𝑨̀ 𝒍'𝒂𝒓𝒐̂𝒎𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒏𝒐𝒔𝒕𝒂𝒍𝒈𝒊𝒆

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Aux douces premières notes de la guitare, la fumée de ma tasse me soupire des mélodies d'antan. Je frissonne d'émotions, la nostalgie s'enroulant autour des fibres de mes sensations, dévoilant les visages de mes insomnies.

Le chant des aspirations pour le passé berce ma peine et chatouille ma mémoire de souvenirs. Je revis mon enfance imprégnée de rêves aromatisés, me languissant de l'amour absolu dont l'étreinte persiste au plus profond de mon âme meurtrie.

Dans un coin du ciel, mes vœux ne sont que des morceaux de haine, et mes lamentations, des baumes fracassés. Mes souvenirs sont narquois et sournois, mais je reste dévouée. Je m'y abîme sur leurs saveurs de jasmin et de poésie, même teintés du venin acide de la réalité.

Enserrée par la douleur, je replonge dans le lac de l'obscurité, suffoquant comme si l'on m'avait dérobé l'air.

Fiévreusement, je déborde de désirs, cherchant à remonter le fil du temps, à préserver mes amours perdus de la moisissure de l'oubli.

Le jour où tout s'éteindra pour moi, je souhaiterai une douce révélation, des murmures de quiétude et de sérénité. Une main tendre sur mon cœur tant tourmenté, un sourire et un dernier soupir, le seul soupir qui soulage, le dernier souffle lourd de secrets à lâcher.

Je souhaiterais me retrouver en la présence de mes fantômes préférés, demeurer la seule survivante de la catastrophe fut la tragédie de ma vie.

Ils m'avaient quitté en premier, fragmentée de fissures, je reste près des vents mélancoliques à la recherche de leur compagnie, le regard voyageant dans les méandres d'un temps révolu.

Au seuil de la fin, je souhaiterai les avoir près de moi, tous vieux, tous abîmés par le temps, tous alourdis par nos péchés. Je les regarderais tendrement, et ils me souriraient de peine. On rigolerait pour la toute dernière fois, les larmes aux yeux. On ne pourra dire nos adieux, tout comme on n'a pas pu le faire avant. On se détesterait d'être si lâches et pénibles, mais l'amour subsiste, la compagnie tant désirée apaise, et le chagrin devient sacré.

Au seuil de la fin, on avalera nos aveux et les accusations avec, même si nos raisons sont tordues. On demeure hors de portée. Ils le savent, je le sais aussi. C'est la fin, cette fois-ci sans bataille, simplement un dernier souffle emportant avec lui tout le fardeau et la culpabilité qu'est notre histoire.

M'enterrer en dernier, la dernière pièce de la vérité. Fermer les coffres et les jeter dans les profondeurs des eaux troublées.

Malgré le désespoir, personne ne veut se quitter. On aspire à plus de vie, plus de temps, à changer les détails et à arranger les imperfections, à changer les chemins et à rester ensemble. Mais la mort finira par détrôner nos âmes d'enfants, son sabre sur nos gorges qui sanglotent pour ce qui aurait pu devenir de nous.

Aujourd'hui, au seuil de la fin, si près du vide, je voudrais leur dire que j'ai conquis l'oubli pour eux, que je leur offre l'éternité. Car dans ma mémoire, on persiste. Contre le temps, on court de nouveau ensemble dans les champs dorés, aussi libres et légers que les nuages de nos songes.

«12 𝑺𝑨𝑰𝑺𝑶𝑵𝑺 𝑫𝑬 𝑴𝑰𝑵𝑼𝑰𝑻.»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant