CHAPITRE 5

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Najma était venue au rendez-vous comme convenu. Elle avait l'intention d'en finir une bonne fois avec cette mascarade. A cette heure de la nuit, le lieu était désert. Seuls quelques chiens erraient dans les environs.
Elle s'adossa à un mur qu'elle avait repéré. Plus le temps passait, plus elle se demandait si elle avait prit la bonne décision.
- bonsoir ma belle.
Najma reconnut la voix de Moctar. Elle avait le pouvoir de la glacer d'effroi. Cependant, elle demeura imperturbable.
- bonsoir Moctar. Tu m'as dis que tu voulais me voir, me voilà.
- d'abord, j'aimerais savoir comment tu vas. Ensuite, m'excuser pour ce qui s'est passé ce matin. Ce n'était pas volontaire, je te promets. Tu m'avais poussé à bout et...
Najma lui fit signe de se taire.
- donc c'est de ma faute si tu m'as traitée aussi mal ce matin? Tu n'as pas honte de trouver en moi le bouc émissaire pour justifier ton agressivité ? Qu'est ce que j'avais fais de mal? As-tu seulement cherché à comprendre avant de me traiter ainsi ?
- Najma, je...
- je vais être claire avec toi grand frère. Je n'ai aucun compte à te rendre sur ce que je fais, avec qui, où, comment ni pourquoi. Toi et moi il n'y a rien et il n'y aura jamais rien. Je ne peux pas être avec un homme qui ne peut pas maîtriser sa colère et qui n'hésite pas à faire du mal quand il prétend être blessé.
Moctar baissa la tête et Najma se sentit plus déterminée que jamais à lui tenir tête.
- je suis venue te rendre tes cadeaux. J'ai été obligée de les accepter parce que Syra ne sait absolument rien de ce que tu me fais subir. De toutes manières, elle ne me croira jamais. J'ai essayé d'être polie avec toi depuis tout ce temps mais tu n'as pas cessé de me brutaliser. Prétendre aimer une personne et la violenter, quelle preuve d'amour originale!
- comment oses-tu? Fit-il en haussant le ton.
- tu ne me cries plus dessus!!!
Elle avait haussé encore plus le ton que lui ce qui le laissa muet de surprise.
- je ne veux pas être avec un homme aussi hypocrite que toi. Tout le monde pense que tu es un garçon exemplaire, alors que tu n'es rien de plus qu'un menteur.
Voici ce que je fais de tes cadeaux.
Elle ouvrit la boîte de chocolat et renversa le contenu dans le sable sous le regard ahuri de Moctar. Puis, en le regardant droit dans les yeux, elle déchira la lettre en petits morceaux avant de les lancer en l'air.
- je ne veux plus te voir! La prochaine fois que tu oseras me brutaliser je te dénoncerai à ma mère ! Adieu!
Elle tourna les talons pour repartir quand il lui saisit le bras et l'obligea à se retourner avant de lui administrer une gifle retentissante. Le choc la fit tomber à la renverse.
- tu vas me dénoncer à ta mère ? On verra si tu seras encore en vie pour le faire après la correction que je m'apprête à te donner! Je vais t'apprendre les bonnes manières petite idiote !
Il lui administra à nouveau une violente gifle du revers de la main qui la fit saigner des lèvres.  Il la saisit par les cheveux et la traîna dans le sable comme un vulgaire sac de riz jusqu'à une maison inachevée non loin de là.
Elle se débattait comme elle pouvait en criant à l'aide mais personne ne pointait son nez. Il la fit entrer de force et la projeta contre le mur. La violence avec laquelle elle se heurta eut pour effet de la faire saigner de la tête. Ses larmes se mirent à couler.
- au secours! Aidez moi!
- ferme la! Hurla-t-il.
Elle ne l'écouta pas et continua à crier dans l'espoir que quelqu'un l'entende. Cela accroissa la fureur de Moctar qui lui sauta à la gorge pour l'étrangler.
- tu vas te taire, oui??!!
Najma se mit à suffoquer, tant la pression de la main de Moctar sur son cou était violente. Elle lut dans ses yeux une colère indescriptible et un plaisir indéfectible de la voir à sa merci.
- tu fais moins la maligne maintenant, hein ?
Il ressera son étreinte autour du cou de Najma qui était sur le point de perdre connaissance. Puis il la lâcha et elle retomba sur le sol.
- tu as osé refuser d'être à moi? Tu ne seras à personne d'autre, je t'en fais le serment!
L'air menaçant, il détacha sa ceinture qu'il enroula autour de son poignet.
- grand frère...aies pitié s'il te plaît, balbutia-t-elle la voix suppliante empreinte de sanglots. La ceinture s'éleva dans l'air, siffla avant de s'abattre sur le corps déjà meurtri de Najma qui hurla sa douleur. Ses cris ne faisaient qu'encourager son bourreau à la fouetter encore plus.
- grand frère, arrête ! Arrête !
- comment oses-tu me repousser? Comment oses-tu?
Les pleurs et les appels à l'aide Najma ne suffirent pas à toucher son coeur. Il la battit pendant une bonne quinzaine de minutes avant de jeter sa ceinture et s'adosser à l'un des murs, visiblement épuisé. Son front était perlé de sueur et il haletait tant il était essoufflé. Le corps de Najma gisait par terre, ensanglanté, comme inerte. Elle avait tellement crié et pleuré qu'elle était affaiblie. En le voyant se diriger vers la sortie, dans un ultime effort, elle commença d'une voix cassée :
- ne crois pas que tu vas t'en tirer...je vais te dénoncer à ma maman...
- personne ne te croira, fit-il avec un sourire pervers. Ce sera ta parole contre la mienne. Personne ne m'a vu, tu n'as donc aucune preuve contre moi, ma belle.
- tu te trompes...avant de venir te rencontrer, j'ai laissé un mot sur mon lit...j'y ai mentionné que je venais te rencontrer et que s'il m'arrivait quelque chose...ce serait toi le responsable...
Elle esquissa un sourire triomphant malgré la douleur dûe à ses lèvres ensanglantées. Il se retourna et bondit sur elle:
- je vois que la leçon ne t'a pas servie!
Il se remit à l'étrangler. Elle se mit à se débattre en essayant de se défaire de ses bras. A force de remuer les pieds, sa jupe remonta au niveau de sa cuisse, laissant apparaître son dessous. Moctar le remarqua et une nouvelle idée germa dans son esprit. Il voulut avancer la main vers l'entrejambe de Najma et celle-ci ayant suivit son geste leva brusquement le pied et lui envoya un coup violent à la bouche qui le fit tomber à la renverse. Rassemblant ses dernières forces, elle essaya tant bien que mal de se relever et courut vers la sortie.
- reviens par là!
Il se lança à sa poursuite mais n'eut aucune peine à la rattraper. Elle était tellement mal en point qu'à peine 100 mètres, elle s'écroula.
- j'aurais voulu que les choses se passent autrement. Mais tu ne me laisse pas le choix.
Il se mit à lui déchirer sauvagement ses vêtements, pendant qu'elle se débattait comme une furie. Il lui serra le cou à nouveau:
- plus tu te débats, plus tu me donne envie, Najma.
Elle lui cracha au visage.
- tu me dégoûte !!!
Il sourit puis s'essuya le visage. Brusquement, il s'allongea sur elle et commença à l'embrasser comme un forcené pendant qu'elle essayait de se défendre.
- tu devrais te laisser faire...ne t'inquiètes pas tu ne ressentiras pas trop de douleur.
Elle sentit son membre viril se frotter sur sa jambe pendant que sa main se baladait sur sa poitrine, son souffle dans son cou. Elle avait envie de vomir.
- au secours !
Il ressera son étreinte autour de son cou et la pénétra violemment. La brutalité de cet acte et la douleur indescriptible qui en résulta la fit hurler à en perdre la voix. Sa bouche resta ouverte, le regard perdu dans le néant. Elle venait de s'évanouir.

Dalanda avait une tête affreuse. Sa fille était sortie depuis la veille et n'était pas rentrée dormir. Elle avait appelé toutes les amies chez qui elle aurait pu être mais toutes avaient donné la même réponse "on ne l'a pas vue". Elle avait téléphoné au moins 5 fois à Syra et toujours rien. Elle pleurait, abattue, pendant que son mari parlait avec des agents de police de la ville.
- voici une photo de ma fille. Elle a 14 ans. Elle n'a jamais fugué et nous pensons vraiment qu'il lui est arrivé quelque chose.
- ne vous inquiétez pas monsieur, nous ferons de notre mieux.
Dalanda s'allongea sur le canapé. Elle avait un mauvais pressentiment.
- quelque chose est arrivé à notre fille, Hassan, je le sens...
Elle se mit à sangloter.
- ne sois pas pessimiste ma chérie...elle est certainement allée chez son répétiteur et...
- Tu ne trouve pas ton argument tiré par les cheveux? Najma n'est jamais sortie sans nous dire où elle allait, avec qui elle sera et à quelle heure elle rentrera. De plus elle n'est jamais sortie au milieu de la nuit. Quelqu'un a enlevé ma fille...
Elle se mit à sangloter. Hassan essayait de rassurer sa femme mais il savait qu'elle avait raison. Il ne voulait pas imaginer le pire mais ils étaient sans nouvelles depuis la veille et n'avaient pas dormi tant l'inquiétude grandissait au fur et à mesure que le temps passait.
- je vais me préparer pour aller au commissariat, déclara-t-il d'une voix fatiguée. Essaie de dormir un peu...
Dalanda regarda l'heure. Il était 9h du matin. Toujours en pyjama, elle sortit s'arrêter devant le portail. Elle s'assit sur les marches, la main sous le menton, le regard perdu. "Najma, où es-tu ma fille?" Se demandait-elle incessamment. Une larme coula, elle l'essuya bien vite. De loin, elle aperçut une femme courir à sa rencontre, affolée :
- madame Dalanda! Madame Dalanda! Venez vite!
Dalanda ne comprenait pas.
- qu'est-ce qu'il y a?
- un corps a été retrouvé au terrain vague...une jeune fille...elle a le corps couvert de blessures...
Dalanda eut le souffle coupé. Non, ça ne pouvait pas être ce qu'elle pensait.
- Dieu merci,.elle respire encore...mais elle a perdu connaissance. Venez madame, il faut faire quelque chose.
Elle se leva, le coeur battant et suivit la femme jusqu'au lieu indiqué où elle trouva un attroupement autour d'un corps à même le sol. Plus elle avançait pour voir le corps, plus elle sentait son coeur battre tellement fort qu'elle avait l'impression qu'il allait lui sortir de la poitrine.
Elle était devant le corps. Fébrile, elle s'accroupit et mit le corps sur le dos pour bien voir son visage. Les blessures au visage empêchaient Dalanda de reconnaitre le corps; cependant elle remarqua que la victime, toujours inconsciente, avait un collier autour du cou. Le médaillon traînait dans le sable et Dalanda le retira afin de lire...
- Nana...
Dalanda ouvrit des yeux horrifiés. Elle hurla tellement fort que toutes les personnes présentes se bouchèrent les oreilles. C'était un cri de douleur tellement perçant que certaines femmes eurent les larmes aux yeux, sans savoir pourquoi.  C'était le collier de sa fille. C'était le corps de sa fille. Sa fille, son bébé...
- Najma! Najma! Ouvre les yeux, Najma! Najma...
Elle serra le corps de sa fille contre sa poitrine et pleura toutes les larmes de son corps. Elle hurla sa douleur de mère, de voir la personne qu'elle aimait le plus au monde dans un tel état.
- qui t'a fais ça, mon bébé...Najma...
Hassan fit irruption à l'instant. Une des femmes présentes était allée le prévenir de la situation. Choqué, il tomba à genoux et ses larmes coulèrent.
- je t'avais dis qu'il était arrivé malheur à notre fille Hassan...je te l'avais dis...regarde ce que l'on a fait à ma fille, mon bébé...
Elle sanglota de plus belle. Au loin, la sirène d'une ambulance qui approchait. Les médecins eurent du mal à séparer Dalanda du corps de sa fille, elle refusait qu'on emmène sa fille loin d'elle. Elle dut malgré elle les laisser l'emmener après près de 10 minutes de lutte avec eux et Hassan partit avec eux. La foule s'était dispersée. Seules quelques femmes, compatissantes, restèrent près d'elle pendant que ses larmes inondaient le sable chaud...

Répression sanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant