Rosalia

06. Rosalia

By Carla Montgomery

ROSALIA
Septembre

🎵 Sofia - Clairo

A l'aide d'un coton-tige humide, je retire le trait raté de mon eyeliner. J'essuie tout doucement ma paupière gauche en essayant de ne pas enlever le fard doré que j'ai appliqué avant.

Toujours la gauche.

Je dépose le coton tige sur la tablette de ma salle de bain et reprends mon fard marron ainsi que mon pinceau biseauté.

J'applique un peu de matière sur le pinceau et retrace le trait plus finement.

Je C'est déjà mieux.

Mes traits ne sont jamais parfaitement similaires mais généralement on n'y voit que du feu.
J'attrape mon mascara dans ma large trousse rose flashy avec un petit chat.

C'est une trousse hello kitty.

Je me souviens de jours où ma mère me l'a offerte : j'avais sept ans.

Je l'avais vu dans le magasin de jouets de notre quartier et l'avais carrément suppliée de me l'acheter.

Nous étions rentrés dans le magasin et elle avait enlevé l'étiquette puis caché la trousse sous ma parka.
Nous sommes sorties du magasin à la hâte et elle m'avait dit cette phrase qui m'a marqué jusqu'à maintenant.

"Si tu es dans l'incapacité de t'offrir la chose dont tu rêves chaque nuit alors empare-en-toi et n'est aucun remords"

Un klaxon me tire de ma rêverie. Je sors de ma salle de bain et me dirige vers la fenêtre de ma chambre. La voiture de Jenna est garée devant chez moi. Elle sort de la voiture et s'adosse négligemment contre la carrosserie en sortant son portable de la poche de son trench avant de le coller à son oreille.

Au même moment, mon portable sonne et quand je reviens dans ma salle de bain, le nom de Jenna y est inscrit.

Je décroche et lui lance un rapide "j'arrive" avant de raccrocher, de me mettre une couche de mascara et de descendre les escaliers en trombe.

Quand j'arrive en bas, je tombe sur mon père qui est en train de se battre avec une perceuse et un cadre.

Il relève la tête de ses occupations quand il m'entend marcher vers lui et m'embrasse la joue que lui tend alors.

-Tu es toute jolie, j'ai entendu klaxonner dehors ça doit être la fille dont tu m'as parlé hier.

Hier soir en rentrant chez moi, j'étais plus que contente d'avoir fait des efforts concernant Jenna.
Elle m'a accompagné jusqu'à mon arrêt et m'a proposé de me faire visiter la ville le lendemain, ce à quoi j'ai répondu "oui". 

-Oui c'est elle qui m'attend, à ce soir papa ! Lui dis-je en m'emparant de mon bombeur qui était suspendu  la patère de la porte.

Il me gratifie d'un large sourire avant de replonger le nez dans son cadre.

Mon père est un fan inconditionnel du groupe de rock ACDC donc il est impossible pour lui de ne pas avoir un cadre dans le salon à leur effigie.

J'enfile mon manteau et ouvre la porte de chez moi pour rejoindre Jenna dehors.
L'air frais de septembre me frappe de plein fouet et me force à attraper les deux pans du bombeur sur moi.

Jenna relève les yeux de son portable, le range et vient à ma rencontre pour me prendre dans ses bras.

-Coucou ! Me lance-t-elle joyeusement

Je me crispe sous son étreinte, peu habitué à recevoir de l'affection si gratuitement.
Elle ressent ma crispation et relâche sa prise sur moi avant de se reculer un peu sans se départir de son sourire.