CHAPITRE 12

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Dalanda et Najma venaient de rentrer à la maison. Elles furent accueillies par une bonne odeur provenant de la cuisine.
- coucou, on est là !
Celui-ci sortit de la cuisine, le front perlé de sueur, un tablier tâché de sauce.
- ça sent bon, papa. Qu'est ce que tu cuisine?
- sauce tomate et poulet avec du riz.
- miam, j'en ai l'eau à la bouche. Je vais ranger mes vêtements.
- vas y ma chérie, déclara Dalanda qui s'assit sur une des chaises. Lorsque Najma partit, Hassan engagea la conversation:
- votre journée s'est bien passée apparemment. Elle déborde d'énergie.
- en effet...je ne l'avais pas vu comme ça depuis un bon moment. Mais quelque chose me dit qu'on n'est pas encore sorti de l'auberge...
- ne sois pas pessimiste...je suis sûre que désormais, elle fera tout pour tourner la page.
- je l'espère...bon, je monte me changer.
Elle se leva, lasse et monta les marches de l'escalier. Une fois dans sa chambre, elle se jeta sur son lit en respirant bruyamment. Son esprit était en proie à des doutes. Si Najma avait réellement entendu un truc venant de la cave, elle pourrait être tentée d'aller regarder juste pour se rassurer. Et cela ne présagerait rien de bon pour Dalanda. Que pouvait-elle faire ? L'emmener dans un endroit plus discret? Ce serait risqué. Elle ne pouvait pas non plus le garder plus longtemps. Elle poussa un profond soupir puis se leva. Elle troqua sa robe contre un pantalon et un tricot à manches courtes. Elle s'assit devant sa coiffeuse et se regarda dans le miroir un moment. Elle passa lentement ses mains sur son visage, comme si elle ne se reconnaissait pas. Il lui semblait voir une autre Dalanda, une Dalanda monstrueuse, sans pitié. Plus elle culpabilisais, plus elle se rendait compte qu'elle n'avait rien à se reprocher. "Si Moctar n'avait pas violé Najma, rien de tout cela ne serait arrivé. Tout ça c'est de sa faute, il mérite plus que ce que je lui fais subir!" Pensa-t-elle en serrant les poings. Elle se regarda à nouveau dans le miroir. Et elle sursauta quand elle aperçut Najma derrière elle.
- ma chérie...je ne t'ai pas entendue arriver.
- la colère déforme ton visage, maman...elle te donne un air effrayant.
- mais...je ne suis pas en colère...
Najma s'assit près de sa mère et lui prit les mains.
- je te connais maman. Tu as tendance à tout encaisser dans le silence, à ne jamais montrer tes émotions. Mais il n'y a qu'à voir dans ton regard pour savoir ce que tu ressens...et là, présentement, tu me fusille du regard sans même t'en rendre compte.
Dalanda détourna le regard. Sa fille la connaissait plus que son propre mari. Elle s'efforça à sourire et déclara :
- je te promets que je vais bien...allons manger.
Elles se prirent la main et allèrent à la salle à manger où Hassan attendait. Elles l'aidèrent à mettre les couverts avant qu'il n'apporte la soupière pleine d'une sauce encore toute fumante. Elle sentait bon et avait une belle couleur.
- dis moi mon chéri, depuis ce matin, tu es aux commandes à la cuisine. Tu n'essaierais pas de me lancer un défi par hasard?
Ils éclatèrent de rire.
- je suis innocent, moi... tu sais bien que je suis meilleur que toi en cuisine. Mais avec le travail, je n'ai pas trop le temps de démontrer tout mon talent. Du coup, aujourd'hui, vu que je suis là, j'essaie de voir si je n'ai pas perdu la main.
- tu es meilleur que moi hein, tu dis? D'accord. Je te lance un défi !
- lequel?
- l'anniversaire de Najma c'est dans deux mois. Elle choisira le repas qu'elle voudra manger ce jour-là. Et tous les deux, la veille, on fera quelques échantillons qu'elle devra goûter. Celui qui remporte le défi s'occupe de la nourriture le jour de l'anniversaire.
- comme l'a dit mon enseignant de Droit International Humanitaire à l'époque, la guerre c'est une histoire de gentleman. Tu me déclare la guerre, je viendrai volontiers.
Ils se serrèrent la main sous le regard amusé de Najma.
- que veux-tu manger ce jour-là, ma chérie ? Demanda Dalanda pendant qu'ils s'asseyaient pour le déjeuner.
- hum...je ne sais pas maman. Je vais y penser et ce soir vous aurez ma réponse.
- moi je sais que ta mère a déjà perdu.
- tu feras moins le malin quand Najma choisira mon plat plutôt que le tien.
Ils rirent et commencèrent à manger. Après le déjeuner, Dalanda et sa fille complimentèrent Hassan sur le goût savoureux de son repas. Après quoi, ils accomplirent la prière et chacun rejoignit sa chambre pour la sieste.

Répression sanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant