la geôle du grand patron, sinon, ça fait longtemps qu'il l'aurait tué.

— Tu as dis quelque chose ? Demanda-t-elle sarcastiquement en tendant une oreille.

— Bouges et prépares-toi, on part dans dix minutes.

Il quitta les lieux en aussi peu de temps qu'il était entré. Sale type. Elle avait encore en travers de la gorge le comportement odieux qu'il avait eue avec elle au sous-sol. C'était d'ailleurs une des raisons pour lesquelles elle avait accepté ce maudit contrat.

Pour ne pas mourir des mains d'un psychopathe.

Parce qu'elle voulait blanchir son nom d'une façon ou d'une autre.

Il n'y avait pas de petit 3, sa réflexion n'était pas aller aussi loin.

Christopher et elle avaient officiellement accepté cet arrangement une semaine auparavant. Depuis, il lui avait offert une chambre au Palace et un garde attitré, ce foutu Han... Blueberry pour tous ceux qui se seraient perdus en chemin. Un surnom qu'elle utilisait encore dans sa tête de temps en temps quand le babouin devenait trop insupportable.

Bref, trêve de bavardage, elle fila à la douche et se prépara relativement vite pour ne pas énerver plus le pitbull qui l'attendait en bas.

— Toutes les femmes sont aussi lentes ou tu fais juste partie d'un club ? Reprocha Blueberry en la voyant arriver.

— Si tu te poses la question c'est que t'as pas dû en côtoyer beaucoup. Répliqua-t-elle en ouvrant les portes vitrées et rejoignit la voiture blindée.

Vous vous doutez qu'en une semaine, elle avait eu le temps de s'accommoder de son caractère de vache et qu'elle en avait marre de se laisser marcher dessus. Tout ça évidemment parce qu'il ne pouvait rien lui faire. Sinon elle n'aurait pas osé...

Changbin, le chauffeur, probablement le seul homme un minimum correct dans ce regroupement d'assassin et sont préféré, lui demanda où ils allaient, elle lui répondit qu'ils devaient retrouver un indic du patron dans une bibliothèque de la ville.

Là-bas, elle prit le temps de vérifier qu'il n'y avait aucune caméra comme le lui avait indiqué Mr.Bang - elle ne voulait pas qu'on la voit avec un membre d'elle ne savait qu'elle mafia - et partit s'asseoir sur une table. Han n'était jamais bien loin, assis ou au milieu d'une rangée de livres, assistant lui aussi à l'échange de la façon la plus creepy qu'il soit.

Un homme passa les portes quelques minutes plus tard, un dossier sous le bras.

— Mademoiselle Turner ? la questionna-t-il pour être sûr de s'adresser à la bonne personne.

— Elle-même. Et vous ?

L'homme s'assit et lui tendit une main qu'elle sera poliment.

— Mr Hwang.

Emily était surprise quand il enleva son béret, de voir un homme assez jeune, peut-être la quarantaine, avec un sourire aussi brillant. Objectivement parlant, c'était un très, très bel homme. Pourquoi fallait-il que les hommes les plus beaux qu'elle rencontrait soient toujours des mécréants malhonnêtes ou ceux qui travaillent pour les couvrir ?

 Pourquoi fallait-il que les hommes les plus beaux qu'elle rencontrait soient toujours des mécréants malhonnêtes ou ceux qui travaillent pour les couvrir ?

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— J'ai ramené les photos que vous m'avez demandé. Il les lui fit passer. Vous aviez raison, on le voit sur certaines mais ça pourrait très bien être quelqu'un avec la même corpulence et le même genre d'habits.

Elle feuilletta le contenu du dossier.

— Et pour les plus dérangeantes ?

— Sur celle avec les produits, Mr.Bang n'est pas dessus on ne voit qu'un seul homme. C'est très mal cadré, les visages sont floues et la qualité reste à revoir. Aussi étonnant soit-il, celui ou celle qui a écrit cet article apporte des photos inutilisables dans un procès.

— Tout l'inverse d'une mise à mort publique mais à l'évidence, c'est ça que l'auteur cherchait.

La discussion continua ainsi pendant une heure qui deffila à une vitesse folle. Cet homme était charmant, faisait du bon travail et vouait une dévotion un peu louche à Christopher Bang.

— Ravis de vous avoir rencontré. Dit-il en enfilant son béret vert.

— Tout le plaisir est pour moi.

Elle ne pu rien ajouter de plus puisque son chien-chien de compagnie se ramena et fit fuir Mr. Hwang d'un seul coup d'œil. Le regard d'effroi qu'il lança fut tel, qu'elle crut qu'il avait vu un fantôme. En retournant à la voiture, elle lui dit qu'il n'était pas obligé d'attendre comme un piquet deux rangs plus loin et que toute la partie où il avait joué avec un couteau n'était franchement pas nécessaire. Han ne lui répondit rien et se contenta simplement de serrer les dents.

En rentrant, comme toutes les fois où elle se rendait à un rendez-vous, elle devait passer par la case "bureau du grand patron" pour y faire un rapport complet et discuter des futurs plans. Il y avait pire, elle avait connu pire. Mais il y avait cette tension, ce truc dans l'air qui la mettait tellement mal à l'aise quand elle était avec lui que rien ne lui paraissait plus insupportable que ça.

Ce fut le même chemin. Porte d'entrée, ascenseur de service, dernier étage, grandes portes en bois et puis le regard intense qui la suivait jusqu'à ce qu'elle s'assoit face à lui dans un siège.

— Turner.

— Bang.

Rédemption [Christopher Bang]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant