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Iris Bias.
26 avril 2022, 19h20.
Maison des Bias, Grèce.

« Ma chérie ? C'est maman, tu m'ouvres ? Je t'ai apporté le repas. »

Je m'exécute, elle apparaît avec une mine inquiète, un plateau dans les mains. Je me force à sourire alors qu'elle tente de me prendre dans ses bras, ce que je refuse. Je l'aime, plus que tout mais, dans ces moments-là, j'ai besoin qu'on me laisse de l'espace. Je sombre depuis deux semaines et malheureusement, je commence à me plaire dans cette spirale infernale.

« Comment est-ce que tu vas ?

– Ça va, merci. »

Je m'assois dans mes couettes tandis qu'elle m'observe, mal à l'aise. La situation lui échappe et c'est une des choses qu'elle déteste, comme moi.

« Est-ce que tu souhaites qu'on en discute ?

– Maman...

– Comme tu veux mais je suis là pour toi, Iris...

– Merci. »

Je le sais, évidemment. Elle soupire puis elle se retire. Mon téléphone vibre une énième fois et je l'observe sans décrocher. Charles me harcèle, littéralement. Des dizaines d'appels et des centaines de messages dans le vide parce que je n'ai aucune envie de lui répondre.

« Merde ! »

Je jette mon portable à travers la pièce. Il s'écrase contre la porte puis retombe au sol. Le silence réapparaît, désormais. J'ai besoin d'être seule, physiquement et mentalement. Baptiste, William, Francesca et Pierre l'ont compris. Pourquoi lui, non ?

Je sais qu'il est en colère. Je suis partie, sans prévenir alors que nous nous étions engagés dans une relation sérieuse. Je ne donne aucune nouvelle et je n'ai pas été présente au Grand Prix d'Émilie-Romagne où il a terminé à la sixième place mais je n'aurai pas eu la force d'affronter ses questions.

Je ne supporte plus cette souffrance, c'est de la survie et je n'y arrive plus.  Discrètement, je me dirige vers la salle de bain dans laquelle je m'enferme et libère l'eau dans la baignoire. Je dois mettre une fin à ce que je ressens. Je plonge dans l'eau, les vêtements sur le dos et m'agrippe aux rebords. Je pleure. On ne me pardonnera pas ce que je m'apprête à faire mais je ne parviens plus à vivre sans lui, je ne ferai jamais le deuil. Je m'allonge jusqu'à être inondée, je ferme les yeux et, malgré les innombrables coups à la porte, je ne réagis pas. Je perçois des bruits assourdissants et des cris alarmants mais je me sens loin.

« Iris ! Iris, ma puce, tu m'entends ? Allez, je t'en prie... » sont les derniers mots qui me parviennent.

•••

Iris Bias.
27 avril 2022, 11h00.
Hôpital Général de Thira, Grèce.

« Comment va-t-elle ?

– Mieux, elle s'en remettra grâce à vous.

– Quand se réveillera-t-elle ?

– D'ici peu, je pense. »

Est-ce qu'on parle de moi, là ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Je me décide à me réveiller : une intense luminosité m'agresse tandis que je suis prise d'une violente migraine. J'analyse mon corps, vêtu d'une robe d'hôpital et constate un cathéter sur ma paume de main. Je remarque mes parents près de la porte, en pleine discussion avec un médecin et, tandis que je tourne la tête vers le reste de la chambre, je trouve Baptiste et William.

« Iris ! » a crié mon frère en se précipitant jusqu'à moi.

Il niche son visage dans mon cou alors que j'emprisonne le sien de mon bras. Je me remémore les derniers événements et des pleurs me viennent. Je me sens honteuse.

« Mon dieu, Iris... Tu es là, hein ? Tu es là et tu vas bien ? »

Il dépose une main sur ma joue et de l'autre, il me place une mèche de cheveux derrière l'oreille. À ce moment précis, je me sens aimée et libérée de la moindre peine.

« La prochaine fois que tu me fais une chose pareille, je te tue de mes mains, Iris Bias ! » est intervenu William.

Je ris, doucement. Ma mère pleure et mon père me serre dans ses bras avant que nous ne commencions diverses discussions, sans évoquer la raison de ma présence dans cet établissement. Mes parents partent en quête de notre prochain repas et de suite, une question me trotte dans la tête.

« Je n'ai rien dit, si c'est ce que tu te demandes.

– À personne ?

– À personne. Ni Francesca, ni Pierre, ni Charles.

– Merci... »

Il m'adresse un signe de la tête, les mains dans les poches. Je sais qu'il a une question, lui aussi mais je ne sais pas si j'ai envie de lui répondre.

« Pourquoi ? a-t-il osé.

– Quoi ? ai-je répondu, bêtement.

– Pas à moi, 'ris... Tu sais de quoi je parle alors réponds-moi...

– Baptiste...

– C'est pour la même raison que tu es partie ?

– Non... Je n'avais pas l'intention de rentrer en Grèce mais j'ai reçu un appel lorsque je suis rentrée à l'appartement... Je n'avais pas le choix, je t'assure...

– Un appel ? De qui ? »

Aucun son.

« Iris ? Dis-moi !

– Des parents d'Álvaro... »

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