Jaehae Peak ( 재해 Peak )

Comme dans un moulin

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— Ils sont là ? cria une voix essoufflée qui émergeait d’une des deux silhouettes fantomatiques recouvertes d’immenses ponchos kaki dégoulinants.

Au premier regard, ces dernières semblaient de forme humaine, a priori des adultes, bien qu’une des deux soit plus petite et ronde. Le vent et la pluie faisaient battre leur vêtement de pluie dans un “flap flap” assourdissant.

— LA PORTE ! cria encore plus fort le gardien depuis derrière son bureau, ce qui fit sursauter les deux apparitions ainsi que Namjoon et sa petite bernique de canapé, Yoongi.

Les nouveaux arrivés fermèrent la porte poussée par le vent, tant bien que mal, et voulurent rejoindre M. Paek, qui n’avait pas daigné se lever.

— LES SABOTS ! apostropha-t-il de nouveau.

Depuis leur canapé, le dos réchauffé par le feu crépitant, Namjoon et Yoongi assistaient à la scène qui avait tout de la Commedia dell’arte. La plus grande et la plus fine des silhouettes glissait déjà d’un pas précipité vers le bureau alors que la seconde se démenait encore avec ses lacets et la capuche de son poncho qui lui tombait sur le visage.

— Nos amis ne donnent plus signe de vie depuis 24 heures. On est morts d’inquiétude, alors on a décidé de venir directement. Au centre de secours, dans la vallée, on a vu un hélicoptère décoller. On a cru que c’était pour eux ! Le capitaine nous a rassurés mais tout de suite après il a parlé d’attaque d’ours sur deux randonneurs mais qu’ils allaient bien. On nous a aussi dit qu’ils étaient ici ! déblatéra la grande silhouette sans reprendre son souffle.

Elle parlait en balançant ses bras dans des gestes désordonnés. Les gouttes de pluie, restées sur son poncho, volaient autour d’elle.

— Bonjour, répondit calmement le gardien.

— Bonjour, firent les deux silhouettes, de concert, avec une voix honteuse, de celle qu’on prend lorsqu’on est pris en flagrant délit d’impolitesse. 

— Commencez par me donner vos ponchos et vos sacs à dos. Vous en mettez partout ! Merci, dit le gardien toujours d’un ton bourru mais plus doux. Ils sont là, vos amis, ajouta-t-il en pointant du doigt Namjoon et Yoongi médusés de reconnaître les deux larrons.

Namjoon et Yoongi se raidirent dans la seconde. Face à eux, certes ce n’était plus l’ours mais bien leurs amis, Jimin et Hoseok. Toutefois, l’un comme l’autre savaient à quel point Hoseok pouvait être redoutable lorsqu’il était en colère. Or sa mine inquiète laissait place, à présent, à un regard sévère qui, petit à petit, faisait apparaître les premiers signes d’un très fort mécontentement.

Par réflexe, Namjoon observa autour de lui toutes les issues et cachettes possibles. Il s’apprêtait à fuir vers les toilettes lorsque Jimin se jeta à ses pieds.

— Hyung ! Joonie mini ! Tu vas bien ? commença-t-il par dire en examinant tour à tour ses bras et ses jambes sous toutes les coutures.

— Visiblement, trancha Hoseok toujours mécontent.

Il s’assit raide comme un piquet, les bras croisés sur la poitrine, dans le fauteuil laissé libre par le gardien, face à ses amis qui osaient à peine le regarder.

— Hobi hyung, commença Namjoon.

— HA NON ! Y a pas de Hobi hyung qui tienne. Moi, je ne respire plus depuis trois jours, et…

— Même pas vingt-quatre heures, corrigea Jimin, téméraire, assis en tailleur au pied de Namjoon.

Hoseok lui lança un regard courroucé. Jimin se blottit alors entre les jambes de Namjoon.