Night lover(G!P)[Traduction]

Chapitre38

Aucun d'eux ne parla jusqu'à ce qu'ils atteignent la voiture. Yeji pouvait dire que quelque chose n'allait vraiment pas avec Ryujin. Elle était totalement tendue, comme une corde d'arc.

"J'aurais aimé que tu me laisses le tuer" lui dit Ryujin, alors qu'elle cherchait les clés de la voiture dans la poche de son jean.

"Ryujin-"

"Tu n'imagines pas à quel point il est difficile pour moi de le laisser partir. Je ne suis pas le genre de personne qui laisse habituellement tomber une situation comme celle-ci", a-t-elle avoué en frappant violemment le toit de la voiture avec sa paume, puis rapidement. " Bon sang, Yeji ! Il fut un temps où je me nourrissais des entrailles de gars comme ça. Et je suis passé de ça à... "

Ryujin hésita un instant alors que deux mille ans de souvenirs refoulés affluaient dans son esprit. Elle se voyait à nouveau comme la leader respectée qu'elle était. L'héroïne de Macédoine. La femme qui avait jadis amené des légions entières de Romains à se rendre à la simple apparition de sa bannière.

Et puis elle a vu ce qu'elle était devenue. Une coquille vide. Un animal de compagnie convoité, soumis à la volonté de celui qui l'a invoqué.

Pendant deux mille ans, elle avait vécu sans émotions et sans prononcer plus d'une poignée de mots. Elle avait trouvé le point précis qui lui permettait de survivre. Et elle s'était laissée emporter.

Jusqu'à ce que Yeji arrive et découvre son côté humain...

Elle observa la myriade d'émotions qui traversaient le visage de Ryujin.

Colère, confusion, horreur et enfin terrible agonie. Elle se dirigea vers l'autre côté de la voiture, là où elle se trouvait, mais Ryujin ne la laissa pas la toucher.

" Tu ne vois pas ? " lui demanda-t-elle d'un ton brusque à cause des émotions intenses " Je ne sais plus qui je suis. En Macédoine, je savais qui j'étais ; puis je suis devenue ceci", dit-elle en levant le bras pour que Yeji puisse voir les mots Priape ​​gravés dans le feu. "Et tu as tout changé" termina-t-elle en la regardant.

L'angoisse reflétée dans ses yeux déchira Yeji.

"Pourquoi as-tu dû me changer, Yeji, pourquoi ne m'as-tu pas laissé tel que j'étais ? J'avais appris, par la force de la volonté, à ne rien ressentir, je viendrais simplement dans ce monde, ferais ce qu'on me commande et Je ne voulais rien. Et maintenant..." elle regarda autour d'elle, comme une femme plongée dans un cauchemar dont elle ne peut échapper.

Yeji tendit le bras.

"Ryujin-"

Secouant la tête, elle s'écarta d'elle.

"Non!" S'exclama-t-elle en repoussant ses cheveux. "Je ne sais pas où est ma place. Tu ne comprends pas."

"Alors explique-moi ça", la supplia Yeji.

"Comment vais-je t'expliquer ce que c'est que de marcher entre deux mondes et d'être méprisé par les deux ? Je ne suis ni un humain, ni une déesse ; je suis un abominable hybride. Tu n'as aucune idée de comment j'ai grandi : ma mère m'a donné à mon père, qui m'a donné à sa femme, qui me confiait à n'importe qui à proximité pour me garder hors de sa vue. Et pendant les vingt derniers siècles, je n'ai été qu'une monnaie d'échange, quelque chose à acheter et à acheter vendu. J'ai passé toute ma vie à chercher un endroit où vivre. Je cherche quelqu'un qui m'aimerait pour qui je suis, pas pour mon visage ou mon corps. " Le tourment dans ses yeux blessa Yeji comme une brûlure.

"Je t'aime, Ryujin."

"Non, ce n'est pas le cas. Comment peux-tu m'aimer ?"

Elle resta bouche bée devant sa question.