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Micah conduisait en direction de la maison, la fatigue brûlant ses yeux. Il était suivit de près par quelques uns de ses hommes dans une seconde voiture. Les temps étaient difficiles, la violence semblait augmenter de jour en jour depuis la fusillade et il préférait s'en protéger, conscient qu'il ne pouvait y répondre pour le moment sans que que la pression n'augmente d'un cran. Son père était peu présent, se détachant, alors le jeune homme se sentait plus seul que jamais, prit entre son envie d'user de son arme et du besoin de calme dans la ville. Néanmoins, cette nuit, il n'avait le choix. Son téléphone vibra et se connecta à son véhicule. Le nom du conducteur le précédent s'affichait. Ca n'annonçait rien de bon mais malgré l'adrénaline piquant ses nerfs, il répondit.


« Micah, on est suivi. »

Il regarda instinctivement dans ses rétroviseurs mais il ne pouvait voir que ses hommes qui zigzaguaient légèrement, anxieux. « Par qui ? »

« Une voiture. Les Monet, pas de doute. Ils ont tous ses putains de bagnoles. » Il y eut un léger silence avant qu'il ne reprenne. « Il nous colle vraiment. Je le sens mal. »

« Je veux que tu freines, vois si ils te doublent. » Il le fit alors et comme il s'en doutait, ils passèrent devant. Ils se moquaient de ses hommes, il le voulait lui, Micah. « Continuez de me suivre, à distance, on change de direction. Ils peuvent pas savoir où je vis. »

« Ils vont pas lâcher l'affaire. » Le ton était épris d'inquiétude mais il ne se laissa pas envahir par leurs émotions. Il accéléra, pied à fond sur l'accélérateur. « On va finir par ne plus te voir si tu continues de conduire comme ça. » Il ne répondit pas, bien trop concentré pour ne pas perdre le contrôle. « Putain ! Tu vas te tuer ! On va trouver une autre solution que celle-ci ! Arrête ! »


Ses hommes continuèrent de crier, angoissé à l'idée de le voir s'écraser contre un mur.
Et comme si leurs pires pensées se déroulaient devant leurs yeux, la voiture Monet s'impatienta et se colla à celle du jeune homme jusqu'à le percuter. Il tenta au mieux de rester sur la voie mais la vitesse ne l'aida pas. Ses roues quittèrent le bitume et il ne put rien y faire. Il percuta un poteau électrique du côté conducteur, se prenant le choc de plein fouet. Les fautifs prirent la fuite tandis que ses hommes s'arrêtèrent rapidement à ses côtés. Ils ouvrirent la portière passager pour le détacher et évaluer son état.


« Micah ? » Il secoua la tête, espérant retrouver de lui-même suffisamment conscience. « Est-ce que tu peux sortir ? Il faut qu'on t'évacue. » Il fallait qu'il parte rapidement avant que les forces de l'ordre n'arrivent. Il ne put retenir un juron alors que tout son corps semblait dorénavant en feu. Toutefois, il ne resta pas immobile malgré l'envie et sortit du véhicule. Un de ses seconds prit sa place et le brun monta dans l'autre voiture. Il fut emmené sans un mot jusqu'à son domicile. Il ne prit pas la peine de débriefer l'événement avec le conducteur qui pourtant bouillonnait. Il refusait de se répéter lorsqu'il verrait son père. De plus, il n'en avait la force pour le moment. « T'as failli crever, putain. Il faut qu'on s'occupe de ça. On peut plus écouter ton père. Il faut qu'on agisse. »

« Je suis de son avis aussi. »


Ce n'était pas complètement vrai mais il se refusait de montrer les divergences et les failles familiales. Ils arrivèrent rapidement au domicile des Provenzano. Il n'eut le choix de se faire discret puisque son homme de main à ses côtés se mit à hurler pour demander de l'aide. Odile arriva en trottinant, inquiète de ce manque de calme. Elle fut suivi rapidement par le patriarche qui sortit de son bureau en trombe, claquant la porte brutalement contre le mur. Ils s'approchèrent  à toute vitesse des deux hommes dont Micah, replié malgré lui sur lui-même, incapable de déplier son corps traumatisé. La gouvernante posa sa main sur son épaule, un peu trop à sa hauteur pour un garçon si grand.


« Monsieur ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Il va bien, allez appeler notre médecin Odile. » Le père fut calme malgré ses yeux épris d'inquiétude. « On va dans le bureau. » Micah le suivit, maintenu par son second qui le força à s'asseoir sur un fauteuil.

« Tu veux un truc à boire ? » Il hocha la tête et il lui servit un verre d'eau. Le brun eut envie de jurer de frustration, lui qui rêvait d'un peu de liqueur. Sandro, lui, lui aurait donné sans aucun doute ce dont il avait besoin mais c'était qu'une preuve d'une énième défaillance. « Il faut vraiment qu'on trouve une solution ! Si Micah avait pas été là, on serait tous mort, j'en suis sûr ! Et lui aussi il aurait pu mourir ! Ca peut pas continuer ! » Le patriarche frappa contre son bureau violemment, refusant de l'entendre encore hurler dans sa propre maison.

« Rentre chez toi. Je t'appelle après. Ok ? »

« J'comprends pas qu'on se laisse faire comme ça. Jusqu'où ça va aller ? Ils finiront par arriver ici, j'en suis certain ! »

« Vas y. » Micah lui lança son regard le plus clair possible alors il accepta. Il claqua la porte derrière lui toutefois, espérant par ce biais montrer sa colère. Le brun se leva à son départ pour se servir un whisky. Il en avait sérieusement besoin après cette soirée. Lorsqu'il se retourna, son père s'était déjà allumé une cigarette, cachant par ce biais sa nervosité. « Il a pas tort, papa. On s'est fait suivre alors que je rentrais. Les gars étaient complétement paniqués. Ils auraient pu se tuer seulement à cause de ça. Et moi, ils m'ont poussé avec leur voiture. J'aurai clairement pu crever. La voiture est complètement morte. »

« Qui est-ce qu'il y avait dedans ? »

« J'en sais rien, j'essayais de survivre. »

« J'comprends pas ce qu'il fout. » Sandro frappa une nouvelle fois son bureau, haussant le ton. « Putain ! » Micah n'eut aucune réaction face à sa colère, peu surpris. « Je...il faut que je réfléchisse mais ne fais rien. » Il voulut refuser, lui dire qu'ils ne pouvaient continuer et que le second avait raison, les Monet finiraient par venir ici pour tous les tuer, pour faire du mal à Wolf. Toutefois, il n'eut le temps puisqu'un léger toquet se fit entendre. « Oui ? » Shai ouvrit la porte timidement, ne laissant passer que sa tête. Du moins, quelques secondes, jusqu'à ce qu'elle voit le visage du jeune homme, tâché de rouge et de bleu. Elle ferma derrière elle.

« Merde Micah. » Elle voulut s'approcher mais en remontant à ses yeux, elle s'arrêta dans son mouvement. « Je.. » Elle bafouilla, oubliant la raison de sa venue.

« Qu'est-ce que tu veux Shai ? C'est pas vraiment le moment, là, tout de suite. » Il vit ses prunelles brunes se transformer par l'effroi. Sans connaître les derniers événements, elle savait que son père avait une forte chance d'en être la cause. « Shai ? »

« On...on vous entend depuis le premier étage et Wolf s'est réveillé. Il est inquiet. » Tout comme elle mais elle n'en dit rien. « Il est...derrière la porte et je n'arrive pas à le ramener dans sa chambre. Il te demande, Micah...mais je crois pas que ça soit la meilleure idée finalement. »

« Ramène le dans sa chambre. Je me nettoie et je vous rejoins. » Elle hocha la tête, prête à partir.

« Tu dois voir le médecin. »

« J'le verrai plus tard papa. J'vais bien. »


Contre l'univers - EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant