Chapitre 3

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Je me réveille, brimbalée par des secousses. Je reprends rapidement tous mes sens et réalise aux vrombissements d'un moteur que je me retrouve à l'arrière d'une voiture. Ma tête est de nouveau recouverte du sac mais les lueurs de la lumière qui le traverse m'indique que le jour s'est levé. Je me redresse péniblement et me rends compte que mes poignets sont toujours liés derrière mon dos.

-Reste couchée ! me somme une voix grave.

-Où est-ce que vous m'emmenez ? demandé-je la gorge serrée.

-Je t'ai dit de rester couchée ! me répète l'homme d'un ton agressif.

Je sens une main lourde se poser sur ma tête et me plaquer brutalement sur le siège. Je n'ose plus bouger. Je dois cependant à tout prix me sortir de là. Cela ne peut pas être vrai, je ne peux pas me trouver ici. Je suis censée être dans un bureau à Malte en train de m'affairer à vendre des actions. Je me démène alors à entortiller mes poignées et, contre toute attente, je sens le collier de serrage glisser peu à peu le long de mes poignées : ces bougres l'ont mal resserré et je parviens à m'en débarrasser discrètement, tout en gardant mes mains derrière mon dos pour que le chauffeur ne s'en aperçoive pas. 

Mon cœur bat à mille à l'heure. Je prie pour qu'il ne se rende compte de rien puis, ni une ni deux, je me débarrasse du sac sur ma tête, cherche à tâtons la poignée de la porte qui s'ouvre et je me jette à l'extérieur du véhicule. J'entends l'homme grogner agressivement dans une langue étrangère mais trop tard, je suis parvenue à sortir. Mon corps ratterrit sur du sable et roule entre des végétaux. Je distingue devant moi un bois et je m'élance. J'entends le véhicule freiner et une portière s'ouvrir et je me mets à courir comme je n'ai jamais couru auparavant. Je crois m'enfoncer dans une espèce de jungle. Où m'ont-ils emmenée ? 

La végétation se fait plus dense et mes pieds butent contre des racines et des ronces. Je bifurque tant bien que mal vers un amas d'immenses feuilles un peu plus loin, dans l'espoir que je puisse disparaître du champ de vision de mon ravisseur. Il me semble l'avoir semé mais je ne m'arrête pas pour autant et je continue d'enjamber les plants jusqu'à perdre haleine. A mesure que j'avance, la végétation se raréfie et laisse peu à peu place à du sable. La vue se dégage complètement devant moi et je distingue une vaste étendue d'eau sombre : la mer. Je n'ai aucune idée d'où je suis. Je n'ai pas souvenir que les plages de Malte soient aussi exotiques. Je continue ma route en longeant la plage, à la recherche de quelqu'un ou d'une habitation, mais je ne perçois rien. Mes pieds s'enfoncent lourdement dans le sable rendant ma course plus difficile. Je sens mon cœur battre dans ma poitrine et je suis à bout de souffle.

J'entends alors l'aboiement d'un chien derrière moi. Je me retourne et distingue la silhouette d'un homme en train de lancer un bâton à la mer et un labrador blanc s'élancer pour aller le chercher. Ma poitrine se desserre. Je suis sauvée ! Je me mets à courir dans sa direction, haletante, mais pleine d'espoir.

-Excusez-moi ! l'interpellé-je en anglais. Pouvez-vous m'aider ? On m'a enlevée, mais j'ai réussi à m'enfuir et je... il faudrait que j'appelle la police !

L'homme tourne la tête vers moi, l'air intrigué. Une dizaine de mètres nous séparent et je ne parviens pas à distinguer ses traits mais à sa posture droite et ses cheveux clairs, j'en déduis qu'il est plutôt jeune. Il est pieds nus et porte un pantalon et une chemise en lin qui flottent au vent. Son allure détendue m'inspire confiance.

-On ne peut pas s'enfuir d'ici, répond-il calmement en regardant l'horizon puis en relançant le bâton que son chien vient de lui rapporter et poser à ses pieds.

-C... Comment ça ? demandé-je, incrédule.

-Il n'y a qu'un moyen.

-Lequel ?

Riche de toi [Dark romance soft]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant