Chapitre 20

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Abi

Encerclée par les hommes de main de Melenzo, nous nous dirigeons vers la rive où un bateau à moteur est ancré. Ils me font monter et me forcent à m'asseoir sur un des bancs à l'arrière.

-Tu verras, principessa, me lance Melenzo en s'asseyant face à moi. Chez moi, ça ne vaut pas le luxe de cette île de malheur, mais tu te sentiras vite chez toi, crois-moi. Tu as déjà visité l'Italie ?

Je hoche la tête en signe de non.

-Tu vas adorer ! dit-il en posant son index sur ma joue et en me faisant un clin d'œil.

Puis il se lève et rejoint l'avant du bateau tandis que l'un de ses acolytes garde un œil sur moi. Je regarde l'île d'Adrija s'éloigner de moi, le cœur en miettes. Je n'ai jamais été aussi peu enthousiaste de retourner sur le continent. Mais il fallait que je me dénonce. Je n'aurai pas supporté de voir Ivan sombrer encore une fois sous le chantage de Melenzo. Ce soir, j'ai compris beaucoup de choses. Ivan et son père ont été sous l'emprise de la mafia italienne depuis des années et ont été contraints de leur verser des intérêts fonciers. Tout s'explique à présent : l'enlèvement de Priscilla, mon marché avec Ivan, sa collaboration avec la mafia croate... Mon ventre se contracte un peu plus à mesure que je me ressasse la confrontation entre Ivan et Melenzo et mon cœur se fend en deux quand je revois le corps inerte de Hiva. Elle qui m'a apporté tant de réconfort durant mon séjour sur l'île, elle ne méritait pas ça. Comment peut-on tuer de sang-froid un être aussi innocent ? Une vague de haine et de colère me monte à la gorge et j'ai la très ferme intention de lui faire payer.

Le bateau arrive à un port une demi-heure plus tard puis, après avoir traversé le ponton, mes ravisseurs me font monter à l'arrière d'une Berline, à côté de Melenzo qui s'allume un cigare. Je l'entends pendu au téléphone tandis que nous roulons jusqu'à nous arrêter devant un grand portail en fer. Celui-ci s'ouvre sur une maison imposante et rustique, surplombant une pelouse asséchée et un petit étang bordé de bouleaux dont les rameaux retombants flottent à la surface de l'eau. La voiture s'arrête devant l'entrée et le chauffeur m'ouvre la porte avant de me faire sortir de force et m'entrainer à l'intérieur. Nous traversons un salon aux meubles anciens puis un couloir dont les murs sont tapissés de portraits et d'animaux empaillés et découlant sur différentes portes en bois.

-Et voilà, principessa ! dit Melenzo.

On s'arrête devant l'une d'entre elles et j'y découvre une chambre minuscule munie d'une armoire au bois sombre et d'un lit simple. Sur un des murs s'érige une croix en plomb doré.

-Ton poste de travail... dit le mafieux en pointant du doigt un petit bureau qui trône dans un des coins et équipé d'un ordinateur. Tâche de ne pas me décevoir !

Puis il sort avant de claquer la porte sur moi. Retour à la case départ. Cette fois, je ne peux pas blâmer Ivan. C'était ma décision. J'avance mollement vers le PC et me connecte à mon compte. Celui-ci s'élève à un peu plus de 500 000 maintenant. Je laisse échapper un long soupir puis me mets au travail. Plus vite j'en aurai augmenté le solde, le plus tôt j'aurai quitté cet endroit maudit. Cette fois, j'ai accès à internet, sans restriction et je peux donc naviguer comme bon me semble pour collecter toutes les informations dont j'ai besoin. Le soir tombe et Melenzo fait soudain irruption dans ma chambre.

-Alors, principessa, fais-moi voir ça ! me lance-t-il en se frottant les mains.

Je tourne alors l'écran dans sa direction, résignée.

-C'était donc vrai ! Tu en as dans la trésorerie, dis donc ! se réjouit-il. Je n'ai jamais rencontré de femmes aussi habiles avec les chiffres que toi.

Riche de toi [Dark romance soft]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant