Chapitre 11 - Astrée

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       Surpris, il lève la tête pour voir qui s'adresse à lui depuis la rambarde, avant de faire abstraction en voyant que ce n'est que moi.

Je ne sais pas ce qu'il fiche ici à la nuit tombée, assis tout seul sur ces marches presque gelées. J'analyse son air contrarié et j'ai beau le détester, il n'a vraiment pas l'air bien. Étrangement, pour une fois j'ai l'impression que ce n'est pas seulement à cause de ma présence.

Je fais le tour de la rambarde et descend les marches pour arriver à son niveau. Je m'adosse au mur sur le côté en regardant le ciel. La température est glaciale et un nuage de vapeur s'échappe de ma bouche lorsque je soupire.

Alvis tremblote, il n'a que sa chemise au tissu léger sur le dos et ses mains sont serrés en points contre sa bouche de façon à les réchauffer avec son souffle. On pourrait croire qu'il s'est fait jeter dehors.

- Qu'est ce qui t'arrives ? Je tente avec peu d'espoir d'obtenir une réponse.

Sans surprise, il ne répond rien.

- Tu sais, je n'ai pas plus envie que toi d'être à tes côtés mais on a pas le choix alors autant coopérer.

Le chevalier lâche un soupire, avec cette indifférence éternelle à ce que je lui raconte qui lui colle à la peau.

- Rien. Crache-t-il malgré tout, la voix basse.

- Quoi ?

Il vient de répondre ?

- Tu me demandes ce que j'ai, je te répond. Je n'ai rien. Puis Alvis replonge son regard vide vers l'arbre juste en face.

Woaw, on avance bien.

- Je vois bien que ça ne va pas, je serais cet arbre, je me serais déjà déraciné et enfui de peur que tu me découpe avec ton épée. Je lui lance en jetant un coup d'œil vers le saule pleureur en question.

Cette fois, il me regarde et me dit sur un ton encore plus froid que la température extérieur :

- Je suis dehors parce que j'ai besoin d'air et là tu ne m'aide pas tu vois. Puis il lève la tête pour regarder le ciel.

Je pousse un soupire qui en dit long. Il m'énerve.

- Je fais l'effort de venir vers toi tu pourrais au moins y mettre un peu du tiens. Je crache en croisant mes bras sur ma poitrine et en lui jetant un regard assassin.

Je le regarde, il tremble, je perçois les muscles de ses larges épaules se contracter sous sa chemise. Il a... ce charisme, je dois l'admettre, qui émane de sa carrure, de ses expressions, de ses gestes et qui le rend mystérieux.

En fait, ce garçon est un mystère, je le connais depuis toujours mais je ne sais rien de lui au final.

Alvis reste muet, comme il sait si bien le faire, ses yeux en amandes rivés vers nos divinités.

Finalement, je m'assoie moi aussi, en gardant mes distances avec le chevalier. Je lève les yeux vers le ciel à mon tour et contemple la beauté de ce qui s'offre à nous. Nous restons comme ça un moment jusqu'à ce que je brise le silence.

- Pour qui était ta bougie ? Je lui demande les yeux sur Fulguris.

- De quoi tu parles ? Me demande le chevalier.

- Je parle de la bougie que tu as marqué à la fête d'Airya. À qui est-ce que tu t'adressais ? Je précise, même si je pense qu'il avait compris de quoi je parlais la première fois.

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