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Lorsque Shai descendit les escaliers le matin suivant, les jambes endolories, elle fut surprise d'entendre des disputes si tôt. Elle s'y dirigea, plus pour que se rassurer qu'il n'y avait rien de grave plutôt que par curiosité. Les bruits venaient de la salle de sport où Micah hurlait contre deux hommes, en sueur, tenant à bout de bras un tapis de course. Toutefois, il y avait aussi Wolf qui riait en regardant son grand frère s'égosiller de frustration. Elle rentra alors, timidement, pour s'asseoir à côté du petit garçon et regarder le spectacle.


« Vous êtes deux imbéciles, putain, je vous demande de le mettre là, vous le faites ! » Le brun pointait du doigt une place précise. Ils préférèrent ne pas répondre, conscient qu'ils pourraient le payer à tout moment. « Bah voilà, c'est pas si compliqué ! » Ils partirent tout en baissant la tête. Shai dut se retenir de lui faire la morale. Elle détestait la manière dont il pouvait parler aux autres. Lui, ignora son arrivée, regardant le nouveau bien.

« Tu as acheté un tapis ? » Il ne répondit pas en sachant très bien qu'elle essayait seulement d'ouvrir la conversation, voire de le mettre face à cet achat lui étant destiné. « Il a l'air chouette. »

« Vu le prix, j'espère bien. » Wolf se leva à toute vitesse dès lorsqu'il fut allumé pour y monter. Micah attrapa sa main, espérant pouvoir le sécuriser par ce biais. « Fais attention. » La jeune femme dut retenir un grognement alors qu'elle se relevait, ses cuisses douloureuses. « Courbaturée ? »

« Non, je vais bien. » Jamais elle ne lui donnerait raison, surtout après un tel excès de sa part. Micah éteignit le tapis avant même de le mettre en marche, confus devant tous les programmes et les boutons. De toute manière, il refusait de tester l'appareil sur son petit frère qui tenait encore à peine debout sans chuter.

« Il marche pas Wolf, il faudra qu'on essaye plus tard. » Le petit garçon voulut se mettre en colère mais le regard du jeune homme fut suffisant pour qu'il ne dise rien. Il descendit. « Tu veux bien aller voir si Odile a préparé tes crêpes ? » Il hocha la tête avant de filer vers la salle à manger, oubliant le tapis pour son estomac. « Ce truc est une machine de torture, j'en suis sûr. »

« C'est sûr que je te fume à toutes les courses possibles. » Il secoua la tête, laissant un rire silencieux s'échapper de ses lèvres. « Merci pour cet achat, en tout cas. »

« Je l'ai pas fait pour toi. » Il s'éloigna, prêt à rejoindre à son tour le petit déjeuner. « Je l'ai fait pour que mes gars soient enfin tranquilles. Ne trouve pas un autre moyen de les...perturber. Il leur en faut peu. » Elle acquiesça, espérant lui montrer sa sincérité par son silence penaud. Elle avait compris et ne remettrait plus en danger toutes les personnes gravitant dans cette maison. « D'ailleurs, pour te faire pardonner, demain, on doit aller à une soirée. » Elle recula pour s'asseoir sur un des bancs. « Il y aura des gens importants. Et...» Il souffla, exaspéré. « Et mon père pense que ça serait bien que tu commences à sortir avec nous, que tu te montres, avec nous.» Elle resta muette, consciente qu'elle n'avait pas le choix et qu'elle ne pouvait le contrarier. « Odile va pas tarder à venir te chercher. Elle te fera essayer des tenues. »


Comme si la gouvernante avait des oreilles partout, elle arriva silencieusement jusqu'à la salle de sport, prenant la peine de toquer malgré les grandes vitres qui la séparaient d'eux. Elle n'eut besoin d'expliquer la raison de sa présence que Shai la suivit. Elle ne put s'empêcher de penser à ses propres parents qui lui avaient imposé de s'apprêter avant d'être offerte à cette famille. Elle se refusa de laisser sa tête partir plus loin et releva le nez pour se concentrer sur le portique en face d'elle. Il y avait une vingtaine de robes si ce n'étaient pas plus. Elle les regarda une par une, surprise de leur qualité. Elle n'en avait jamais eu de telles et ne sut laquelle prendre, laquelle essayer, ne se sentant à la hauteur de ces tenues.


« Il faut essayer, Mademoiselle Monet. » Elle hocha la tête, attirée par une robe longue et plutôt simple dont une échancrure brodée de fleurs mettait en avant une jambe. Toutefois, elle se refuse de l'essayer, certain qu'elle faisait partie des plus onéreuses. Elle prit alors la plus simple qu'elle enfila dans la salle de bain avant de se montrer à Odile, espérant avoir un quelconque avis, même défavorable. Néanmoins, ce n'était pas son rôle et même son regard fut impassible.

« Qu'est-ce que vous en pensez ? »

« Je peux demander à Monsieur Provenzano de venir. » Shai fit les gros yeux en pensant au patriarche. « Monsieur Micah. »


Elle haussa les épaules, incertaine, alors elle ne lui laissa pas le choix. Il apparut quelques minutes plus tard, un faciès clair. Il était agacé, n'ayant aucune envie de perdre son temps à l'aider à prendre une décision pour quelque chose dont il se moquait. Du moins, c'est ce qu'il pensait. Il prit place au bord du lit, son téléphone déjà en main pour s'occuper.



« Qu'est-ce que tu en penses ? »

« Qu'est-ce que j'en ai à faire ? C'est pas moi qui vais porter ça. » Sa nonchalance fut blessante, Shai ayant besoin d'être rassurée au mieux.

« J'serai avec toi, t'as envie d'avoir un sac à poubelle à côté de toi ? » Il leva les yeux au ciel tout en se retenant de lui dire que ce n'était pas la tenue qui la rendait belle mais bien elle-même. Ils n'avaient pas besoin de ça entre eux. « J'essaye les autres et tu me dis ce que tu préfères. »

« Grouille toi, j'ai pas que ça à faire moi. » Elle hocha la tête et attrapa quelques robes au hasard avant de s'enfermer dans la salle bain. Elle en enfila une à toute vitesse, les cheveux déjà en pagaille. Il releva le nez quelques secondes, ne prenant pas le temps de l'observer en détails. « Ouais, parfait. » Elle rentra une nouvelle fois, presque frustrée malgré elle de son peu d'enthousiasme. Elle se souvenait encore de son regard insistant de l'autre côté de la rue. Elle en reprit une autre avant de ressortir. Il fit la même chose. « Elle est bien aussi. » Elle souffla cette fois, désespérée, attendant une validation qu'elle ne trouverait pas chez lui. Elle ne comprenait pas pourquoi elle ressentait tant ce besoin par un homme qu'elle n'aimait pas, pour un homme dont elle n'avait le choix d'être accompagné, qui gâchait sa vie et son avenir. Toutefois, elle voulait se sentir vivante et désirée. Elle prit la robe qu'elle adorait, refusant d'abandonner. Elle se détacha les cheveux, essaya de les dompter avant de sortir. Cette fois, Micah ne put se retenir de la regarder un peu plus longuement. Pour sûr, sa théorie autour de la tenue qui ne pouvait la rendre plus belle était soudainement foutaise. « Mouais, elle aussi. »

« Ok, merci, pour ton aide. Ca ira comme ça. »

Contre l'univers - EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant