Chapitre 21 • Embuscade

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Après plus d'une heure et demie à faire le tour des restos, je me dis que j'aurais mieux fait de ne pas sous-estimer le Fish&Ships. L'entièreté des menus de cette île ne semblent avoir jamais entendu parler d'une simple salade de crudités. Il faut absolument qu'ils rajoutent du poisson à tout va : salade de tomates au poisson grillé, salade tropicale aux crevettes marinées, salade quatre saisons aux délices de la mer, et j'en passe. Puis, avec Azalée qui change brusquement d'envie tous les quarts de seconde, ce n'est pas gagné ; le temps quelle tranche entre mexicain et asiatique, la porte du resto est déjà fermée.

En conclusion, il ne reste plus que la supérette d'Oasis River pour trouver de quoi se ravitailler.

Difficile d'imaginer qu'on en viendrait à se partager un spam musubi au tofu bon marché devant le bassin des tortues de mer.

Hélas, ainsi va la vie.

Cette compagnie n'est pas des plus désagréables, après tout.

— Donc si je comprends bien...

La feuille d'algue se colle à mon palais lorsque j'avale une bouchée.

— Tu es au bout du rouleau parce que tu as contraint un mec à te faire du bouche-à-bouche, après t'être noyée à la sortie surf à laquelle il t'a lui-même invitée. Invitation, que tu as d'ailleurs acceptée dans le seul et unique but d'obtenir des infos sur lui afin de résoudre l'enquête que vous vous êtes fixé, à savoir ; découvrir le secret derrière son mutisme ? Problématique, soit dit en passant, dont vous n'avez aucune source en premier lieu.

C'est juste moi où ça sonne totalement ridicule quand c'est elle qui le dit ?

Un soupir de désespoir me consume.

— Aaah les jeunes... s'émeut-elle.

— T'es pas si vieille que ça, je te signale.

— Peut-être, mais quand j'écoute tes histoires, j'ai l'impression de prendre 40 balais dans la tronche.

Est-ce censé me remonter le moral ?

Je la regarde engloutir son dernier grain de riz avant de se frotter les doigts pour décoller les miettes. Le tout sous le regard glouton de deux tortues de mer qui ne semblent pas avoir eu assez de leur propre déjeuner.

— Revenons à nos moutons, comment il est ?

Une ride de perplexité me sillonne le front, je gobe mon tofu :

— Qui ça ?

— Bah Merlin.

— Oh, il est blond.

Je ne vois pas en quoi cette information peut lui être utile, mais passons.

— Je parle pas de ça, cornichon ! Comment tu le trouves ? Est-ce que tu es sensible à son charme ?

Sensible à son charme ?

Sérieusement ?

Si Kat était là, elle se ferait une joie de répondre à ma place.

Il est vrai que je peine à aligner deux phrases lorsqu'il est dans les parages, mais cela ne semble en rien s'apparaître à une forme d'attirance et encore moins une forme d'amour. Je dirais plutôt que ça appartient au domaine de la maladresse. Une facette de ma personnalité qui s'est d'ailleurs révélée lors de la création de l'Opération Sorcier Secret. Oui, voilà, c'est exactement ça ! Lorsque j'ai affaire à lui, mon niveau de stress augmente, tant j'ai peur qu'il découvre notre petite enquête. Par conséquent, le pourcentage de gêne et de maladresse qui compose mon corps est sur le point d'exploser et je ne peux me résoudre à le contenir.

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