12. Canapé

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Kol






  Bien évidemment, je n'arrive pas à dormir. Je ne sais pas ce qui m'a pris de laisser la chambre à Livia, j'aurais du la forcer, quitte à la porter pour la virer de ma chambre. Elle n'est pas chez elle, et elle n'a clairement pas l'air de le comprendre.

  Les pensées embrumées par la fatigue causée par mon insomnie, je regarde silencieusement les buildings éclairés de ma fenêtre. D'ici, le monde paraît calme et emplie de sérénité, ce qui n'est pas vraiment le cas quand on sort dans la rue en pleine journée. La nuit a un pouvoir remarquable sur moi, elle m'apaise, me réconforte.

  Comme si elle m'apportait une seconde vie en parallèle de la mienne. Je sais que ça peut paraître étrange, mais la nuit à un côté doux et tendre malgré toutes les horreurs qu'elle peut cacher.

  Mais derrière tout ça, derrière ce petit moment de calme, se cache l'enfer de la journée. C'est à ce moment là que je replace le masque de l'insignifiance sur mon visage, et que je reprends mon rôle au sein de la mafia. Même si c'est moi qui ai choisi cette vie, certaines fois, je le regrette. Mais personne ne le sait, évidemment.

  Que dirait-on de moi si je hurlais au monde entier que la vie que je mène ne me plait pas ? Que dirait-on si je disais que non, l'argent et le pouvoir ne font pas forcément le bonheur ?

  Je suis pratiquement certain que l'on me rirait au nez, que l'on me dirait que je ne suis jamais content de ce que j'ai. Mais après tout, puis-je leur en vouloir ?

  J'aurai été le premier à vouloir vivre de richesse et de puissance, quitte à sacrifier ma vie d'avant. Et c'est d'ailleurs ce que j'ai fait.

  Quand j'estime avoir enfin assez réfléchis pour cette nuit, je m'écarte de la baie-vitrée et me dirige vers la cuisine. Je me sers un vers d'eau, que je bois d'une traite avant de reposer l'objet dans l'évier. Je le rangerais demain.

  Puis après ça, je retourne dans le salon d'un pas traînant, sachant pertinemment que je n'arriverai toujours pas à m'endormir. J'ai essayé pendant trois heures au moins, et ça n'a rien donné. Alors ce n'est sûrement pas maintenant que mes efforts vont aboutir à quelque chose.

Quand je m'assois finalement sur le canapé en tissus noir, mes yeux s'accrochent à la boîte à cigares posée sur la bibliothèque. Ce sont ceux de mon père, ceux qu'il m'a légués car je cite : "je ne les fumerais sûrement jamais, autant les donner à quelqu'un qui le fera".

Mais à vrai dire, je ne les fumerai jamais non plus. La nicotine a bien trop détruit ma vie par le passé pour que je puisse replonger la tête la première dedans. Tout ça, ce n'est définitivement plus pour moi.

Je suis sortie de mes pensées par un bruit sourd qui retentit derrière moi, peut-être Livia est-elle tombée du lit ? pensais-je, ironique.

Mais quand j'entends une porte claquer et des pas s'approcher, je comprends que quelque chose ne va pas. Livia ne serait pas sortie de la chambre s'il n'y avait pas de raison valable. Ça, je l'ai bien compris. Elle tient bien trop à dormir dans un lit pour ça.

Je vois alors la lumière d'un téléphone s'allumer dans le couloir, me laissant légèrement apercevoir le visage pâle de Livia, encadrer par ses longs cheveux blonds. Elle relève finalement la tête et semble se demander de quel côté aller, quand elle finit par se diriger vers moi. Bordel, elle va voir que je ne dors pas non plus.

Mais je suis pris au dépourvu quand je la vois partir vers la cuisine, ne me laissant aucune chance de voir ce qu'elle fait sans apparaître sous ses yeux. Alors j'ouvre grand mes oreilles et suis attentif au moindre bruit, quand j'entends une boîte tomber par terre.

Un silence s'ensuit, j'imagine qu'elle est en train de se baisser pour la ramasser, puis un bruit semblable à de l'aluminium s'élève dans les airs, je comprends toute de suite ce qu'elle est en train de faire : elle est en train de prendre des cachets.

Livia prend des putain de médocs.

  Et c'est l'élément qui me suffit à me convaincre de me lever précipitamment et à me ruer vers la cuisine. Je veux savoir ce qu'elle prend, c'est plus fort que moi, j'ai une curiosité bien trop élevée pour être normale et anodine.

-Kol ? sursaute-t-elle quand j'entre dans la pièce.

Je ne réponds rien mais m'avance près d'elle avant d'attraper la boîte de médicaments. La faible lumière de son téléphone me suffit à déchiffrer les inscriptions écrites dessus.

Somnifère. Insomnie.

Ce sont les deux seuls mots écrit en gras sur l'emballage. Mais je n'ai pas le temps d'en lire plus que Livia m'arrache la boîte des mains, d'un geste furtif et emplit de rage.

-Tu seras gentil de ne pas toucher à mes affaires, tonne-t-elle d'une voix ferme.

-Et toi, tu seras gentille de ne pas me réveiller en pleine nuit pour tes saletés de conneries !

Et merde. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Vraiment pas ce que je voulais dire. Mais c'est trop tard, elle est déjà partie. Et je me retrouve de nouveau seul comme un con, à me demander pourquoi j'ai dit ça.

Pourtant, il n'en faut pas plus à mon cerveau pour dicter à mon corps de la rattraper à travers l'appartement, et lui demander pardon. Mais que se passe-t-il avec moi en ce moment ? Jamais je n'aurais fait ça il y a à peine deux semaines.

-Attends, dis-je en attrapant son poignet avec précaution, ne voulant pas lui faire mal, en plus de l'avoir blesser avec mes propos.

Mais elle me rejette avec force, me procurant une sensation étrange, avant de me lâcher quelques mots glacials.

-Ne t'inquiètes pas Kol, nous sommes sur la même longueur d'onde. Nous sommes forcés de travailler ensemble, et ça nous emmerde tous les deux, mais putain, ce serait trop te demander de me foutre la paix ?!

Et voilà, la phrase qu'il ne fallait pas qu'elle dise. La phrase qui me procure l'envie de lui dire ses quatre vérités une bonne fois pour toutes, mais évidemment, je ne le ferais pas.

-Retourne te coucher.

Ses yeux s'écarquillent à l'instant où je prononce ces mots, me faisant comprendre mon erreur.

-Ne me donne plus jamais d'ordre Kol. Je te l'ai déjà dit, je ne suis pas l'une de tes groupies sans caractère.

Et elle retourne d'un pas rageur vers la chambre, me laissant le canapé pour la deuxième fois.





☕️

Coucouuuuu comment allez-vous ??

Bon... je sais je poste de moins en moins souvent mais je suis sur un projet qui me demande du temps en plus de celui que je consacre pour Luce Mia. Soooo j'espère que vous ne m'en voulez pas trop.

Sinon, qu'avez-vous pensé de cette altercation entre Kol et Liv ? Et des pensées qui font irruptions dans la tête de notre chouchou ? 🪽

Aller, je vous laisse cogiter 🫠




A presto... 🕰️

𝐋𝐮𝐜𝐞 𝐌𝐢𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant