mots perdus

En retard

Ce matin je suis arrivée en retard à un rendez vous.
J'étais enfermée dans la lenteur de mes pas qui me reposaient secrètement, accompagnée d'une berceuse et d'une cigarette faiblement roulée.
J'étais conquise par le réconfort de la fumée que rejetait mes lèvres.
Il faisait encore nuit, et ce que j'écrivais sur mon téléphone me semblait illisible, mais apparemment, mes doigts savent lire.
La lune, cachée par les nuages, éclairait encore la rue dans laquelle je marchai étroitement, si lentement, et quelques étoiles se démarquaient de celles dont la lumière s'éclipsait.
On aurait dit que le ciel broyait du noir, je le remarquai à travers l'effroi des passants qui levaient la tête, mais peut être ont-ils peur des nuages.
Ce que je préférai dans ma périlleuse épopée matinale, c'était le rouge que laissait mes lèvres sur le filtre, me rappellant que mes adn sont partout où je les oublie.
De temps en temps, je regardai ma tenue de haut, j'en ai conclu que mes chaussures n'allait pas avec mon jean, ni mon écharpe, que je remercie d'ailleurs de tous ces rhumes évités.
Parfois je me faisais frissonner, mes mains contre mon ventre qui ne demandai qu'à rester au chaud.
Je me surpris à écrire des phrases qui dépassaient mon écran, des phrases qui ne semblaient pas exister. 
Ce n'était pourtant pas compliqué, hier soir, d'écrire quelque mots sur ma peau, sans dépasser.
Je me découvrais une solitude dont je n'avais pas réalisée la nécessité.
L'air de la rue me rappelait que je ne suis plus en vacances, que dans trois heures, je serai assise à une table écoutant des dizaines d'exposés.
Tout ça pour finir la journée et me dire
« Qu'est ce que je suis bavarde dans mes pensées ».
Tout ce voyage onirique me ramènera finalement à la réalité lorsque je franchirais la porte de ce grand bâtiment, m'installera dans la salle d'attente, et rassemblera des bribes des mots que je connais.