Des larmes

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Isabelle arracha presque, les vêtements tâchetés de sangs de son corps et s'engouffra dans la salle de bain fraichement nettoyer. On avait aussi remplacé les pétales de roses dans la baignoire.

" Pourquoi pas? Se dit-elle."

Elle régla le robinet pour emplir la baignoire et se faire couler un bain et profita du temps que cela prendrait pour se laver les cheveux et se frotter la peau.  Elle avait l'impression que le sang restait graver sur sa chair l'accusant en silence. Elle était responsable de la mort de ce jeune homme, elle frotta jusqu'à ce que sa peau rougisse puis se glissa dans le bain encore chaud.

Elle replia ses jambes contre elle et appuya sa tête sur ses genoux.
Elle assistait impuissante à un changement radical dans sa vie.  Tellement d'évènements étaient survenus en si peu de temps. Et malheuresement,  elle n'avait pas eu son mot à dire.

Si seulement elle avait été mise au courant de l'hypothèque, si seulement son père lui avait parlé de sa maladie. Ils auraient pu trouvé une solution ensemble, au lieu de cela ils avaient tous perdus.

Cela faisait déjà deux jours qu'elle n'avait eu de nouvelles de ses proches et cela la torturait. Elle aurait tellement souhaité leur parlé avant d'être séquestré ici. Leur offrir un dernier câlin...

Comment allaient-il?

Continuait-il d'avancer malgré tout?

Isabelle pleura amèrement sans pouvoir haïr son père, au contraire elle avait pitié de lui car ce n'était sans doute pas ce qu'il souhaitait pour eux. Il en est venu à se suicide.

Était-ce les remords?

Quels sentiments ont bercés ces derniers jours?

Elle pleura aussi sur sa mère qui était partie trop tôt, sur ce vide béant qu'elle avait laissé.

Elle pleura sur elle, sur la vie qu'elle aurait pu avoir, sur tout ce qu'elle a pu râté.

Maintenant elle était prisonnière d'un monstre au pouvoir illimité qui avait droit de vie et de mort sur elle sans que le gouvernement ne lui en demande compte.

Elle pleura encore et encore jusqu'à ce qu'elle commence à greloter,  l'eau avait refroidi sans qu'elle s'en aperçoive.

Elle sortit de l'eau et se dépecha de se sêcher puis enfila un col roulé, des leggings et des chaussettes.

Entre temps quelqu'un avait déposé un plateau bien garni sur une table pour deux dans un coin de la chambre,  elle l'ignora et sortit s'asseoir sur le balcon pour attendre et admirer le coucher du soleil.

C'était un moment qu'elle aimait partager avec sa famille à l'époque où son père était encore vivant.

Une boule se forma dans sa gorge.

"Toute cette douleur partira-t'elle un jour?"

Elle se mit en position fœtale le nez dans son col et pleura encore. Elle finit par s'assoupir, oubliant un moment son malheur.

Elle sursauta quand Mona la secoua sans ambages. Elle était visiblement en colère.

- Suis-moi, dit la jeune femme simplement.

Isabelle hésita avant de se souvenir de la colère du capo un peu plus tôt. Dans la chambre elle chaussa de nouvelles baskets et suivit Mona à travers la maison.

Elle l'emmena à l'extérieur oú une luxieuse voiture noire attendait. Elle n'était pas experte en véhicule mais elle savait que celle-là en était une. Elle hésita quand on lui ouvrit la porte.

Où l'emmenait-on?

Il ferait bientôt nuit, allait-on la tuer?

Où était leur chef?

Laissait-il ses sbires faire le sale travail?

- Signorina?

Elle sursauta au son de la voix de l'homme qui lui avait ouvert la porte. Aucune trace de Mona.

Elle avait peur, elle ne savait pas comment réagir.

- Signore Rossi vous attend, dit l'homme voyant l'inquiètude sur son visage.

Il avait de l'empathie dans sa voix contrairement aux autres hommes qu'elle avait croisé jusque-là, elle se résoud donc à monter dans la voiture pour ne pas le mettre en danger  sinon pire comme le jeune homme du matin.

La voiture était vide, elle resta silenceuse dans son coin tandis que ses pensées galopaient à toute vitesse.





Coupable d'être belleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant