Soleil et Lune

-Chapitre 3-

   Je vois la gouvernante du palais de la lune, Mme Palestra et la principale avec une tasse de thé. La principale commence à parler.

– Bonjour !

– Bonjour !

– Assis-toi Lili. Nous avons deux, trois choses à te dire.

  Je m'assoie dans un fauteuil en velours pourpre blanc d'un style du XVIIIe siècle selon les manuelles d'histoire sur la planète bleue. Je regarde attentivement la pièce. Une salle assez grande avec plein de détails qu'il faudrait plus d'une journée pour tout observer. Un bureau bien rangé au moindre centimètre avec un fauteuil assorti, une petite bibliothèque protégée par une vitrine en verre, une étagère remplie de dossiers, un meuble fermé par un cadenas ensorcelé, quelques photos des compétitions précédentes... C'est la première fois que je rentre ici. J'arrête mon analyse et reviens au sujet dont j'ignore. Je me demande ce qu'elles veulent me dire. Ça a l'air important. La gouvernante prend la parole à son tour.

– Tu sais bien qu'il n'y pas d'héritière de la lune et vu la situation, il faudrait choisir une personne à la hauteur. Nous te proposons d'avoir la chance d'être l'héritière contre permis des milliers de filles candidates. Ne t'inquiète pas, nous en avons parlé à ta mère. Qu'en pense-tu ?

– Comment dire, je ne pensais pas à ça. C'est une grande responsabilité. Il y a plein d'autres filles qui en rêvent ! Dis-je.

- Oui mais... On a senti que tu es spécial, pas comme les autres et on t'aidera. À propos de ton test, c'est parfait et digne d'une princesse, ce qui explique aussi notre choix. Même le conseil est d'accord, ce n'est pas seulement le choix de Sa Majesté.

  Je comprends tout maintenant. La discussion que j'ai entendue cette nuit. C'était la reine et ma mère qui parlaient de qui prendrait la relève ? De qui sera l'héritière du royaume ? Tout s'explique. Finalement, j'avais pas de quoi m'inquiéter. Je doute, j'accepte ou pas ? S'ils ont décidé comme ça, il y a bien une raison, hormis mon histoire. Je compte bien la découvrir.

– Oui, j'accepte.

– OK. Ça commence dès maintenant. Tu suivras les mêmes cours en plus spécialisés.

– Félicitation ! Dit la directrice.

  Je sors dans la cour et tout le monde était au courant. J'avais à peine réalisé ce qu'il venait de se passer. J'entends des « félicitations » par-ci par-là. J'ai l'impression de rêver mais je viens d'enjamber une grande responsabilité. Je me rends compte qu'un simple oui peut changer les choses. Les gens s'approchent de moi comme si j'étais la plus grande star qu'ils connaissent depuis toujours. En une minute, ma vie bascule. Deux hommes en costume viennent vers moi de pas assurer et font diviser la foule qui m'entoure. J'ai même pas le temps d'aller voir mes amies que je suis embarqué dans un carrosse comme dans les contes. La gouvernante me guide suivie de trois gardes. Je fais un petit signe en direction de mes amies avec un regard on en reparlera plus tard avec une réponse oui, il aura beaucoup de choses à se dire. On me fait signe, d'un air gracieux de rentrer et m'assoie en face de Mme Palestra.

  Je sens les pégases guider le carrosse au rythme du vent. Au départ, quelque petite secousse sinon un voyage qui suit les flottements de l'air. On traverse le royaume de l'eau puis du vent et arriver à la destination. On dirait que c'était une visite touristique mais très silencieuse. Peut-être, qu'elle me laissait digérer la nouvelle et ne voulait pas me surcharger. Ce n'est pas a son habitude.

  Je suis devant le palais qui m'est très familier mais... À cet instant, je le voyais plus comme avant. Pour moi, ce n'est même pas la peine de me le faire visiter. Je le connais comme ma poche. Les servantes avec qui une amitié s'est liée me font une révérence. Ça me fait plein de picotements, tant de respect. Des frissons me parcours comme si j'étais nouvelle alors que j'ai grandi ici. Que j'ai passé la moitié de mon temps dans les couloirs et dans les endroits réservés au personnel en tant que fille d'un membre du conseil. Une simple fille ordinaire qui passe en une seconde en personne importante. Es que j'ai bien fait d'accepter ? Voyons ce n'est que le début...