Chapitre 4

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Je suis brusquement réveillée par un bruit provenant de l'extérieur. Le cerveau encore brouillé, je dois me concentrer pour finalement discerner des reniflements et des couinements de l'autre côté du mur où mon matelas est accolé, puis comme si quelqu'un grattait au sol. Je soulève le pan du matelas et mon cœur fait un bond lorsque je parviens à distinguer la truffe d'un chien dépasser de sous les planches de la cabane où je suis enfermée. Hiva ! Ma porte de sortie ! Je déplace alors le matelas et me mets à creuser avec mes mains le mélange de sable et de terre qui recouvre le sol jusqu'à ce que je sente la tête de l'animal sous mes doigts.

-Hiva, tu me sauves la vie ! soufflé-je, le cœur battant son plein.

Après quelques minutes où nous creusons toutes les deux, Hiva parvient à se faufiler dans la cabane et pénètre dans ma geôle pour se ruer vers mon assiette et en gober le contenu. Puis elle s'approche de moi en remuant la queue et en me léchant le visage. Je l'incite à ressortir et je continue à creuser un trou assez grand pour que je puisse m'y engouffrer à mon tour. Je m'y acharne durant de longues minutes jusqu'à ce que mon petit corps frêle puisse s'y glisser. Je marque de temps en temps des pauses pour être sûre que personne ne me surprenne puis je me faufile ensuite dans le trou béant jusqu'à me retrouver de l'autre côté du mur. Après avoir vérifié que personne ne se trouve aux alentours, je m'élance droit devant moi et rejoins le bois qui me fait face. Je zigzague entre les plantes et les arbres jusqu'à arriver à la plage.

Je distingue alors au loin des lumières. Le continent ! Quelques kilomètres m'en séparent. Je ne suis pas une bonne nageuse et j'hésite à m'engager mais je finis par me raisonner : je préfèrerais mourir noyée que finir entre les mains d'un trafic d'humain. La gorge serrée, j'avance dans l'eau glaciale qui me coupe le souffle puis, ne sentant bientôt plus le sol sous mes pieds, je me mets à faire la brasse. Il fait nuit noire et je ne me repère que grâce aux lumières floues sur l'autre rive. Je suis rapidement à bout de souffle et dois m'arrêter plusieurs fois pour reprendre ma respiration, agitant désespérément mes pieds sous l'eau pour rester à la surface. Je me maudis de ne pas être une sportive et je prie intérieurement pour qu'il n'y ait pas de requin. 

Puis je reprends courage à mesure que je distingue les lumières de manière un peu plus précisément. Un phare commence à se dessiner et je vois son jet de lumière danser sur la surface de l'eau. Puis j'entends alors un bruit de moteur au loin. Je me retourne et vois des lumières clignoter et foncer dans ma direction. Je me mets à paniquer et nage à toute vitesse mais les bruits de clapotements et de moteur se rapprochent dangereusement. 

Je distingue alors deux jet skis qui se mettent à tourner autour de moi, crachant rageusement des jets d'eau derrière leur trajectoire, puis ralentir et réduire la distance qui nous séparent. Je ne les laisserai pas m'attraper, pas alors que je suis aussi près du but. Je remplis mes poumons d'air et plonge sous l'eau, puis je nage droit devant moi pour tenter de passer sous eux mais je sens alors une douleur fulgurante au niveau de mon pied : une crampe. Je me mets à paniquer. Je tente de remonter à la surface mais mes bras, à bout de force, s'engourdissent. Mon corps entier se pétrifie, s'alourdit et coule doucement vers le fond de la mer. Je suis à court d'oxygène et je laisse échapper mon dernier souffle d'air. Ma vie défile sous mes yeux. Josh, Malte, mon stage que je n'aurai jamais commencé... Je sens alors une main m'attraper le bras et je crois me réveiller à l'avant d'un des jet ski, crachant de l'eau salée de mes poumons puis c'est le trou noir.

Riche de toi [Dark romance soft]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant