Chapitre 14 - Astrée

19 1 0
                                    

3 avril

La soirée passé avec mes parents a réchauffé mon cœur, ça faisait si longtemps que je n'avais pas passé un moment aussi tendre avec eux. Le temps d'une soirée, je suis parvenue à stopper le tourbillon de pensée qui fait ravage dans ma tête. Toutefois, ça ne l'a pas empêché de repartir de plus belle ce matin.

J'ai changé de refuge cette fois ci, je voulais prendre l'air par cette nouvelle belle journée et j'ai choisi ce pont perdu dans les jardins du château. Les coudes posés sur la bordure de celui-ci, j'observe l'eau s'écouler en dessous. Aujourd'hui, pour me changer les idées j'ai opté pour un moyen en général plutôt efficace sur moi : la poésie.

Je pose le regard sur le recueil de poèmes que je tiens entre les mains, celui-ci porte une couverture marron et est orné de dorures sur ses contours et ses pages. Il parait quelque peu ancien et il l'est sûrement, de plus, le nombre de fois que je l'ai emprunté dans la bibliothèque a joué en la faveur de cet aspect vieillot.

Une ficelle dorée dépasse du bas du livre, le marque page qui chaque fois me reconduit vers mes mots préférés m'amène pour la énième vers le poème que j'aime tant.

Elles flottent dans le vent.
Aussi légères que les larmes de mes nuits,
...
Elles m'emportent et l'emportent
Sur la tristesse qui me hante
...

Le poème de tout mes espoirs. À l'époque où je n'avais pas la possibilité de sortir, ces mots me transportaient dans les champs printaniers, là où poussent les Éolys de Klyre qui m'autorisaient à rêver. Je n'ai aucune idée de si l'auteur faisait référence à ces fleurs dans son poème mais pour moi, il est évident que c'est ce qu'il l'a inspiré. Ces plantes me font ressentir exactement ce qui est décrit dans le poème, elles ont le don de nous éloigner de notre malheur.

Peut être que c'est pour ça qu'Alvis le connaît.

Je lis, je feuillette, je lis et tente de plonger par delà les lignes et les mots qui recouvrent les pages mais rien y fait, mes questionnements ne veulent pas me quitter.

"Reste ici, je reviens."

"Que s'est-il passé ?"

"Rien qui te concerne." M'a répondu ce très cher Alvis.

Hier en revenant de notre balade, nous passions près d'un village et il semblait y avoir de l'agitation. Alvis a voulu aller y jeter un œil, seul. De là où j'étais, j'ai vu de la fumée et je n'ai pas pu m'empêcher d'approcher.

Alvis été descendu de cheval et aidait une femme à se relever. D'autre part, des gens tentaient d'arranger les dégâts comme ils pouvaient alors que leur village semblait avoir été saccagé par une tempête.

Voulant apporter mon aide aux pauvres villageois, je suis moi aussi descendu de ma monture.

Mon "protecteur" m'a rapidement aperçu et m'a réembarqué précipitamment sur le chemin du retour sans aucunes explications. Un mystère de plus.

L'esprit toujours aussi tourmenté, je me résigne à retourner au château, je ne sais pas vraiment ce que je vais y faire mais je vais bien devoir trouver de quoi m'occuper car pas de sortie aujourd'hui. Alvis est occupé avec son père, tout deux se préparent pour le repas des dirigeants de demain et mine de rien, je devrais en faire de même.

Et oui, c'est un problème en plus, ce truc me stresse énormément.

C'est bien la première fois que je suis concerné par un événement officiel et je suis heureuse d'être enfin prise un minimum en considération. Malgré tout, cela m'effraie et depuis ce matin, j'essaye de me distraire. Je ne sais absolument pas quel rôle je suis supposée jouer dans ce dîner et aussi malheureux soit-il, je n'y vois pas ma place, celle que j'ai toujours voulu avoir.

The Power of the Kingdom Où les histoires vivent. Découvrez maintenant