Chapitre 4

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Il a l'air un peu perdu, comme si lui-même ne savait pas trop ce qu'il faisait ici. Je sens mes joues me brûler et un léger frisson me traverse le corps. Je secoue la tête, me racle la gorge et lui souhaite la bienvenue. Il se tourne lorsqu'il entend ma voix et plante son regard dans le mien. Il s'avance sans cesser de me fixer, s'arrêtant devant la caisse derrière laquelle je me tiens, pantelante. Je peux voir à présent la couleur envoûtante de ses yeux noisettes, la forme des tâches de rousseurs qui constellent son visage et de petites gouttes d'eau tomber de ses magnifiques boucles rousses. Je remarque qu'il porte un costume gris anthracite sous son manteau et je remercie les dieux d'avoir créé le costard. J'ai toujours trouvé ça extrêmement sexy, d'autant plus lorsqu'un homme séduisant le porte.  Je le scrute, immobile. Mon corps a perdu la faculté de se mouvoir, mon cerveau ne répond plus. Je n'ai jamais vraiment eu un type d'homme, mais honnêtement, il est l'incarnation parfaite du mec idéal. J'attrape machinalement une mèche de mes cheveux pour jouer avec, nerveuse à l'idée de ce qui m'attend. Vic se racle la gorge en me faisant les gros yeux et je me ressaisis soudain. Je lâche la mèche entortillée autour de mon doigt et tente de parler sans bafouiller.

- Puis-je faire quelque chose pour vous monsieur ? je demande poliment à cet homme sublime qui me fait perdre toute lucidité.

Ma voix est aiguë, bien plus que d'habitude. Je maudis mon corps de me trahir ainsi et de montrer ma nervosité. Je baisse les yeux vers le comptoir, essayant de limiter mon observation approfondie de cet inconnu que je vais devoir demander en rencard, malheureusement... ou pas, ce défi n'était finalement peut-être pas une si mauvaise idée. Il cesse alors de me regarder et se met à rougir légèrement lui aussi. Il examine rapidement la carte et j'en profite pour continuer mon inspection. Avec ses cheveux mi-longs et sa barbe on dirait un viking, ça ne devrait pas être permis d'être aussi attirant. Ça fait bien longtemps que je n'avais pas ressenti cela, mais la poussée d'adrénaline que ça me procure est grisante.

- Je prendrai deux cafés à emporter s'il vous plaît. Un espresso et un de vos cafés spécial plein de sucre et d'épices de Noël. Mes amis ont vraiment des goûts bizarres, il ajoute en fronçant les sourcils.

Sa voix, oh doux jésus sa voix. Un frisson parcourt mon corps. Il a un timbre grave et doux, je laisse mon cerveau vagabonder et imaginer ce que ça donnerait si d'autres mots bien moins innocents sortaient de sa bouche.

- Un café au pain d'épice et un espresso c'est parti, je réponds en pouffant

Je me retourne pour mettre en route la machine à café et sens les regards de mes deux collègues brûlants sur ma nuque. Je tente de ne pas m'en préoccuper, car je redoute de perdre totalement contenance si je le fais. Je suis en ébullition, des idées tournant à mille à l'heure dans mon esprit. J'analyse rapidement les risques de lui demander de se revoir, l'envie folle que j'ai de le faire, et surtout le bonheur que ce serait de clouer le bec à mes amis. Une idée merveilleuse me vient alors en tête et je me mets au travail. Je finis de préparer ses boissons, l'encaisse finalement, puis, avec une expiration bruyante, le laisse partir avec ses deux cafés. Une fois le bel homme sorti du bâtiment, mes deux comparses reviennent en me lançant des remontrances plutôt violentes.

- Pourquoi tu l'as laissé partir comme ça ? T'as pas respecté ta part du marché... Tu peux toujours courir pour que j'arrête de me mêler de ta vie sentimentale. Oh et notre deal alors ? T'es vraiment qu'une lâche. Tu fais ta maligne devant nous mais dès que tu vois un beau mec ton cerveau fond et plus rien ne fonctionne.

J'écoute la fille de mon patron déblatérer en souriant. Victoria a beau bien me connaître, elle a tendance à me sous-estimer. Je sais que je ne suis habituellement pas douée avec les hommes mais je suis une fonceuse, et quand j'ai une idée en tête, rien ne peut m'arrêter. Et puis bon, il faudrait être totalement écervelé pour laisser un homme comme ça s'échapper sans rien faire.  Je suis plutôt fière de moi : je crois que j'ai bien réussi mon coup.

- C'est quoi ce sourire fier sur ton visage hein ? T'es heureuse de nous compliquer la tâche ? me demande Victoria qui est vraiment très mignonne quand elle se met en colère.

Nick m'observe depuis un moment, perplexe.

- Bon ok, ok, j'abrège vos souffrances... Je vous jure que pour le coup je suis contente d'avoir passé ce deal avec vous. Il faut dire que Monsieur était plutôt séduisant, je leur dis alors en levant les mains devant moi, en signe de reddition.

- MAIS ALORS POURQUOI TU NE LUI AS RIEN DIT À PART LE PRIX DE SON CAFÉ ?

Victoria se met à hurler dans le café comme une dingue. Plusieurs clients se tournent vers nous et nous regardent, circonspects. Nick lui met la main sur la bouche en la traitant de folle et j'éclate de rire. Je m'excuse auprès des clients et prétexte que ma collègue est tendue et fatiguée.  Je prends mes collègues dans mes bras, tout sourire, et leur chuchote à l'oreille :

- J'ai écrit mon numéro de téléphone sur son gobelet...

This Christmas ScentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant