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Iris Bias.
20 octobre 2022, 11h30.
États-Unis.

« Iris ! »

J'accélère le pas, je refuse qu'il m'approche.

« Iris, s'il-te-plaît ! »

Il m'attrape le bras et me retourne face à lui.

« Il faut qu'on discute...

– Je n'ai rien à te dire.

– Moi, si. »

Il me tire dans une pièce et s'assure que personne n'y est. Depuis que nous sommes arrivés au Texas, je l'évite et jusqu'à là, je m'en sortais. J'ai bloqué son numéro de téléphone, ne supportant plus les appels et messages répétés mais depuis hier, il a décidé de me suivre dès qu'il en a l'occasion.

« Qu'est-ce que tu veux ?

– Je m'excuse des propos que j'ai tenu...

– Ne t'en fais pas, ça m'a confirmé que tu es un bel enculé. »

Il fronce les sourcils, je n'ai jamais été vulgaire mais là, je suis enragée.

« Tu dois me comprendre...

– Comment veux-tu ?

– J'ai travaillé comme un forcené pendant des années et mon père s'est sacrifié pour que j'en arrive là, je ne peux pas gâcher ça...

– L'idée que tu arrêtes ta carrière pour te consacrer à ce bébé ne m'a jamais effleuré, Charles !

– Comment vois-tu les choses, dans ce cas ? »

Je soupire et cherche une chaise, me sentant lourde. Cette nouvelle sensation est déplaisante mais je n'ai pas d'autres choix que de faire avec.

« Tiens, assieds-toi. »

Je m'installe, épuisée. C'est fou, j'ai un être-humain microscopique en moi et il arrive à me prendre l'entièreté de mon énergie.

« Ça va ?

– Oui, merci.

– Donc ?

– J'ai pensé que ça aurait été une évidence, comme ça l'a été pour moi, c'est tout...

– Ça ne te gêne pas d'arrêter la photographie, toi ?

– Non parce que je n'arrête pas. Ce n'est qu'un temps, rien de plus.

– Tu sais qu'à mes yeux, ça ne change rien entre nous ? Je t'aime et...

– Je n'avorterai pas, Charles. »

Il s'installe, lui aussi et cale son visage entre ses mains. Il n'a pas le contrôle donc ça l'énerve mais c'est comme ça. C'est mon corps donc c'est ma décision.

« Tu n'as que 23 ans, Iris et moi, 25. Comment peux-tu croire que nous serons de bons parents ?

– J'en suis convaincue, c'est tout. »

Il se redresse et me fixe. Je l'analyse et je comprends qu'il lutte contre une envie. Au final, il ose, le bras tendu :

« Je peux ? »

J'hoche la tête et sans entendre, sa main glisse jusqu'à mon ventre.

« Tu en es à combien ?

– J'arrive dans le quatrième mois. »

Soudain, je ressens un léger mouvement.

« Charles, tu as senti ? ai-je demandé, euphorique.

– Oui, c'était lui ? »

J'acquiesce et j'aperçois de la joie dans ses yeux. Est-ce qu'il va se rendre à l'évidence ? J'y crois. Cependant, il semble se résigner puisqu'il s'éloigne en secouant la tête.

« Je suis désolé, Iris mais je ne peux pas...

– Comme tu veux, je ne te force à rien.

– Je crois qu'il vaut mieux qu'on s'arrête là, toi et moi. »

Voilà ce que je redoutais : cette fameuse phrase. Allez, Iris... Tu ne dois pas te morfondre, il ne te mérite pas. Dorénavant, tu as ce p'tit truc, là, en bas et il t'aimera, lui.

« Si tu changes d'avis, je ne t'empêcherai pas d'être dans sa vie. »

Il se rapproche, ému. Non, Charles... C'est ta décision, ce n'est pas à moi de te réconforter.

« Tu me donneras des nouvelles pendant ta grossesse ?

– Si tu y tiens, oui. »

C'est à n'y rien comprendre, sérieusement.

« Je t'aime, Iris... Si j'avais d'autres choix, je resterais, crois-moi mais je t'ai prévenu : ma priorité, c'est Ferrari... »

Je me mords la lèvre, sachant qu'il s'agit de nos derniers échanges. C'est dommage, je pensais que nous nous étions trouvés, lui et moi mais peu importe. Une fois de plus, la vie en a décidé autrement.

« Je te souhaite d'être heureuse.

– Ouais, toi aussi... »

Je souris et nous échangeons une dernière embrassade dans laquelle il m'agrippe, désespérément. Je ressens sa peine et s'il continue, je ne parviendrai pas à retenir mes larmes.

« Allez, vas-t'en... » ai-je ri, lui claquant la fesse.

Je ne veux pas qu'il s'en aille avec une mauvaise image, je veux qu'il ne retienne que des souvenirs heureux alors je ne montre rien, un sourire aux lèvres alors qu'il pleure.

« Salut...

– Salut, Charles. »

__________

FIN.

Rendez-vous au prochain virageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant