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Iris Bias.
10 avril 2022, 15h30.
Circuit de l'Albert Park, Australie.

« Iris, tu es prête ? La course commence dans une demi-heure ! » crie Max.

J'attrape mon matériel en quatrième vitesse puis le rejoins. Nous discutons jusqu'aux paddocks où l'on retrouve Christian. Il me donne une veste et une casquette à l'effigie de l'écurie ainsi qu'un laissez-passer, que je me passe au cou. Je m'avance sur la piste en face des stands et observe les équipes s'affairaient sur les monoplaces, je m'arrête sur l'une d'entre elles.

Il est là, sa combinaison nouée à la taille et le rouge le sublime. Ses cheveux sont défaits et sa barbe repousse, le rendant plus désirable que jamais. Il a d'énormes cernes ainsi qu'une moue déprimée et ça me donne envie de me précipiter dans ses bras. Non, Iris. Tu restes à ta place, tu mérites mieux. Tu ne souffriras plus, tu ne lui en donneras plus l'occasion.

Je m'autorise à prendre quelques clichés de lui puis me recentre sur mon pilote attitré. Il est différent de la première impression qu'il m'a donné : il est ouvert à chacune de mes propositions et s'implique plus que je ne l'attendais de lui, ce qui me rend le travail facile. Souvent, je n'ai pas la sensation de travailler à ses côtés. On passe notre temps à rire, se taquiner ou à titiller une bonne partie des membres de Red Bull Racing, dont Christian. Une fois de plus, d'ailleurs, il nous sermonne.

« Je vais commencer à regretter que tu sois là, Iris ! a-t-il ri. Allez, on se concentre ! Tu bombardes et on fera le tri, après ! »

J'hoche la tête et reprends mon sérieux, j'adore ce que je fais. Grâce à Charles – et je lui en suis reconnaissante, je me découvre une passion pour la Formule Un. L'adrénaline résonne en moi et je ne parviendrais plus à m'en passer. C'est une ambiance formidable, bien qu'un train de vie à accepter. Régulièrement, mes parents me téléphonent, inquiets du rythme à suivre. Ça me fait drôle de ne plus me rendre chez eux, nous avons une relation complice et nous étions inséparables. Ils ont eu du mal à accepter mon déménagement à Monaco mais ils auront une bonne raison de rappliquer, désormais.

Le départ est donné : les pilotes démarrent à vive allure, zigzaguant pour prendre la meilleure position.

Au vingt-septième tour, la monoplace du Monégasque a sous-viré dans le dernier virage avant la relance de course. Allez, bon sang... Tu peux y arriver...

Je ne supporte pas le bon pilote et je le sais mais c'est plus fort que moi, il mérite cette victoire, plus que n'importe qui. Il s'est battu pour en arriver là et ses efforts doivent être concluants.

Après cette petite angoisse, Charles a repris de l'avance, me réjouissant. Discrètement, j'immortalise ses prouesses.

Au trente-neuvième tour, le Néerlandais est à l'arrêt, son moteur ayant pris feu. Je suis déçue qu'il ne puisse plus se battre. L'abandon est difficile à avaler pour une personne aussi compétitive que lui. Je m'accorde quelques photos de Pierre avant de me recentrer sur la course.

Drapeau à damier : Charles remporte le Grand Prix d'Australie, suivi de Sergio Perez et George Russell.

Je contiens ma joie, ne souhaitant pas être irrespectueuse envers Red Bull Racing et surtout, envers Max. Le brun quitte l'habitable de son véhicule, le poing vers le ciel. Je crois que c'est ce que je préfère : le sourire et l'excitation de Charles après une victoire. C'est magnifique à voir, j'en ai des frissons.

« Fais chier, putain ! »

Je me retourne, inquiète. Max a jeté ses gants et sa cagoule, furieux puis a quitté les paddocks en claquant la porte. J'accours jusqu'à lui.

Rendez-vous au prochain virageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant