Chapitre 12

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— Allo ?

— Raboule tes fesses immédiatement, chuchote Victoria de l'autre côté de la ligne.

— Mais, mais, quoi ? Je commence que dans une heure. J'avais prévu d'aller faire quelques courses avant de venir.

— Hé bien changement de programme ma belle. Et marche plus vite !

Vic raccroche et je m'arrête sur le trottoir, totalement décontenancée. Je ne sais pas ce qui lui prend. Je décide de faire demi-tour et tourne à la prochaine intersection pour rejoindre le café. J'aime faire mes courses le matin avant d'aller au travail quand c'est possible car il y a nettement moins de monde. Et puis c'est beaucoup plus simple de faire les courses seule qu'accompagnée d'un lutin de cinq ans qui veut acheter tous les biscuits de la terre. Je marche d'un pas rapide, intriguée et un peu effrayée à l'idée de ce qui m'attend là-bas. J'arrive, essoufflée, au bout d'une dizaine de minutes, devant la vitrine de mon travail. Je jette un coup d'oeil par la grande baie vitrée, essayant d'apercevoir Vic pour voir si tout va bien. Je vois mes deux collègues en train de travailler et de rire, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. J'espère pour elle qu'elle avait une très bonne raison de me trainer jusqu'ici.

— Bon madame la drama queen, on peut savoir ce qui vous passe par la tête aujourd'hui ?

Victoria et Nick tournent la tête vers moi d'un seul mouvement. Vic me fait les gros yeux pendant que Nick montre quelque chose du doigt derrière moi. Je fronce les sourcils, encore plus perplexe qu'avant et me retourne alors pour comprendre ce qui se passe. De façon peu discrète et très directe je me tourne pour enfin trouver un sens à toute cette histoire. Mes yeux se verrouillent alors sur des boucles rousses qui hantent mes pensées ces derniers temps. Je me détourne vivement et mon visage bouche bée passe de Victoria à Nick qui m'observent avec un sourire. Je comprends mieux l'urgence dans la voix de ma collègue lorsque j'ai répondu au téléphone, quelle fourbe.

— Voilà ton café ma chérie, je t'amène un cinnamon roll directement à table? me demande-t-elle avec une voix mielleuse.

J'attrape la tasse qu'elle me tend comme un robot et hoche la tête de droite à gauche, mon cerveau refusant de formuler des pensées claires. Je me dirige vers la salle à la recherche d'une table libre, refusant de tomber dans le piège de ma meilleure amie.

— Hé Hazel ! Salut.

— Oh, salut Adam. Je ne m'attendais pas à te voir ici.

— Viens seulement t'asseoir avec moi, j'ai encore une quinzaine de minutes avant de devoir retourner à l'université.

Ma piètre tentative d'esquive s'avère donc ratée. Je m'assois face à lui en posant ma tasse.

— Tu viens souvent ? Je veux dire, ici ?

— Hé bien, je ne connaissais pas ce café avant il y a peu. Mais j'avoue qu'il est assez près du campus et en plus vous faites de bons cafés donc j'ai décidé de venir plus souvent.

— Ah cool.

Je me gifle intérieurement de répondre de façon si détachée. Mais je n'y peux rien, dès que je suis en présence d'Adam je perds tous mes moyens. J'avais déjà prévenu mes amis, je suis une véritable catastrophe en présence d'hommes. D'autant plus lorsqu'ils sont aussi sexy, séduisant et alléchant que lui.

— Quand en plus, on peut joindre l'utile à l'agréable,. dit-il avec un sourire en coin avant de porter la tasse à ses lèvres.

Je glousse. Oui, je glousse comme une gamine. Je m'assène une deuxième claque intérieure pour cette réaction immature et essaie d'analyser ce qu'il vient de dire. Parlait-il du café ou d'autre chose ? J'essaie de ne pas m'emballer et décide à mon tour de prendre une gorgée pour reprendre contenance. Comme apparemment le gloussement n'était pas suffisant pour me ridiculiser, je me renverse de la crème dessus en essayant de boire. Je ne sais pas ce que j'ai fait dans une autre vie pour mériter ça, mais on dirait bien que j'ai un mauvais karma. Je marmonne des excuses en cherchant un mouchoir dans mon sac pour essuyer ma dignité qui dégouline le long de mon menton. Mon cœur s'arrête de battre lorsque je sens une main chaude se poser sur mon visage. Adam m'observe, son regard transperçant mon corps. Son pouce glisse le long de mon menton en effleurant ma bouche. Mes lèvres s'entrouvrent à ce contact, avides de le prolonger. Nous nous figeons, l'un et l'autre, comme si le temps s'était arrêté autour de nous. Le sang bat jusque dans mes oreilles, réchauffant tout mon visage. Mon ventre se crispe et mes mains deviennent moites. Un frisson me parcoure le corps, me mettant dans un état second. Je suis glacée, gelée comme un bonhomme de neige, comme Elsa dans la reine des neiges, incapable du moindre mouvement. Même respirer devient un effort, mon souffle est irrégulier et je peine à le calmer.

— Désolé, tu avais de la mousse partout. me dit calmement Adam en s'essuyant la main sur une serviette.

Le moment est passé, comme si la bulle qui nous entourait s'était brisée dès que ses doigts avaient quitté ma peau. Je détourne les yeux, rouge comme le bonnet du Père-Noël et m'empresse de m'essuyer le visage avec la serviette qu'il me tend. Ma langue est bloquée et je peine à retrouver un fil de pensée clair, sans l'image de ses mains sur mon corps.

— Et... heum... C'est toujours bon pour toi demain ? je lui demande pour tenter de reprendre mes esprits.

— Oui bien-sûr, j''ai hâte d'y être.

Je l'observe avec surprise. Sincèrement étonnée de sa réponse. Lui-même semble décontenancé et rajoute rapidement :

— Oh heu, j'adore la nature alors je me réjouis de me retrouver entouré de sapins et de leur douce odeur.

— On dirait qu'il y en a un qui commence déjà à perdre son pari. Je dois dire que je m'attendais à gagner mais pas si facilement.

Nous rions tous les deux et papotons encore quelques instant d'arbres, de forêt et de la délicieuse odeur des sapins. Je suis ravie de l'avoir bien cerné et d'avoir choisi cette activité pour commencer. Je suis curieuse de voir comment la sortie va se dérouler. Adam termine son café et se rhabille pour retourner au travail. J'observe du coin de l'œil son corps qui a l'air si athlétique en me demandant bien ce qu'il fait pour l'entretenir. La troisième baffe intérieure arrive lorsque je me mets à penser aux choses peu catholiques qu'il pourrait faire pour entretenir sa forme. Je lui souris lorsqu'il se lève et lui souhaite une belle journée.

— Merci pour la compagnie, c'était sympa de te revoir. A demain alors.

— ÀA demain Adam. J'espère que tu es prêt à perdre.

— Dans tes rêves Hazel. lance-t-il avec un clin d'œil.

Ce qui est sûr, c'est qu'il sera bien dans mes rêves cette nuit. Aucun doute là-dessus.

This Christmas ScentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant