Rosalia

13. Rosalia

By Carla Montgomery

ROSALIA
Septembre

"Je suis née du mauvais côté de la barrière, dans la mauvaise famille mais j'aspire à être meilleure"

-Mais puisque je te dis que ce n'est pas droit ! M'exclamais-je

Mon père se pince l'arrête du nez et peste contre moi avant de reculer de quelques pas pour regarder l'étagère.

Il s'est mis en tête de construire une petite étagère dans notre salon pour y placer mon trophée.

Il y a cinq jours je suis rentrée de Nashville avec un trophée que les autres m'ont gentiment laissé et plusieurs mails d'Université qui sont intéressés par mon profil.

Je n'ai pas reçu de mail du MIT, l'université de mes rêves, mais je ne peux pas tout avoir.

-Tu as raison, ce n'est pas droit. Admet mon père.

Un sourire suffisant se greffe sur mon visage mais je m'abstiens de lui dire que j'ai toujours raison.

Un bruit de klaxon nous fait sursauter et mon père peste en disant que cette gosse "n'a jamais appris à toquer"

Jenna.

-Il faut que j'y aille papa, à ce soir. Lui dis-je après avoir enfilé mes chaussures, mon bomber noir et saisis mes clés.

Je pars vers la porte mais me ravise pour venir claquer un baiser sur la joue de mon père et lui fait un léger sourire, n'arrivant plus à lui dire un simple "je t'aime".

Je t'aime.

C'est bête, mais ce simple mot est infranchissable dans ma bouche. Je l'ai déjà dit et me suis fait rejeter par la personne qui était censée m'aimer le plus sur cette terre.

-Rosalia attends ! Cris mon père alors que je dévale les quelques marches du péron. Ta mère n'arrête pas de m'appeler en me disant que tu ne réponds pas à ses mails, tu pourras lui répondre ? C'est quand même ta mère.

Je me fige quelques secondes avant de reprendre contenance et d'acquiescer juste pour qu'il me lâche, avant de rejoindre Jenna et les autres qui m'attendent dans la voiture.

Je ne vais pas répondre. Plus jamais.

Il y a des choses qu'elle m'a faites et que je ne t'ai pas dit mais tu sais à quel point elle est dangereuse et tu refuses encore souvent de le voir.

Mon père a toujours été comme ça, protégeant sa fille une fois sur dix, la laissant les neuf fois suivantes toute seule.

Il a toujours choisi la facilité, confronté ma mère pour sauver sa conscience mais me laissé avec elle quand même.

Je choisis d'ignorer les messages que ma mère m'envoie chaque jour, je les lis tous mais ne réponds pas. 

Malgré le fait qu'elle m'a fait vivre un enfer, elle me manque.

Ma maman me manque.

Mais je sais que si je lui réponds,  si je ne coupe pas les ponts avec elle, je ne pourrais jamais me reconstruire, parce qu'Alexandra est une femme toxique.

C'est paradoxal parce qu'à la fois, j'aurais voulu que mon père m'éloigne de ma mère avant cette année mais maintenant que je suis loin d'elle, elle me manque affreusement.

Ne plus lui parler est la chose la plus raisonnable mais également la plus dure que j'ai à faire.

Je grimpe dans la voiture et salue tout le monde mais je ne peux m'empêcher de penser à toutes les horreurs que ma mère m'a fait subir et que j'ai passé sous silence.