Chapitre 8 Wayatt

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Je ne sais pas ce qui m’a pris, je crois que j’ai perdu la tête, mais je ne pense qu’à une chose, aller m’excuser. Je pensais qu’elle allait venir au repas, les ayant tous invités rien que pour ça. Surtout que je suis nul en cuisine. Je suis donc allé commander le repas chez un traiteur avec mes dernières économies. Quand ma peste de fiancée m’a dit que Zoé ne viendrait pas, j’ai été déçu, mais, en même temps, j’ai compris que j’avais été trop loin. Ça ne me ressemble pas, en général, je dis rarement à haute voix ce que je pense, surtout que là, c’était vraiment méchant. Elle ne mérite pas ça, elle a totalement raison. Je n’aurais pas dû non plus aller la surprendre dans sa chambre, mais je voulais être discret. Elle aurait, dans un autre contexte, refusé tout contact avec moi et, si j’avais insisté, c’est Marsila qui se serait posé des questions. Je n’avais pas le choix, mais j’aurais dû y réfléchir avant, car, en plus de lui faire peur, je l’ai vue à moitié nue et ça a réveillé un certain instinct chez moi. J’ai senti un courant électrique traverser mon corps et une envie de la rejoindre dans son lit pour la faire mienne. Heureusement qu’une partie de mon cerveau était encore en train de réfléchir sinon, en plus de voyeur, j’aurais fini avec un coup de pied dans les parties intimes et traité de violeur.
Je rentre chez moi. Je n’ai pas envie de retrouver tous les autres. Marsila piaille depuis tout à l’heure et sa voix me fait mal à la tête. Hier soir, au repas chez elle, elle se tenait correctement, sûrement parce qu’il y avait Zoé. Tiens, je l’appelle par son prénom maintenant. Je pense que l’avoir vue dans la stricte intimité me fait légèrement délirer. Je m’assois sur un tas de bois, regarde la lune et les étoiles. Je vais la revoir demain, je vais faire ce que j’aurais dû faire depuis le début. Je ne sais pas pourquoi je ne pense qu’à elle.
Je souffle un bon coup et décide de rentrer chez moi, il est temps que je continue à faire bonne figure et j’espère qu’ils partiront le plus vite possible. Quand je pénètre dans la maison, tout le monde me regarde.
— Où étais-tu ?
— J’ai fait une balade.
— Tu aurais pu m’attendre, j’aurais bien aimé la faire avec toi.
Non, je n’en ai pas du tout envie. Même si c’était pour faire vraiment une balade, je n’ai pas envie de me retrouver seul avec elle.
— J’aime bien être seul.
— Oh, ça, je le sais.
Elle se met à bouder dans son coin, je l’ignore, m’assois et commence à manger mon dessert auquel je n’avais pas encore touché. Quand le repas est enfin fini et qu’ils commencent à partir, je suis soulagé d’être enfin débarrassé d’eux. Mais c’était sans compter sur Marsila qui en veut toujours plus.
— Il faut que je te parle, Wayatt, on peut discuter deux minutes hors ?
Je voudrais pouvoir lui dire non, mais tout le monde nous regarde. Je fais un signe de tête, remets mon chapeau et la suis.
— Nous, on vous laisse, les enfants.
Une fois monsieur Jackson et sa femme partis, Marsila prend ma main et court. Je ne comprends pas tout de suite ce qui m’arrive et me retrouve dans la grange à côté avant de dire ouf. Elle me pousse et je me retrouve assis dans le foin.
Mais qu’est-ce qu’elle fait, bon sang ?
Elle enlève son haut et je constate qu’elle n’a pas de soutien-gorge. La vue de sa poitrine ne me fait pas du tout le même effet qu’avec Zoé tout à l’heure. Je commence à essayer de me lever, mais elle me pousse et se met à califourchon sur moi.
— Il est temps qu’on passe à la vitesse supérieure, Wayatt. Tu ne penses pas ?
Elle se frotte sur moi, mais rien, même pas un début d’érection, je veux juste qu’elle parte de mes jambes. C’est quand elle essaie de m’embrasser que je la pousse et me lève à toute vitesse.
— Mais pourquoi ? On aurait pu bien s’amuser, non ?
— Pas avant le mariage.
— Mais on n’est pas de jeunes vierges qui attendent le mariage pour en finir avec leur chasteté ! Pourquoi tu ne veux pas ?
Je ramasse son haut par terre et lui lance.
— Remets ça !
— Il faudra bien qu’on consomme à un moment ou un autre.
J’en frémis de dégoût. Rien que de penser que je vais devoir la toucher plus tard, ça me fait tout sauf envie.
— Après le mariage. En attendant, un peu de pudeur, Marsila.
Je la laisse là et rentre au pas de course jusque chez moi. Elle doit se poser beaucoup de questions. Oui, quel homme normalement constitué refuserait ce qu’elle a à offrir ? Mais je n’arrive pas à me faire à l’idée de coucher avec elle et je préfère attendre le mariage pour me forcer à faire ce dont je n’ai pas envie.
Quand je rentre, tout est débarrassé, il n’y a plus qu’à laver la vaisselle. Je verrai ça demain, je cours directement dans mon lit, pour me soulager et me débarrasser enfin de la vision que j’ai eue ce soir de la wedding planner. Quand je me sens plus serein, mes paupières se ferment toutes seules et, enfin, je peux me reposer. lendemain, mon train-train quotidien recommence. Le petit cheval ne va pas bien aujourd’hui et deux vaches sont prêtes à mettre bas. Je devrais rester ici à surveiller tout ça, mais je n’en ai pas envie. Moi qui, d’habitude, ne vis que par la ferme, je ne pense qu’à aller voir l’organisatrice de mariage. Je réveille mon frère qui est encore sorti, comme chaque soir.
— Tu veux quoi, Wayatt ? Tu ne vois pas que je suis en train de dormir ?
— J’ai quelque chose à faire, tu dois surveiller les deux vaches qui vont bientôt avoir leurs bébés. Le de Galopin ne me semble pas très en forme, il faut aussi s’en occuper.
— Je n’en ai pas envie.
— Je m’en fiche ! Je dois aller faire quelque chose et ça ne peut pas attendre. Je pars maintenant, alors tu as intérêt à faire ce que je te demande.
— Tu me fais chier, Wayatt.
— Les gros mots ! Tu veux que je te lave la bouche au savon comme faisait maman quand on en disait ?
Je n’attends pas de réponse, vais chercher mon cheval et me dirige chez les voisins. Je ne prévois même pas d’en prendre un autre, je sais parfaitement qu’elle ne saura pas le monter. J’ai hâte qu’elle soit avec moi. Aucune femme, à part ma sœur, n’est montée avec moi. Je trouve ça intéressant d’avoir son corps collé au mien. Moi qui n’aime pas les contacts, le sien ne me gêne pas.
Je m’arrête devant la maison et descends. Je frappe et c’est la femme de chambre qui m’ouvre.
— Oh, monsieur Mac Bryant, bonjour. Vous êtes venu voir mademoiselle Jackson ? Elle est occupée, mais je peux…
— Non, merci, je suis venu voir mademoiselle Clarks, nous avons un rendez-vous pour aller revoir le terrain où Marsila et moi devons nous marier.
— Oh d’accord, je vais la chercher tout de suite.
Elle laisse la porte ouverte, alors je rentre dans la maison pour attendre. Je dois quand même patienter de longues minutes avant de la voir enfin arriver. Mon Dieu, elle est magnifique ! Je reste quelques instants bouche ouverte à la regarder, mais je me reprends vite et baisse la tête. Elle est fiancée, moi aussi, et je la regarde comme si nous étions célibataires, ce qui n’est pas correct. Il faut que je me reprenne, bon sang !
— Bonjour, monsieur Mac Bryant.
— Bonjour, mademoiselle Clarks.
— Je ne vous attendais pas.
— Je pense vous l’avoir dit hier soir, pourtant, que je venais vous chercher aujourd’hui.
Elle penche la tête sur le côté et me regarde.
— Je n’étais pas sûre que c’était réel…
Un sourire naquit sur mon visage.
— J’étais pourtant bien là.
— J’hésite entre vous frapper et vous suivre.
— Moi, je propose que vous me suiviez.
— Hum, on va faire ça, car j’ai vraiment besoin de regarder l’emplacement de votre mariage plus longtemps. Je reviens.
Je la regarde partir, toujours avec le sourire. Je l’imagine bien, avec ses petites mains, essayer de me frapper. Ça aurait pu être drôle.
Elle me rejoint assez vite pour une petite fille de riches. Je ne l’attends pas à l’intérieur et vais dehors rejoindre mon cheval. Quand elle arrive, elle cherche quelque chose.
— Il n’y en a pas un autre ?
— Non, je pense que ça ne sert à rien, vu votre agilité à cheval.
— Vous recommencez à m’insulter ?
— Pas du tout, c’est juste un constat.
Elle essaie de grimper pour me rejoindre, mais, avec moi déjà dessus, elle n’y arrive pas. Je descends donc et l’aide à monter. Elle se penche comme elle l’avait fait la dernière fois au retour, mais, si je pars au galop, elle risque de chuter.
— Il faut que vous vous penchiez vers moi, sinon vous allez tomber.
— Je n’en ai pas très envie.
— Oui, mais vous n’avez pas le choix.
Elle pose son dos sur mon torse, ses cheveux arrivent pile à la hauteur de mon nez. J’aime son odeur, j’aime la façon dont son corps se moule au mien et… Mais à quoi je pense encore ? Grrr, je perds la tête ! Je pars le plus vite possible en essayant de ne pas penser à la femme qui est dans mes bras, mais c’est très compliqué. L’homme en moi, qui ne supporte habituellement pas le contact, se réveille. Il aime celui-là, apparemment. Je recule un peu mon corps pour qu’elle ne sente pas à quel point j’aime qu’elle soit collée à moi, je n’ai pas envie qu’elle s’imagine des choses. Non, plutôt, je crains qu’elle soit horrifiée.
Une fois arrivé, je descends le plus vite possible et sors ma chemise de mon pantalon pour la mettre au-dessus et cacher mon excitation. Zoé ne s’occupe plus de moi et part regarder les environs. Je m’assois dans l’herbe et scrute l’horizon en attendant, je n’ai rien d’autre à faire de toute façon. Au bout d’un moment, elle s’assoit à côté de moi et note des choses dans son cahier. Je la regarde de côté, elle a l’air très concentrée et à mille lieues de s’imaginer mon nouveau problème à l’instant.
— C’est vraiment magnifique et c’est calme.
— Oui.
Elle se tourne vers moi, elle est encore plus belle avec ce halo de soleil derrière elle.
— Je pense que j’ai tout. Juste, je voudrais savoir quel costume vous voulez.
— N’importe, je veux juste garder mes bottes et mon chapeau.
— C’est… C’est une blague ?
— Pas du tout. Dans ce coin, c’est la tradition.
— Euh, d’accord… Je vais voir ce que je peux faire. Y a-t-il une nourriture particulière qui vous ferait envie ?
Je la regarde et je pense que c’est elle que j’aimerais bien manger. Mais je me réveille aussitôt, ce n’est pas bien d’avoir des pensées comme ça. C’est pour ça que je décide qu’après aujourd’hui, je vais tout faire pour ne plus la croiser.
— On y va ?
— Euh… Oui.
Je l’aide à monter sur le cheval au plus vite et me remets derrière elle. Je lance le cheval au galop, il faut absolument que je m’éloigne d’elle. Une fois devant la maison, je la descends de là, le plus vite possible, en lançant :
— Je dois vous laisser, bonne journée !
Je fais cavaler mon cheval jusqu’à mon écurie, lui enlève la selle, le mets dans son box et m’assois par terre à même le foin. Je rapproche mes genoux de mon visage. Bon sang, qu’est-ce que je fais ? Je vais me marier et je fantasme sur une autre. Déjà, ça ne m’arrive jamais et il le faut encore moins maintenant. J’ai un contrat, même s’il me dit que, moi, j’ai le droit d’aller voir ailleurs. Elle aussi est fiancée et elle n’a donné aucune raison que l’attirance était réciproque.
Je me lève et commence à tourner en rond. Et cette érection qui ne faiblit pas ! J’entends du bruit, lève la tête et la vois, là, devant moi. Mais qu’est-ce qu’elle fait ? Pourquoi elle me suit ?
— J’ai fait quelque chose de mal ?
J’avale ma salive avec difficulté.
— Non.
— Alors pourquoi m’avez-vous déposée comme si j’avais la peste ?
— Je…
Elle s’approche de moi, ma respiration se coupe.
— Alors pourquoi ? Vous vous êtes excusé, non ? Vous êtes même venu dans ma chambre pour le faire.
Des images de son corps à moitié dénudé me remontent en mémoire.
— Je…
Elle est juste devant moi, je baisse la tête pour la regarder vu qu’elle est plus petite que moi.
— Alors ? J’ai fait quoi encore ? Je n’aime pas les mauvaises ambiances, surtout que je suis en train d’organiser votre mariage.
Toute mon envie pour elle redescend d’un coup. Mon mariage ! Ce foutu mariage ! Je recule d’un pas et regarde le sol.
— Pour rien.
Je passe à côté d’elle et commence à sortir de la grange.
— Monsieur Wayatt, je suis désolée si j’ai dit quelque chose de mal…
Je ne lui réponds pas et cours jusque chez moi, me réfugiant sous une douche froide.
J’espère qu’elle va vite me rafraîchir les idées…

Le Ranch Mac Bryant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant