Si je vous dis qu'en réalité le bâtiment dans lequel nous avons failli y laisser notre âme, s'avère être l'ancienne école d'architecture désaffectée pour cause de séismes sur cette zone géographique, me croiriez-vous ? Moi non plus, je n'y aie pas cru. Pourtant, c'est bien ce que l'administration de la fac à confirmer à ma sœur, le lendemain de notre escapade.
Notre dimanche après-midi s'est alors convertis en un regain d'espoir transcrit d'une seconde session déménagement, qui va s'en dire plus prometteuse que la première. En même temps ; difficile de faire pire...
Quatre jours se sont écoulés depuis qu'Azalée s'est installée sur son nouveau campus ; quatre jours qu'elle m'harcèle de photos les plus féériques les unes que les autres. Son rêve m'a tout l'air d'être devenu réalité, enfin, si l'on fait exception à sa coloc de chambre aussi froide qu'une porte de prison.
Au moins, je suis rassurée de savoir qu'elle ne partage pas sa chambre avec un cafard.
Étendue de tout mon long dans la position que j'ai décrété la plus confortable de l'univers (à savoir ; l'étoile de mer), j'ai passé toute l'après-midi à me faire rôtir les méninges. Bien qu'il fasse encore lourd et chaud, les modestes rayons de soleil présagent la fin de la saison, le parfum des fleurs se fait de plus en plus discret, tout comme leurs couleurs vives apportent moins de contraste au paysage tropical. Je ne suis pas la seule a profiter du beau temps ; le pelage tricolore de Flora scintille sous les rayons du soleil, alors qu'elle se prélasse dans l'herbe fraîche. À quelques mètres au Sud, Stella entame sa toilette avec une telle tonicité qu'elle semble prendre autant de plaisir à déguster sa patte arrière qu'une glace en plein désert.
Je n'ai toujours pas trouvé de costume pour la fête d'Halloween chez Merlin. Il faut dire que je n'ai pas réellement cherché non plus ; depuis mon retour à Kawela, toutes les occasions sont bonnes à prendre selon mon cerveau pour développer tout un pataquès de scénarios, même les plus improbables soient-ils. Ne l'oublions pas, la soirée de Merlin a avant tout pour but d'en découvrir plus sur le mystère qui l'occulte. En d'autres termes, je me dois de rester focus si je ne veux pas me faire démasquer.
— Qu'est-ce que je vais bien pouvoir mettre ? je souffle. Vous avez pas une idée, vous ?
De leurs yeux ronds, Flora et Stella me lancent un regard lubrique.
— Non, vous préférez vous dorer la pilule au soleil, bandes de flemmardes.
Le bruissement de la baie vitrée m'interpelle lorsque ma mère jaillit sur la terrasse. Flora se lève nonchalamment, son petit corps rondouillet balance de droite à gauche au fur et à mesure qu'elle trottine pour la rejoindre.
— Salut ma Floflo ! s'exclame-t-elle. Ouh, t'es toute brûlante dis donc, je vois qu'on profite du soleil.
— Et comment ! j'approuve depuis ma position.
— T'es encore là, toi ?
— Je n'ai rien d'autre à faire.
Ce n'est pas tout à fait juste, mais passons.
— Tu ne vas pas Atlantis avec la bande ?
—Kheo a un date, je réponds en m'étirant les bras. Et puis de toute façon son bateau n'est toujours pas réparé et Kat fête l'anniversaire de sa petite sœur et Maoni est à son cours de volley.
Stella émerge de sa sieste pour venir se blottir contre mon flanc.
— Fais gaffe, si tu restes trop longtemps dans cette position tu vas finir par te fossiliser.
— On croirait entendre papa.
— T'as raison, son humour doit avoir déteint sur moi. (Un soupir s'échappe de ses lèvres au gré du demi-sourire qui étire son visage.) En tout cas, si ton père savais que tu ne sortirais pas de l'aprèm, il se serait fait une joie de t'emmener au salon de l'aviation avec lui.
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Blue as the Sky
RomanceNous avons tous des secrets. Certains sont précieux, d'autres ridicules, tandis que quelques uns nous protègent ; on se cache derrière eux afin d'éviter de dévoiler qui nous sommes réellement. Et ça, Ciel l'a bien compris. Entre séances de bronzage...