— Qu'est-ce que tu écoutes ?
— Un chanteur français, Francis Cabrel. Ça te dit quelque chose ?
Je jette un œil à la page Spotify que Waverly me montre, où un homme à moustache nommé « Francis Cabrel » apparaît sur plusieurs couvertures d'album. Il semble n'y avoir que des chansons d'amour, ce qui est étonnant venant de lui.
— Un cœur tendre ?
— Plutôt nostalgique. Je ne parle pas français, mais les traductions me font penser que ça pourrait te plaire, toi le vamphex mélancolique. J'espère tout de même que ta réussite te procure un peu de bonheur.
Nous observons Nathaniel Olsen, menotté et bâillonné, être emmené par des officiers de la police surnaturelle.
Ça me tue, mais grâce à Edgar qui a prévenu Waverly façon harceleur à répéter en boucle mon prénom, nous avons été retrouvés à temps. Nous étions cachés dans la cave d'une vieille maison, perdue dans la forêt entre Burlington et le campus de Mapplewood. Assez éloignée du lieu où le corps de Gus a été découvert, mais suffisamment isolée pour rester invisible. Un refuge idéal pour un assassin.
Mon regard se pose sur Maverick, assise sur un tronc d'arbre, tenant une poche de glace d'une main et gesticulant de l'autre pour expliquer comment Olsen nous a « traités ».
— C'est terminé, soupire Waverly. Enfin presque... Si j'avais su... Je me sens si coupable pour tous ces étudiants disparus auxquels nous n'avons pas pensé.
— Tu n'as pas à t'en vouloir. Qui aurait pu imaginer que la dernière victime d'Olsen était son complice ? Après tout, personne n'est entièrement bon ou mauvais. Gustave a dû voir en Nathaniel un substitut à une figure familiale. Il lui était dévoué, et quatre siècles d'existence suffisent pour comprendre qu'on peut tout faire par amour. Même ce qui est moralement répréhensible.
— À ce point ? Je ne pense pas être capable d'aimer assez pour couvrir un meurtre. Et toi, je suis sûr que tu serais le premier à dénoncer ta moitié, par amour pour la justice !
C'est littéralement ce que j'ai fait il y a quatre siècles.
Je tourne lentement la tête vers lui et le fixe intensément, ce qui le rend visiblement mal à l'aise avant qu'il ne rie nerveusement et agite sa main.
— Tes yeux revolver sont intimidants, Sinclair ! Me suis-je trompé ? Serais-tu prêt à tout par amour ?
— Est-ce que tu aurais une cigarette pour moi s'il te plait ?
— Tu... veux recommencer à fumer ? À cause d'Olsen ? Désolé, je n'ai rien sur moi.
— Hm.
Je croise le regard fatigué de Maverick qui repousse ses mèches blondes de son visage et reprend son histoire. Mon corbeau se pose sur mon épaule et commence à picorer mes cheveux pour attirer mon attention, croassant des vers d'Edgar Allan Poe :
— « Plus jamais ! Plus jamais ! Plus jamais ! »
— Incroyable qu'un familier de vampire puisse être si intelligent pour communiquer ! s'exclame Waverly avant d'être interpellé par un officier.
— Edgar.
— Blaaaake.
— Penses-tu que je serais capable de dénoncer à nouveau quelqu'un pour des actes moralement discutables ?
— « Je n'ai jamais été vraiment fou, sauf lorsque mon cœur était touché. »
Je caresse machinalement la tête de l'oiseau, le regard perdu, tandis qu'il roucoule de plaisir sous mes doigts.
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Always yours, the Witch [TOME 1]
ParanormalMaudit au XVIIe siècle, Blake Sinclair est devenu un vamphex, une créature rare méprisée par les vampires et incomprise des humains. Des siècles plus tard, il se retrouve chargé de résoudre un meurtre sur le campus d'une université magique afin de p...