Chapitre 8

163 13 3
                                    

Ivan

Je me sens bouillonné. Igor a profité de mon absence tandis que je me rendais à la cave chercher une nouvelle bouteille de vin pour se rendre à l'étage. Bien sûr, il a fallu qu'il tombe sur ma prisonnière. Heureusement, il a gobé quand je lui ai dit qu'elle était de ma famille et l'a aussitôt laissée en paix. Je revois le petit corps pétrifié d'Abigaël Malich et ses grands yeux écarquillés tandis que ce gros balourd la harcelait. Je l'ai remarqué depuis son enlèvement, elle manque cruellement de caractère et de confiance en elle. Elle est facilement impressionnable, ce qui, je l'avoue, flatte mon égo de psychopathe. Il suffit de voir sa réaction dès que je mentionne la mafia mexicaine. Elle frémit d'angoisse. Évidemment, ce ne sont que des menaces en l'air, afin de la dissuader de m'entourlouper. Même si je suis loin d'être un ange, je n'irai jamais jusqu'à la vendre à des putains de porcs. Bizarrement, à l'idée que d'autres hommes s'approchent d'elle me plonge dans une rage folle. Certes, je la garde surtout par pure intérêt mais il s'agit de MA captive, aucun autre homme n'a le droit de la toucher, de lui parler, ni même de la regarder sans m'en aviser.

La troupe de Vinko vient de partir avec leur cargaison pour rejoindre le continent. Je recompte les 500 euros qu'il m'a donnés cash et les range soigneusement dans mon coffre-fort. Cela va faire plusieurs mois que je collabore avec la mafia croate qui utilise mon île comme transit entre la Croatie et l'Italie contre gratification. Même si je ne suis pas forcément fan à l'idée de tremper dans ce réseau de rustres, je me suis fait une raison. Si je veux de l'argent rapidement, je me dois d'employer les moyens illégaux. J'ouvre mon PC et checke pour la énième fois le compte-titre que ma courtière fait fructifier : 75 000. Je sens mon cœur manquer un battement. Comment une femme qui parvient à amasser autant d'argent en aussi peu de temps peut-elle manquer autant d'assurance ? Il est grand temps que cela change et j'ai ma petite idée sur ce qui pourra réveiller l'intrépide qui dort en elle.

Abi

Les rayons du soleil transpercent mes paupières. J'ouvre les yeux et me redresse, le corps lourd. Je place les lunettes sur mon nez et jette un œil à mon horloge : 11 :00. Après m'être affairée à revendre des actions, je me suis finalement endormie la veille vers 3 :00. Je mets mes lunettes et m'aperçois que Majka est venue déposée un plateau de petit-déjeuner sur ma table de nuit. Je le pose devant moi, ouvre mon PC et m'empresse de manger. Mon cœur fait un bond quand je vois le montant de mes actions. Mes insomnies et mes efforts de ces deux derniers jours ont fini par payer : j'avais gagné 10 000 euros depuis la veille. Le cœur un peu plus léger, je m'habille et me dirige vers la salle de bain pour faire ma toilette mais lorsque j'ouvre la porte, je vois Ivan, sous la douche, l'eau ruisselant sur son corps nu, les yeux fébriles. Sa main est crispée dans les cheveux d'une femme, qui se tient agenouillée face à lui et qui fait des va-et-vient en direction de son entre-jambe. Je me fige sur place. Mon ravisseur me voit et esquisse un demi-sourire en me faisant un clin d'œil :

-Tu nous rejoins, Trésor ?

Je sens mes joues s'empourprer jusqu'aux oreilles. La femme se retourne dans ma direction et mon estomac me saute à la gorge lorsque je reconnais Priscilla, et visiblement, avec une langue bien intacte.

-Tiens, t'es là tête de nœud ! dit-elle de sa voix nasillarde, ses lèvres fendues en un sourire de sorcière.

Je referme brusquement la porte sur eux et j'entends sa voix s'égosiller :

-Hé, reviens !

Je descends en trombe les escaliers. Je ne sais pas vraiment où je compte aller comme ça mais je ne veux pas à avoir à l'affronter. Je fais glisser la porte coulissante de la baie vitrée du salon et m'engouffre dans le jardin. J'entends alors sa voix m'appeler depuis la maison :

Riche de toi [Dark romance soft]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant