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Dans la même soirée, alors que Shai passait un bon moment avec son équipe d'athlétisme, elle reçut un message de son père qui lui demandait de rentrer. Elle l'ignora dans un premier temps jusqu'à ce qu'elle reçoive quelques minutes plus tard une nouvelle notification. Cette fois, c'était sa mère et leur relation complice ne lui permit pas de l'ignorer. Elle salua alors ses amies, prenant le temps d'expliquer à Alix la situation. Elle remonta jusqu'aux vestiaires pour retrouver sa voiture, prenant néanmoins une seconde pour regarder aux trottoirs d'en face si le groupe était encore là mais ce ne fut pas le cas. Ses joues prirent une teinte rosée lorsqu'elle se rendit compte de sa propre déception.

A peine elle entra dans la maison familiale qu'elle fut happée dans sa chambre, sa mère tenant son bras pour la guider rapidement. Elle ferma la porte derrière elle avant de s'y appuyer, un air inquiet qui ne laissa pas indifférent Shai. Elle n'avait besoin de plus pour comprendre que quelque chose n'allait pas et que son père en était la raison. C'était toujours la même chose.


« Maman, parle moi. » Elle se recula d'elle, espérant presque que la distance permettrait de réduire l'impact de ses mots. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« J'aimerais que tu mettes une jolie robe. » La jeune femme ne put que grimacer, un sentiment de dégoût s'installant au creux de son estomac. Sa mère ne l'avait jamais obligée à porter une tenue, la laissant libre de faire ce qu'elle souhaitait de son corps. « Et attaches toi les cheveux. » Sa mère s'approcha pour en toucher une mèche. « Ton visage est beaucoup trop joli pour ne pas le montrer. »

« Dis moi ce qu'il se passe. » Elle embrassa sa joue, refusant par ce geste de lui expliquer la situation. De toute manière, il n'y avait pas les mots.

« Habille toi. Ton père et moi, on t'attend en bas. » Shai secoua la tête, refusant de se préparer sans en avoir les tenants et les aboutissants.« S'il te plait, ma chérie, fais ça pour moi. Il...Il faut que tu le fasses. »


Elle ne lui laissa la place de débattre et quitta la pièce, laissant Shai seule dans sa chambre, une bile creusant son estomac.
L'emploi de son père avait toujours été mis sous silence comme un secret de famille bien gardé. Avec l'âge, elle avait compris qu'il gagnait son argent d'une manière trop douteuse mais surtout innommable. Elle avait essayé à plusieurs reprises de poser quelques questions mais ils avaient toujours refusé ou dévié la discussion. Elle avait alors préféré se réfugier dans ses études et le sport pour ne pas s'imaginer le pire.

Toutefois, malgré la peur d'être complice, elle restait leur fille alors elle se dirigea vers son dressing, prit sa plus belle robe, puis rejoignit sa salle de bain pour se changer et se préparer. Elle sortit pour les rejoindre dans le salon, ses cheveux tirés dans un chignon. Ses parents se levèrent, bien trop rapides et stoïques pour que la situation soit anodine. Sa mère se rapprocha d'elle, les yeux humides, signe qu'elle avait pleurer à grosses larmes quelques secondes plus tôt.


« T'es parfaite, ma chérie. »




Son père ne la regarda pas et avança pour les inviter, ou plutôt, les obliger à rejoindre la voiture.
Le trajet fut silencieux et Shai en profita pour regarder les rues, essayant de comprendre où elle était emmenée, aussi apprêtée, tandis que les autres ne l'étaient pas. Elle ne montra pas sa surprise lorsqu'ils s'arrêtèrent dans le port de la ville encore éclairé par les lumières artificielles. Sa mère, qui s'était étrangement assis à ses côtés, attrapa sa main en urgence. Toutefois, la jeune femme ne prit pas la peine de la regarder, bien trop inquiète pour quitter des yeux les voitures se garant en face d'eux, les éblouissant de leurs phares. Tout semblait irréel.


« Shai, tu descends avec moi. » Elle refusa d'un geste de tête, essayant d'entrelacer ses doigts avec sa voisine qui refusa, se déliant complètement. « Maintenant. On peut pas les faire attendre. »

« Pas sans que tu me dises pourquoi on est là. Pourquoi maman ne sort pas ? »

« Parce que tu n'as pas besoin de moi, tu es grande, maintenant. » Shai reçut un baiser sur sa pommette mais elle ne le sentit pas, trop submergée par le moment. « Ma chérie...tu vas suivre ton père. Fais le pour la famille. On...on doit faire des sacrifices parfois, tu comprends ? »

« De quoi tu parles ? » La brune ne put retenir quelques pleurs, l'angoisse et l'incompréhension brouillant sa tête. « Qu'est-ce que tu veux dire maman ? »

« Tu vas vivre temporairement avec une autre famille. » Le père eut un léger sifflement face à cette phrase, lui qui avait conscience que ce n'était pas si simple.

« Ils vont s'impatienter Shai, on y va. »

« Vas y, s'il te plait...sinon.. »


Cette fois, elle vit des larmes couler chez sa mère, pour la toute première fois de sa vie, et ce fut suffisant pour qu'elle accepte de sortir du véhicule. Elle sécha ses propres joues avant d'avancer devant le capot de la voiture, son père la rejoignant. Les hommes en face sortirent aussi, seulement à quelques mètres d'eux. Son patriarche posa une main dans son dos mais elle s'avança légèrement, refusant son contact. Ainsi, elle n'eut le choix de marcher jusqu'à être face à une vingtaine d'hommes, tous alignés mais surtout, tous vêtu de gilet par balle. Elle les ignora volontairement, consciente qu'elle s'effondrerait de peur si elle laissait son imagination gambader. Deux personnes au milieu avancèrent jusqu'à eux. Un du même âge que son père et un second de sa propre génération. Ses yeux s'exorbitèrent lorsque le plus jeune avança jusque sous le réverbère. Elle le reconnaissait pour avoir eu un temps d'arrêt quelques heures plus tôt avec lui. Lui n'eut aucune réaction, du moins, elle ne s'en rendit pas compte puisque Micah sentit son propre coeur tomber dans son estomac. Toutefois, il savait n'en donner aucun aperçu sur son faciès. Sa vie ne lui avait pas permis d'être aussi expressif que Shai.


« Voici ma fille. »

« Micah, emmène la dans la voiture. »


Celui-ci fit un pas de côté, espérant qu'elle avance par elle-même mais ce ne fut pas le cas. Shai y mettrait la résistance qu'elle pouvait, ne se rendant compte de ce que cela pouvait lui coûter. Il voulut s'approcher mais le père sortit son arme pour la pointer vers elle.


« Suis le. Maintenant. »


Micah attrapa son bras fermement, se positionnant devant le canon sans crainte. Elle n'essaya pas de se libérer, le suivant tout en pleurant. Malgré sa vue brouillée, elle ne manqua pas sa veste déjà éclaboussée de sang.

Contre l'univers - EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant