Jaehae Peak ( 재해 Peak )

Nul n'est parfait...

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Comme la plupart des petits garçons, Namjoon avait rêvé de destin glorieux, d'avenir brillant, et de "gagner tant de sous qu'il pourrait payer tout ce que son papa et sa maman voulaient, et s'acheter toutes les cartes Pokémon, même les super rares !" (Il en avait aujourd'hui deux classeurs entiers). Il n'était pas mécontent de constater, lorsqu'il était dans ses bons jours, et pas dans ses "phases gloomy" (comme il les appelait), qu'il avait atteint ce rêve. Toutefois, des rêves, il en avait beaucoup d'autres à présent.

Namjoon vivait seul dans un grand et bel appartement au cœur d'une ville rutilante, grouillante d'activités. Son appartement était à son image : simple, lumineux, chaleureux et parfaitement pensé. Lui, aurait plutôt cité Baudelaire dans le texte pour décrire son "petit chez lui" : «Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.»

Ce soir-là, il pleuvait à verse mais notre jeune star ne s'en souciait guère. Il en était même ravi car, par beau temps, de jour comme de nuit, tant de monde fourmillait dans les rues qu'il ne pouvait sortir sans être accompagné de son manager. "Pour sa sécurité". Par temps exécrable, en revanche, Namjoon pouvait se déplacer à sa guise et même flâner.

De temps à autre, il se permettait de se déplacer à vélo plutôt qu'en voiture avec chauffeur, pour se rendre au studio, dans une tour tout aussi rutilante que la ville. Là, il passait ses journées, mais plus souvent ses nuits, à composer des morceaux de musique qui avaient fait sa renommée et son immense richesse.

Les partitions naissaient de son esprit fertile comme des étoiles éclatantes dans un ciel obscur. Il se disait parfois que l'inspiration le fuyait et qu'il n'avait plus rien à offrir au monde dans le domaine de la musique. Il se perdait alors dans des méandres de pensées noires dont ses amis avaient du mal à le sortir.

Rien, ni les marches dans les parcs de la ville ou sur les rives du fleuve Han, ni les nombreuses sorties dans les musées, ne lui apportaient le secours qu'il cherchait vainement. Il savait alors qu'il n'y avait rien d'autre à faire que de se laisser porter par le courant et de cesser de lutter.

Ce sentiment, tout lecteur compulsif le connaît également. N'avez-vous jamais ressenti ce sentiment de répugnance face à un livre alors même que vous auriez pu vous qualifier de "gros lecteur" ? N'est-il pas vrai qu'il ne sert à rien de se forcer et qu'il n'y a pas meilleur remède que de se distraire par d'autres moyens et d'attendre ? L'envie d'ouvrir un bouquin revient toujours, dans des délais plus ou moins longs.

Il en était donc de même entre Namjoon et la musique. A ceci près qu'à chaque fois qu'un épisode de ce type se présentait, il ne pouvait s'empêcher de douter de lui et de se dire "Cette fois-ci, ce n'est pas une blague. C'en est vraiment fini." Mais les notes finissaient toujours par reprendre vie sur l'écran de son ordinateur, dansant en harmonie avec les murmures de la nuit.

Ainsi, là, dans son studio, Namjoon distillait son âme dans chaque composition.

Il y avait quelque chose de presque magique dans la manière dont les mélodies prenaient forme sous ses doigts, comme si le monde lui-même avait choisi de s'exprimer à travers lui. Peut-être était-ce sa manière de s'évader de ce monde bien trop terrestre et impitoyable pour les cœurs tendres et les âmes sensibles. Car ici, dans le royaume sonore qu'il créait, il était le maître, le chef d'orchestre d'un univers d'émotions à part entière.

Certains pourraient dire qu'il était paradoxal, un jongleur entre deux mondes diamétralement opposés. D'une part, il se prenait dans les fils invisibles de la maladresse. D'autre part, il élevait, avec dextérité, des symphonies qui touchaient les cœurs, qui transcendaient les clivages et les écueils du quotidien. Une dualité qui le définissait, qui captivait ceux qui le connaissaient.