Chapitre 12

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Yann court dans tous les sens, complètement euphorique

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Yann court dans tous les sens, complètement euphorique. J'ai envie de lui jeter un truc à la gueule pour l'assommer, mais je sais qu'il me le rendra au centuple, alors je renonce et ne fais que grogner en battant des pieds.

— Tu me donnes le tournis !

Il m'ignore royalement et continue de tourner en rond, rangeant, nettoyant, décorant... Même si son appartement est parfait, il continue. Pourtant, on a mis trois heures ce matin pour tout nettoyer dans chaque recoin et Yann a tout fouillé pour être sûr qu'aucune drogue n'était cachée quelque part : dans tous les placards, les tiroirs, même dans la cuve des toilettes ou dans les aérations. Partout.

Heureusement, il n'a rien trouvé, mais ça ne l'empêche pas de continuer.

— Yann !

J'ai rapidement compris qu'il était une personne entière : il ne sait pas faire semblant ou faire les choses à moitié. Et surtout, il ne sait pas gérer ses émotions. Alors quand il est à fond, il devient incontrôlable.

Après plus d'un mois de cohabitation, j'ai compris certains de ses mécanismes et je peux donc me lever sans craindre sa réaction et m'avancer vers lui. En une seconde, ma tête est plaquée sur sa poitrine et mes bras sont autour de ses hanches.

— Tout va bien, Yann, respire.

Son corps s'immobilise dès qu'il me sent et il me rend mon câlin instinctivement, me pressant contre lui avec un soupir qui semble vider ses poumons.

— L'appartement est parfait et il va se sentir comme chez lui, d'accord ? Parce que c'est chez lui et qu'il est heureux de rentrer.

Ses doigts se glissent dans mes cheveux et il commence à les caresser nerveusement.

— Tu penses ?

Yann paraît toujours être le clown du groupe, l'extraverti, la boule de nerf, le rayon de soleil, mais il lui arrive aussi d'être épuisé et de laisser sa lumière faiblir. Dans ce genre de moment, j'ai envie de lui donner mon énergie et de le faire oublier tous ses problèmes.

— J'en suis sûre. Il ne va pas tarder et je suis persuadée qu'il sera le plus heureux du monde d'être avec toi chez vous, d'accord ?

Lentement, il hoche la tête et esquisse un sourire.

— Merci, ma jolie.

Je lui souris doucement, commençant enfin à apprécier ce fichu surnom qu'il me colle depuis le premier soir, et monte sur la pointe de mes pieds pour déposer un baiser sur sa joue.

— C'est normal. Allez, je rentre chez moi pour vous laisser vous retrouver. Ne faites rien que je ne ferais pas !

Il éclate de rire alors que je le lâche et roule des yeux.

— Tu ne fais jamais rien !

En plus d'un mois, il a vite compris que je n'étais pas du genre à faire la fête, à boire, à fumer ou à sortir jusqu'à l'aube. Au contraire, je préfère mon petit cocon et je suis plus adepte des soirées en petit comité chez moi que passer la nuit dans un bar. Et cette grande différence entre nous me fait toujours marrer.

— Exactement.

Je remonte sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue et ris.

— Bonne soirée !

Je me dirige aussitôt vers la porte alors qu'il me souhaite une bonne soirée et m'envoie un baiser dans l'air, sous mon petit rire.

Ce n'est qu'en ouvrant la porte d'entrée que mon sourire se fane parce que je me retrouve face à Alex et sa valise. Le temps semble s'arrêter quand nos regards se croisent et je me revois, il y a deux semaines, quand il m'a brusquement repoussé sans raison. C'est la dernière fois que je l'ai vu depuis.

Mais quand mon regard se plonge dans le sien, je sens à la fois la tendresse qu'il réveille toujours en moi, mais également la honte. Et celle-ci paraît être plus importante parce que je détourne le regard et fixe le mur derrière lui.

— Salut Cléa.

— Hm. Salut.

Je me décale, sans croiser son regard et lui fais signe d'entrer.

— Je m'en allais, ne t'inquiète pas.

Son corps ne bouge pas et m'empêche de sortir, ce qui m'oblige à relever la tête pour voir ce qu'il fait, mais il me fixe. Mon corps se réchauffe, mon cœur s'emballe et je grogne simplement en fronçant les sourcils.

— Tu peux rester.

— Non, merci.

J'ai l'impression d'être froide et je m'en veux d'agir comme ça alors qu'il rentre d'un mois et demi de désintox, mais je suis encore trop blessée et humiliée pour mettre mes sentiments de côté. Je réagis impulsivement, même si je sais que ça me porte souvent préjudice, je n'arrive pas à le contrôler.

— Cléa...

— Bon retour chez toi, Alex. Passez une bonne soirée les gars.

J'arrive à me faufiler sous son bras et traverse le couloir sans me retourner. Ce n'est qu'en arrivant devant ma porte que je perds du temps en l'ouvrant avec ma clef, mais enfin, je m'enferme dedans et pousse un lourd soupir en me laissant tomber dessus.

Et ma curiosité me tiraille jusqu'à ce que je tente un regard par le judas. Alex est toujours dans le couloir et regarde vers moi.

ig : juciebg_

Black Bikers, Tome 6 : La panthère dévouéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant