Chapitre 12

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Abi

J'ai retrouvé mon compte-titre avec, à mon plus grand soulagement, un nouveau solde de 100 000 euros. Les jours suivants, je m'affaire à faire fructifier ma nouvelle fortune, pleine d'espoir. Ce soir-là, je referme mon PC, le cœur un peu plus léger. Je ne peux rien faire de plus pour aujourd'hui. Je dois maintenant attendre patiemment que le cours des actions de GSK que je viens de racheter augmente. Je sens alors mon ventre gargouiller rageusement. Je n'ai pas mangé depuis deux jours et me décide à descendre dans la cuisine. J'ouvre la porte de ma chambre et scrute le moindre bruit mais le silence règne depuis en bas et la maison est plongée dans le noir. Je traverse le couloir à pas de loup et descends les escaliers. Ne voyant personne, j'ouvre le frigo, mais à part une bouteille de ketchup, un fond de coca et une brique de lait périmé, les étagères sont vides. Je referme le frigo et sursaute lorsque je vois la silhouette d'Ivan plantée à côté de moi.

-Tu as faim peut-être ? me lance-t-il de son sourire en coin.

Je ne réponds pas et m'apprête à retourner dans ma chambre mais il me barre la route et brandit sous mes yeux un sac qu'il cachait dans son dos jusque-là. Je reconnais le logo de McDonald imprimé dessus. Je veux le saisir mais il le tend au-dessus de sa tête, de sorte que je ne puisse pas l'atteindre.

-À une condition... dit-il.

Je croise les bras sur ma poitrine.

-Que tu manges avec moi.

Plutôt manger avec le croque-mitaine. Je le contourne et me dirige hors de la cuisine.

-Tu préfères mourir de faim plutôt que de dîner avec moi ?

Je ne réponds pas et retourne dans ma chambre. Je me faufile alors au lit, le ventre creux mais peu importe. Je me refuse à passer un tête-à-tête avec lui. Majka finira bien par revenir. Quelques minutes plus tard, j'entends alors toquer à la porte. Je m'attends à ce qu'il entre, sans attendre ma permission mais non. Je soupire d'exaspération, me lève et ouvre, prête à l'affronter mais le couloir est vide. Je regarde à mes pieds et vois le sac de McDonald posé au bas de ma porte. Je m'empresse de le saisir et me réfugie dans ma chambre pour en dévorer le contenu. 

Alors que je fourre les frites par dizaine dans ma bouche, je ne peux m'empêcher de cogiter sur son comportement. J'ai du mal à le cerner. D'abord, il me prive de ma liberté puis finalement se jette sur moi pour m'embrasser et m'incite à dîner avec lui. Qu'a-t-il en tête ? Et surtout à quoi s'attend-il ? Que je lui saute au cou après tout ce qu'il me fait subir ? Je sirote dans l'immense gobelet de coca puis dépose le sachet vide de McDonald sur ma table de nuit. L'estomac rempli, les paupières lourdes, je me fourre sous ma couverture en tentant de ne pas penser à comment ma soirée aurait pu se dérouler si j'avais accepté le tête-à-tête avec mon tortionnaire aux allures d'Apollon.

Ivan

Le reste de la semaine, je passe le plus clair de mon temps à provoquer ma petite captive. Elle est devenue ma nouvelle obsession. Chaque minute passée sans la voir réveille un manque insatiable en moi. Un matin, alors qu'elle joue avec Hiva dans le jardin, j'ai enclenché l'arrosage automatique et ri ouvertement depuis mon balcon en la voyant lutter pour se dégager des jets qui l'aspergent d'eau. Dès qu'elle prend sa douche, je me précipite vers le chauffe-eau pour couper l'arrivée d'eau chaude. Je l'entends alors râler et la vois sortir de la salle de bain, les cheveux trempés, tremblant de la tête aux pieds. Je lui balance un « Je peux te réchauffer si tu veux ! » mais elle me claque la porte de sa chambre au nez. Le lendemain matin, je me faufile en caleçon dans son lit, ce qui me vaut une claque monumentale.

Malgré ses réticences, je sais qu'au fond d'elle, elle a envie de moi. Elle ne l'admettra juste jamais, par pur principe. Pourtant, je le sens à son regard fébrile lorsqu'elle me voit et quand je l'ai embrassée après sa confrontation avec sa pire ennemie, j'aurai juré qu'elle s'était laissé aller dans mes bras avant de me gifler. Il ne reste plus que quinze jours avant la fin de notre deal. Je jette un œil à mes comptes : 300 000. Contre toute attente, elle est parvenue à atteindre le tiers de la somme que je lui avais exigée. Allait-elle finalement parvenir au million ? Je sens un pincement au cœur en pensant à ce qui pourrait s'ensuivre si elle réussissait à remplir notre marché. On a un deal, je tiens à le respecter mais je ne peux me résoudre à ne plus la voir. Cette fille m'a pris aux tripes. Maladroite mais fière, anxieuse mais acharnée, généreuse mais intransigeante, proie et prédatrice à la fois, elle ne le sait pas mais elle est de ces femmes fatales inavouées capables d'attraper n'importe quel homme dans les mailles de ses filets et le regarder se débattre avant de céder et le laisser pénétrer son âme. Je le sais, la mienne est déjà damnée et j'ai bien l'intention de l'inviter à en découvrir un peu plus sur mes réelles intentions.

Priscilla renvoyée chez son père, plus personne ne pourra plus me détourner de mon objectif : m'approprier cette jolie et brillante femme qui occupe à présent toutes mes pensées. Je me l'avoue enfin mais cette fille m'a conquis depuis que mes yeux se sont posés sur elle. C'est d'ailleurs certainement la raison pour laquelle je l'ai enlevée en même temps que sa pire ennemie. Ses grands yeux noirs, son visage harmonieux, sa détermination... tout en elle m'a poussé un peu plus dans mes intentions. Lorsqu'elle a tenté de sauver ma mère, j'en ai été d'autant plus convaincu : cette femme mérite le monde et je suis prêt à le lui offrir.

Riche de toi [Dark romance soft]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant