Blue as the Sky

Chapitre 10 • Sans l'Ombre d'un Doute

"Une note qui vole telle le son de ta voix,
Résonnent les échos entourant l'univers
Caresses de douceur que consument mes doigts,
Etourdi de mirages par cette perle de verts
Je te vois en secret dans ce temps distordu,
Quand les rayons du soleils n'atteignent la surface
Coulent, les larmes qui me bercent, abattu,
Doux rêves lointains tels un songe de glace

Les vagues vacillent, roulent, s'empreignent
Les vagues sont douces, les vagues sont belles
La mélodie de la mer, au chant des sirènes,
Les vagues sont dangereuses, les vagues sont frêles
La mélodie n'est qu'une tendre fredaine"

Lorsque je termine ma lecture je suis prise de deux réflexions ;

1. C'est magnifique.

2. J'ai rien compris.

Sérieusement, j'ai l'impression de revenir deux ans en arrière, lors de ma première dissertation. Comment peut-il être aussi talentueux à son jeune âge ? Il faut croire que les dons existent.

— J'ai trouvé qu'il faisait beaucoup référence à la mer, notamment au fond de la mer, dit Kat. "perle de verts" ça peut représenter les algues ? Et "quand les rayons du soleil n'atteignent la surface" vous pensez que c'est une métaphore ?

— J'en sais rien, admet Maoni. Si j'étais bonne en littérature, je n'aurais pas obtenu un D+ à mon commentaire de texte.

— En tout cas, il décrit la mer comme la sorcière dans Blanche Neige ; jeune et belle physiquement, mais pourrie de l'intérieur, ajoute Kheo.

— Peut-être que ça a un lien avec son mutisme, réponds-je.

— Ou peut-être qu'il aime juste pas se baigner, poursuit le bouclé.

Malheureusement, le débat s'arrête là ; Rudy et Merlin sont déjà de retour avant que je ne puisse riposter. Après avoir lu ces poèmes, j'ai l'impression de faire face à une tout autre personne, c'est comme si toutes les pensées que condamnent ses lèvres, s'emmêlaient dans son esprit pour former un nœud de mots emphatiques.

Et dire que j'ai douté de ses compétences grammaticales...

☼

Laissez-moi vous conter comment cette aventure s'est transformée en une journée entière passée avec Merlin ;

Tout a commencé une après-midi d'octobre, alors que six amis partageaient un chaleureux repas en compagnie des oiseaux de la plage. Le soleil brillait à travers le ciel clairsemé de nuages, quand tout à coup...

Bref, venons en aux faits.

On en est à peu près à la troisième heure de digestion pour les participants de la seconde tournée de bagels, lorsque Kheo se porte volontaire pour sauter de la falaise. Comme nous n'avons rien d'autre à faire et que la météo s'y prête, la majorité du groupe accepte avec enthousiasme. Je dis bien la majorité, car mis à part le refus catégorique de Rudy, Merlin est aussi neutre que la Suisse.

— Ne me dis pas que tu as le vertige, s'exclame Kat, en ébouriffant la tignasse du décoloré.

— Ce n'est pas ça, répond-il sur la défensive.

Si l'on me demandait mon avis, je dirais que ça m'a tout l'air d'être ça, mais comme on ne m'a rien demandé, je joue la carte du silence.

Kat lui claque les fesses.

— AÏE ! bondit Rudy en se massant le grand fessier. C'est encore sensible à cause de la mouette.

Le débat tombe aux oubliettes et on se rabat sur un après-midi surf. Autant dire qu'à part Merlin, on va tous rester sur le banc de touche.