Chapitre 24

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Cinq jours plus tard. Dalanda profita de l'absence d'Hassan et Najma pour faire un tour à la cave. Comme d'habitude, elle y trouva Ebenezer couché sur le côté, nu, affaibli. Plus le temps passait, plus il perdait en masse musculaire. Cela l'arrangeait bien mais elle ne voulait pas le laisser mourir de faim. Ce serait trop facile.

-Vous n'êtes pas encore mort? Dieu merci, dit-elle ironique. Je vous ai apporté à manger. 

Elle déposa le plat par terre et le poussa du pied jusquà Ebenezer. Puis, elle s'assit en regardant le pauvre essayer de se lever pour atteindre le plat qui n'était pourtant pas si loin de lui.

-Devinez qui j'ai vu la dernière fois ou plutôt, qui est venu me voir pour me demander de l'aide.

Elle se tut un moment avant d'annoncer, triomphante:

-Denise.

Les yeux d'Ebenezer s'ouvrirent grandement. Avec ses dernières forces, il réussit à murmurer:

-Denise...

-Votre femme est venue me voir parce que vous avez encore découché et vous n'êtes pas rentré. Même si au début, elle voulait penser que la police avait mis la main sur vous pour violences conjugales, elle espérait au moins que vous rentreriez plus tard. L'idiote. Comme si vous l'auriez épargnée si la police vous avait relâché. 

Dalanda soupira.

-Je n'ai pas pu lui dire où vous étiez et surtout ce que vous avez fait pour être là où vous êtes en ce moment. Vous l'imaginez bien, je n'aurais pas pu me venger. Enfin, bref...je suis gentille et je l'ai emmené à la police signaler votre disparition. Inutile de vous dire qu'on vous retrouvera mort.

-Denise...

-Au fait, vous l'imaginez comment votre mort? Strangulation? Electrocution? Egorgement? Non, l'égorgement serait trop cruel. Et puis, on pensera forcément à un sacrifice rituel. ça m'arrangerait bien mais non...je veux que votre mort ait un lien avec une histoire de viol. Je sais déjà comment procéder mais je dois encore peaufiner tout ça.

A ce moment, son téléphone sonna. Elle regarda l'écran et décrocha, tout sourire:

-Vu l'indicatif du pays, je devine que tu es de retour. Parfait, on se voit dans une heure. Actuellement, je dois encore régler deux ou trois trucs. Je t'enverrai l'adresse. J'espère que tu n'as pas oublié ce que je t'ai demandé. Parfait, à tout à l'heure.

Elle raccrocha et soupira dans un grand sourire.

-L'arme du crime est arrivée. Je vais la récupérer. Mais avant...

Elle sortit une seringue de sa poche et la lui injecta. Le pauvre ne pouvait même plus se débattre.

-Ce n'est même pas drôle, déclara-t-elle. Moctar, lui, avait au moins de la répartie et gigotait parfois. Allez, faites un bon dodo. Vous en aurez besoin, croyez-moi.

Lorsqu'elle le vit fermer les paupières, elle attendit 15 minutes afin d'être sûr qu'il était profondément endormi. Elle avait l'intention de lui couper les mains et les pieds. Eveillé, il aurait pu crier et cela l'aurait déconcentrée. Dalanda parcourut la table disposée à l'angle sur laquelle étaient posés ses "outils de travail". Sectionner les membres de son prisonnier ne lui procurait pas autant de plaisir comme avec Moctar. Elle avait l'impression de se répéter dans sa punition. Mais c'était nécessaire pour la suite. Le couteau lui ferait perdre trop de temps; la tronçonneuse ferait trop de bruits. La hache ainsi que la scie ne feraient pas le travail proprement. Mais elle devait se décider. Elle avait un rendez-vous important.  Finalement, elle opta pour la tronçonneuse. Beaucoup plus rapide, elle aura fini en moins de deux. Ce qu'elle fit en maudissant intérieurement les industries de fabrication de tronçonneuse. "Elles devraient en fabriquer de plus silencieuses". Le travail achevé, elle balança les membres sectionnés d'Ebenezer quelque part au fond de la cave, le temps de trouver une meilleure cachette. Après avoir vérifié qu'aucun curieux n'était dans les alentours, elle enferma Ebenezer à double tour dans la cave avant de prendre rapidement une douche. Puis, elle prit sa voiture et sortit rejoindre son mystérieux contact. Ce dernier l'attendait à Tibé, une ville à une heure de Niémé. "Je serai de retour très vite et personne ne remarquera mon absence", se disait-elle pendant qu'elle roulait à vive allure vers la ville voisine, qu'elle rejoignit plus tôt que prévu. Elle stationna en face d'une palmeraie et descendit. A l'intérieur de cette immense palmeraie, se dressait un conteneur abandonné que certains riverains utilisaient de temps à autres pour stocker leurs récoltes. 

Répression sanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant