8.2🦇Pervenches

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« C'est toujours aussi magnifique. »

Je n'ai pas revu Mav depuis deux jours après sa visite, ses mots gravitant toujours autour de moi.

Mais je ne peux pas rester ivre d'hibiscus à regarder Orgueil et Préjugé sur ma tablette alors qu'une enquête m'attend.

Nous avons profité de la grisaille et de la pluie pour pénétrer en plein jour dans la forêt entre Burlington et Mapplewood. Le doyen Waverly a décidé de m'accompagner, le dossier du rapport de la police surnaturelle sous le bras.

Il ne reste que des morceaux de rubans jaunes accrochés à quelques troncs pour encercler la scène de crime. Si le crime a bien eu lieu ici.

Je hoche la tête pour approuver en observant les arbres se parant des belles couleurs de ce début d'automne. Le sol est couvert d'une fine couche de feuilles mortes et humides à cause de la courte averse de tout à l'heure.

Et c'est devant l'érable de sucre aux feuilles couleur sang que le corps de Gustave Williams a été enterré.

Il ne reste presque plus de trace de cet acte, tout a été remué par la police surnaturelle et ce n'est que la base de l'arbre ayant pris une couleur sombre qui confirme l'emplacement.

Je m'accroupis et pose la paume sur l'arbre, mes sens de vamphex à l'affut alors que le centaure ouvre le dossier et commence à réciter ce qui a été relevé par la police.

Rien d'intriguant, sauf...

— Tyler Damon n'a pas réagi « normalement » ?

— C'est ce qui est noté. L'un de ses camarades présents lors de la découverte du corps l'a décrit comme tel : « Tyler s'est mis à renifler fort, il a gratté profondément la terre alors qu'une odeur putride envahissait nos narines. Lorsqu'il a vu le visage couvert de verre de terre, en pleine décomposition, il a murmuré « C'est Gus ». On a appelé la police, mais Ty restait stoïque ».

— Comme s'il s'y était attendu.

— Je ne pense pas qu'un élève comme lui soit coupable. Honnêtement. Je mettrais sa réaction sur une retenue naturelle. Ou le choc. Crois-moi, monsieur Damon aurait trop à perdre. C'est lui qui a la charge de réguler les pulsions sauvages de sa fraternité lors des phases de pleines lunes et depuis qu'il est étudiant, il n'y a eu que des incidents mineurs. Sans qu'il ne soit directement impliqué.

— Et par amour ?

Je me redresse et commence à faire le tour de l'arbre.

— S'il agissait par amour pour quelqu'un, ça vaudrait le coup non ? L'amour rend dingues toutes les créatures fantastiques. Ça a été scientifiquement prouvé.

— Tu y crois sincèrement, Sinclair ? Que l'amour nous rend bien plus fous que les humains ?

— Si j'étais amoureux comme il y a quatre siècles et qu'elle me demandait de tuer, pour sa survie, tous les habitants du campus, je ne pourrais pas répondre immédiatement. Ça mériterait réflexion. C'est pour cela que les Heathcliff sont convaincus de l'innocence d'Esmée. C'est une honte qu'elle ait été avec un humain, mais, même si au début c'était une histoire de sang, elle était sincèrement amoureuse.

— Ils avaient rompu, mais l'amour reste toujours profondément ancré à nos cœurs, n'est-ce pas ?

Je n'ai pas besoin de confirmer lorsqu'une découverte peut être anodine m'interpelle.

— Je viens de remarquer qu'il y avait beaucoup de fleurs dans le coin. Tu t'y connais ?

— Hm. Ce sont des petites pervenches. C'est assez commun qu'elles poussent en tas. Pourquoi ?

Always yours, the Witch  [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant