Jaehae Peak ( 재해 Peak )

Ombres

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TRIGGER WARNING (avertissement) : ce chapitre n'est pas destiné aux lecteurs de moins de 16 ans (contenu sexuel explicite).

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Namjoon resserra sa main gauche sur son téléphone, sorti en vue de jeter un œil à ses messages. Pour un peu, il l'aurait écrasé, tant la tension dans la voix de Yoongi ne lui disait rien qui vaille.

Yoongi avait laissé sa lampe de poche allumée derrière lui, sur son duvet, et son ombre déformée était projetée sur la toile de tente, juste devant Namjoon. La silhouette distordue se recroquevilla pour prendre la forme vague d'une boule, ou plutôt d'une de ses énormes roches arrachées au flanc des montagnes qu'ils avaient rencontrées sur leur chemin quelques heures plus tôt.

Namjoon ne savait plus bien s'il voulait vraiment entendre ce que Yoongi s'apprêtait à dire. Entrer dans l'intimité la plus douloureuse d'une personne qui venait de vous refouler ? Quel intérêt ? Qu'en ferait-il ?

— Putain, souffla Yoongi. Je ne sais même pas par où commencer... Je ne suis pas comme toi, je ne trouve pas facilement mes mots.

Quelque chose d'imperceptible remua en Namjoon. Et cette petite chose imperceptible mourait d'envie de tendre les bras à Yoongi, de le rassurer, de lui dire que tout allait bien se passer, qu'il pouvait se confier. Mais Namjoon avait bien entendu. Yoongi ne voulait pas que Namjoon se retourne vers lui.

— Bon... je suis venu ici, y a trois ans... enfin, y a 46 mois pour être précis. On s'est un peu gelés pour tout dire. C'était une fin février. Mais elle n'avait peur de rien. Je crois que ça n'a pas changé... aux dernières nouvelles, elle était dans les Andes avec les autres de son équipe... mouai, remarque tant mieux... faut pas être chochotte quand on fait de l'archéologie glaciaire...

Au pronom "elle", Namjoon frémit. Il ne comprenait plus rien. Il se demanda même s'il avait bien embrassé Yoongi, si Yoongi l'avait bien embrassé. Namjoon aimait les choses logiques, simples, sans détour. Là, rien ne paraissait clair.

— Bref... je crois que c'était la dernière fois qu'on a fait un truc tous les deux. Après, elle m'a largué comme ça, sans prévenir... Elle a pris ses cliques et ses claques.

L'ombre grotesque de Yoongi se ratatina.

— Je... fais chier... tu vas me trouver nul... idiot... c'est ce que je suis de toute manière. C'est vrai que j'avais rien vu venir. Pourtant on se disputait souvent. Elle me trouvait trop dépendant et collant, à toujours demander si ça allait, quand est-ce qu'on se verrait, si elle allait enfin emménager avec moi... elle, elle avait jamais besoin de personne... elle ne tenait pas en place... Elle déménageait tous les quatre matins... changeait de job sans arrêt... Pourtant, j'étais fou d'elle... la montagne, les treks, tout le bordel, c'est à cause d'elle, à l'origine... c'est le seul truc que j'arrivais à partager avec elle...

Namjoon aurait voulu le faire taire. C'était bien trop douloureux. Il se sentait insignifiant.

— C'est pas que j'aime pas ce que je fais maintenant... je suis plutôt bien là dedans, et fier... mais, moi, tu vois, j'aime aussi être à la maison, faire la popote, mes chats, les copains, la famille... Elle, ça lui sortait par les trous de nez... elle voulait "rester libre" comme elle disait... En disant ça, je me rends compte que je la fais passer pour un monstre... mais non, hein... elle était... elle était tout mon monde...

Les téléphones de Yoongi et Namjoon s'illuminèrent de concert. Celui de Namjoon sonna tandis que celui de Yoongi se contenta de vibrer.

De Hobi : Alors ? Vous ne donnez pas de nouvelles ! Vous voulez me faire mourir d'inquiétude 😫