Contre l'univers - EN PAUSE

6

Odile toqua doucement contre la porte de la chambre de Micah. Elle n'aimait le déranger, non pas parce qu'il se réveillait grognon mais parce qu'il n'avait pas souvent la chance de faire une nuit entière sans interruption.
Il ouvrit les paupières avec difficulté mais rejoignit la porte d'un pas rapide, son coeur déjà piqué par des milliers d'aiguilles pleines d'adrénaline. Il remarqua l'absence de Shai et fut certain qu'elle était la cause de son réveil nocturne.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« C'est Mademoiselle Monet, Monsieur. » Il fronça les sourcils alors elle ne lui laissa le temps de s'imaginer le pire. « Elle a essayé s'enfuir et...un des hom.. » Cette fois, il lui passa devant et elle dut hausser le ton pour être entendu. Il s'imaginait déjà le pire.« Elle est dans le salon. »

Il descendit les escaliers rapidement, oubliant complètement son sommeil. Shai était allongée, une poche de glace à la base de son crâne, ses paupières closes. Il ne ralentit pas même dans la pièce de vie, poussant tout ceux qui était autour d'elle. Il vérifia son pouls avant de tapoter sa joue jusqu'à ce qu'elle râle d'être embêtée. Rassuré, il se retourna vers ses deux hommes. Sans hésitation, il sut lequel avait fauté. Il enroula sa gorge de sa main avant de la serrer, ne laissant qu'un sifflet d'air passer.

« Qu'est-ce que t'as foutu ? » Il ne pouvait parler mais de toutes les manières, Micah n'avait aucune envie d'entendre ses excuses. « J'ai été clair, nan ? Qu'est-ce qu'il te faut pour que ça rentre dans ton putain de crâne, hein ? Te frapper comme tu lui as fait ? Hm ? Elle fait même pas la moitié de ton poids, espèce de crétin. Si elle essayait de s'enfuir, ce qui est...putain...complètement compréhensible, t'avais juste à l'attraper d'une main. Regarde comment je te maitrise rien qu'avec la mienne. » Le brun resserra sa prise rien que pour le voir chercher un peu d'air. L'homme ne tenta pas de se débattre, acceptant son destin. Micah le regarda droit dans les yeux un instant, appréciant presque de voir sa peur et sa souffrance dans les siens. Il s'arrêta néanmoins, conscient qu'il n'était pas seul. Il regarda le second. « Emmène le à côté. J'arrive. Tout le monde, allez y. Vous avez rien à faire ? »

Les employés prirent la poudre d'escampette. Il s'installa à côté de Shai, silencieux, vérifiant d'un coup d'œil qu'elle n'avait pas d'autres blessures. Il ne put se retenir de lever le plaid rien que pour vérifier qu'elle n'avait pas non plus de marques autour de ses cuisses. Il ne put retenir un souffle de soulagement qui éveilla une nouvelle fois la jeune femme. Celle-ci rappuya rapidement sur la couverture, l'empêchant de continuer son observation.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Sa voix était faible, essayant au mieux de se protéger de son mal de tête.

« Je vérifiais qu'il ne t'ait rien fait de plus. » Elle ne put cacher son effroi. « Il ne t'a rien fait. » Elle inspira profondément, soulagée. « Mais c'était vraiment stupide ce que t'as essayé de faire. C'est...littéralement une forteresse ici. »

Elle hocha la tête, elle l'avait bien compris. Elle ne pouvait pas s'enfuir tant qu'elle était ici.

Il n'eut le temps de lui faire plus la morale qu'un petit garçon d'à peine cinq ans avança à petit pas dans le salon, une peluche dans une main. C'était le petit frère de Micah, le seul. Celui-ci se leva subitement pour le prendre dans ses bras et s'enfuir à l'étage, loin de Shai, comme s'il voulait le protéger de ce qu'il se passait. C'était un peu le cas parce que lui n'avait pas eu la chance d'avoir un frère ou une sœur pour l'éloigner de la réalité.

« Qu'est-ce que tu fais debout mon loup ? » Il déposa un baiser sur sa joue tout en caressant ses cheveux. « Il est bien trop tard pour qu'un petit garçon comme toi soit réveillé. » Il le rallongea dans son lit, prenant soin de le border jusqu'à son menton. « Rendors toi. »

« Tu veux bien faire dodo avec moi ? » Micah ne put se retenir de sourire face à sa mignonnerie. Il passa une main dans ses cheveux, les recoiffant d'un geste protecteur. « S'il te plait. » Il n'hésita pas assez longtemps pour que son frère s'en rende compte. Il s'allongea à ses côtés et le plus jeune se glissa contre lui sans attendre. Ses bras avaient toujours été un refuge et cette nuit en était juste une preuve de plus. « J'ai eu peur. Je t'ai entendu crier. J'aime pas quand tu es en colère. »

Le brun le serra un peu plus fort, espérant pouvoir le rassurer mais aussi s'excuser. « Tout va bien. Je suis désolé. »

« Personne t'a fait du mal, hein ? »

« Wolf, je vais bien. Personne ne m'a fait du mal et personne ne t'en fera. » Il embrassa à multiple reprise sa tête, espérant le distraire. « Endors toi maintenant. »

Cette fois, le petit garçon sut ne pas insister. Les tendresses dans ses cheveux l'aidèrent à se rendormir rapidement et Micah put repartir malgré lui. Même s'il voulait rester avec lui, ses hommes l'attendaient en bas pour régler ce non respect. Il redescendit les marches doucement, priant pour que Wolf dorme suffisamment fort pour ne pas se réveiller une nouvelle fois. Il eut l'avantage du jeune âge et de son innocence et put descendre serein. Shai était debout, prête à aller se reposer à l'étage, son sac de glace dans une main appuyée à la base de son crâne. Il s'approcha d'elle sans même y réfléchir, souhaitant seulement savoir comme elle se sentait.

« Ca va ? » Elle hocha la tête, tentant de le dépasser. Il attrapa son bras pour l'en empêcher, sans pour autant serrer mais elle s'arrêta. « Est-ce que t'as besoin de voir un médecin ? »

« Non, ça va. »

« Alors si ça va.. » Il resserra sa prise un peu plus fort. «..n'essaye plus de partir. J'ai dit que je ne serai pas violent mais j'ai mes limites. » Elle tenta de se libérer en pensant qu'il avait terminé mais il la retint. « Une dernière chose, t'as vu mon petit frère, il a rien à voir là-dedans, c'est encore un.. » Il voulut lui dire qu'il n'était qu'un bébé, qu'un petit garçon né au mauvais endroit. Toutefois, il préféra se taire, refusant de lui montrer ses sentiments, sa faiblesse. « Ne lui dis pas pourquoi tu es là, ne montre rien, t'entends ? »

« Entendu. » Il la libéra enfin et elle se précipita dans la chambre, priant pour qu'il ne la rejoigne pas.