Rendez-vous au prochain virage

11.

Charles Leclerc.
03 Avril 2022, 10h45.
Appartement de Charles.

Ce matin, c'est difficile. J'ai enchaîné les verres et je commence à regretter lorsque je suis pris d'un énorme mal de tête. Je n'ai que de vagues souvenirs de la veille.

Je me redresse, entraînant les draps avec moi et souffle en me passant une main dans les cheveux. Un grognement est émis derrière moi. J'ai fini la soirée avec Iris ? Je m'apprête à lui faire face, un sourire sur les lèvres mais je me fige, aussitôt. Ça n'est pas elle mais une femme nue, aux cheveux roux. Mais qu'est-ce que j'ai foutu, putain ?

« On se réveille. » ai-je dit, froidement.

Je m'habille tandis qu'elle ouvre les yeux sans comprendre. Je lui envoie ses affaires mais je suis en panique. Merde, Iris ne me pardonnera jamais...

« Qu'est-ce qu'il se passe, putain ? s'est-elle agacée.

– Tu dégages. Maintenant.

– Quoi ? Pourquoi ?

– Cette nuit, c'était une erreur alors s'il-te-plaît, fais ce que je te dis et sors de chez moi.

– C'est toi qui m'a embrassé, je te signale !

– Je n'aurais pas dû.

– Tu regrettes ?

– Oui alors tu prends tes affaires et tu te casses.

– C'est à cause de cette salope, c'est ça ?

– Maintenant ! »

Elle claque la porte et je m'effondre au sol. J'ai déconné, encore... Je me précipite sur mon téléphone, espérant ne pas avoir été vu avec elle. Auquel cas, je risque d'avoir une sacrée réputation auprès des femmes. Je m'aperçois d'un message de Pierre, contenant un lien sur lequel je me rends.

« Charles Leclerc, infidèle ?

Récemment, le monégasque a été aperçu en bas de son immeuble à Monaco, accompagné d'une charmante demoiselle.

Cependant, qu'en est-il d'Iris Bias, photographe qu'on lui a attitré chez Ferrari, avec qui les liens ont été intimes, ces derniers mois ?

Selon vous, était-ce une relation sérieuse ou une aventure qu'il a remplacé sans une pensée pour la blonde ? Une chose est sûre : le charme du jeune homme continuera de briser des cœurs puisque qu'il a décidé de profiter de sa jeunesse.

La photographe, arrêtée près de chez elle, n'a pas souhaité répondre à nos questions. »

Je suis dans la merde, là.

iMessage
Pierre Gasly.

< Dis-moi que c'est une mauvaise blague.

Aussitôt, je lui téléphone.

« Allô ?

– Qu'est-ce que tu veux ?

– Pierre, ne...

– Je ne sais pas à quoi tu joues mais c'est n'importe quoi ! m'a-t-il coupé.

– J'ai bu et...

– Non, a-t-il ri, amèrement. Ça, c'est pas une excuse. Si tu ne tiens pas l'alcool, tu ne t'en approches pas.

– Je ne savais pas que j'en arriverai là, crois-moi ! Je ne me souviens de rien...

– Je ne plaiderai pas ta cause, Charles. Tu rameras sans moi, cette fois.

– S'il-te-plaît... »

En fond, j'entends des coups à une porte puis une voix que je connais comme ma poche : Iris.

« Je te laisse... »

Il me raccroche au nez. Je ne peux pas lui en vouloir : il s'est attaché à elle, autant qu'àmoi et j'ai fauté. C'est à moi de réparer les dégâts.

Je décide de rejoindre l'hôtel où mon ami et sa compagne se sont installés, attendant le prochain Grand Prix. Je lui dois des explications, bien qu'elles n'excuseront rien. Je demande le numéro de chambre et m'y rends, toquant à cette dernière. Francesca ouvre et ses yeux me foudroient, directement.

« C'est qui ? demande le pilote d'AlphaTauri.

– L'ennemi à abattre. »

Un silence s'installe alors qu'il se ramène et me bloque le passage, lui aussi.

« Qu'est-ce que tu fais ici, Charles ?

– Je suis là pour elle.

– Elle n'est pas ici, m'a répondu Francesca.

– Je sais que tu mens. »

– C'est bon, les gars... Ça ira... »

Iris est là, derrière eux et ça me brise. Elle a les yeux bouffis et fatigués, signe qu'elle n'a pas dormi et qu'elle a pleuré. Elle s'est vêtue d'un survêtement large, appartement à son frère, probablement.

Elle se positionne dans l'encadrement alors que Pierre dépose une main compatissante sur son épaule et que son amie lui offre une énorme étreinte.

« Tu m'appelles si tu as besoin, ok ? »

La blonde confirme en hochant la tête.

« Je t'écoute.

– Je suis navré, Iris. Ce que tu as appris dans les médias, je ne voulais pas... Je m'en veux à un point, si tu savais... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris...

– Moi, je sais. Tu étais jaloux, une fois de plus. »

J'ai quelques souvenirs : c'est vrai, je l'ai été et je n'arrive pas à comprendre pourquoi est-ce que je me comporte comme ça. Ça n'est pas mon genre, au contraire. J'ai tendance à faire confiance, en général mais là, je n'ai jamais partagé une histoire semblable à la nôtre et je ne sais pas comment gérer la situation. Une chose est sûre : je ne supporte pas qu'un autre homme l'approche et même si ça n'est pas le cas, j'adorerai que mon cœur succombe à son charme.

« Si tu penses que je t'en veux, tu te trompes.

– C'est vrai ?

– Oui. Dans mes souvenirs, nous n'avions pas convenu d'une relation sérieuse et on a vu où ça a mené, comme convenu. J'ai compris que ça n'a été que du sexe et que j'ai perdu mon temps.

– Quoi ? Mais non... Ce n'est pas...

– Je commençais à t'apprécier, Charles et si je devais être honnête, ça dépassait le plan physique à mes yeux.

– Iris, je t'en prie... l'ai supplié les larmes aux yeux.

– Demain, je donne ma démission à Mattia. »

Voilà que je tombe de dix étages. Elle démissionne ? C'est impossible. Je refuse qu'elle fasse une croix sur sa carrière à cause de cette histoire.

« Quoi ? Non ! Iris, tu ne peux pas ! C'est... C'est ton rêve, putain !

– Bonne continuation, j'espère que le reste de la saison sera bonne. »

Elle referme la porte et je me permets de lâcher quelques larmes, blessé.