2. Matthew

88 14 44
                                    





Livia





Sa paume est chaude quand elle entre en contact avec la mienne, mais ce n'est pas pour autant que j'apprécie ce contact. Je retire ma main quelques instants plus tard, tout en tirant une nouvelle fois sur ma cigarette.

C'est donc lui, mon nouveau fournisseur ? Il est sûrement venu me parler en sachant qui je suis. Du moins, c'est ce que je m'imagine.

Kol s'accoude à la balustrade à coté de moi et observe la mer silencieusement, l'air nonchalant.

-Je suppose que vous ne fumez pas ? dis-je pour combler le silence pesant qui est en train de s'installer.

-Plus, rectifie-t-il.

Je vois. C'est lui qui vient m'accoster, et c'est moi qui ai le mérite de recevoir des réponses froides et détachées, les rôles se sont-ils échangés aussi rapidement que ça ?

J'écrase finalement ma cigarette entre nous deux avant de me mettre face à la mer moi aussi.

Le bruit des vagues qui s'écrasent contre la coque du bateaux est la seule distraction que nous avons pour combler le silence, en rien gênant d'ailleurs. Et l'odeur de la mer emportée par le vent vient chatouiller mes narines. Ce calme me fait un bien fou, si l'on ne compte pas la cigarette que je viens d'inhaler juste avant, bien sûr.

-C'est donc vous, mon nouveau fournisseur... finis-je par dire dans un murmure.

-En personne. Pas trop déçue ? Répond-t-il en me lançant un regard furtif.

Déçue de quoi au juste ? Je n'ai encore rien vu de lui.

-Devrais-je l'être ? le défiais-je alors.

-Je ne pense pas.

Et c'est tout ce qu'il me répond. Si j'ignorais le sourire satisfait qu'il affiche, je pourrais dire que notre échange ne lui fait ni chaud ne froid, mais le rictus est bien là, alors je ne dis rien.

-Nous devrions nous rendre à la réunion, lâche-t-il finalement avant de se diriger vers les escaliers.

Pour toute réponse, je hoche la tête et le suis, faisant du bruit avec mes talons. S'il n'était pas sûr que je le suive, maintenant, il en a la certitude.

Nous descendons alors les petits escaliers, l'un derrière l'autre, avant de nous diriger vers la salle de réunion, à seulement quelques pas de nous.

  Si nous sommes tous là ce soir, c'est pour remettre de l'ordre au niveau des livraisons, des montant sur les comptes en banques, des nouveaux arrivants et des exportations à venir. Ces réunions là sont cruciales, tout le monde en est parfaitement conscient.

Voyant d'ailleurs que personne ne rode dans les parages, je me doute que nous sommes en retard, encore, ce qui me fait presser le pas. Je sais qu'ils ne commenceront pas sans nous, mais pour ce genre de choses, j'aime arriver à l'heure. Ironique n'est-ce pas ?

Quand nous arrivons enfin devant la porte, d'ailleurs fermée, je baisse la poignée sans hésiter et m'infiltre à l'intérieur de la pièce, suivie de près par Kol.

-Je vois que vous avez déjà fait connaissance, lâche quelqu'un dans mon dos lorsque j'avance dans les rangs.

Ni Kol, ni moi de répondons, causant des chuchotements qui emplissent rapidement la pièce.

𝐋𝐮𝐜𝐞 𝐌𝐢𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant