4. Annabelle

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On est samedi et maman et papa partent en week-end pour, je cite « se ressourcer » je les entends glousser depuis ce matin, je sais très bien que me ressourcer ces s'envoyer en l'air ensemble sans aucune retenue ni filtre, surtout sans craindre que moi leur ado les entende...

Ils font cette sortie environ une fois par mois depuis le jour où je leur avais demandé pourquoi maman priée aussi fort la nuit à ma décharge, je n'avais que neuf ans... Je suis bien consciente que mes parents font l'amour sous notre toit aussi, mais ils veulent, je pense garder une relation sexuelle épanouie et de temps en temps, ils veulent se lâcher sans filtre, alors ils partent en week-end en amoureux. Avant, je dormais chez tante Suzie mais depuis mes 15 ans, j'ai le droit à de super pyjamas party, pour condition qu'aucun garçon n'y participe, et la voisine d'en face se fait un malin plaisir de surveiller jour et nuit qui entre et sort de la maison tout le week-end, quelle plaie cette bonne femme.

– Maman, puis-je te parler, s'il te plaît ?

– Bien sûr, chérie. Qu'est-ce que tu veux me dire ?

Je lui fais signe de me suivre dans la chambre, elle s'exécute.

– Tu n'as rien dit à papa, n'est-ce pas ?

Elle s'offusque et fait un petit bruit aigu en bafouillant :

– Bien entendu que non, ma chérie. Et toi ?

– Non, s'il te plaît. J'aimerais vraiment que tu ne dises rien. Je ne suis pas encore... prête ?

– Prends ton temps, ma chérie, mais je t'assure que tout va bien. Tu te fais du souci pour rien.

– Maman, vu que cette semaine Ed est restée deux nuits à la maison et que tout s'est bien passé, est-ce qu'il peut venir à la pyjama party avec son copain de foot ? je n'en reviens pas, j'ose demander ça, je m'enfonce dans le putain de mensonge d'Ed qui devient le nôtre. Je me disais que tu serais peut-être d'accord, et on en parlera à papa quand je serai prête. Tu devras juste prévenir la voisine qu'ils sont autorisés à venir et que papa et toi-même êtes au courant, comme ça elle ne balancera pas par inadvertance.

Elle ne me regarde pas aussi sûre d'elle que tout à l'heure. Je lui fais les yeux de biche qui la font toujours céder.

– Est-ce que Pearl est aussi d'accord ?

– Bien sûr, maman, elle était aussi d'accord cette semaine, et puis Ed dort chez ses copines depuis ses 15 ans. Il va bientôt avoir 17 ans, et, SCOOP, il n'est pas PAPA !

J'éclate de rire à sa tête écarlate, elle me dit que c'est d'accord, mais que si papa l'apprend, je devrais lui dire toute la vérité... Mais la vérité est que la vérité n'est pas la vérité.

Mes parents m'embrassent et partent en claquant la porte toujours en gloussant.

Ma mère et Pearl, la mère d'Ed, sont amies depuis aussi longtemps que moi et Edward. Ma mère est la première personne qui les a accueillis dans le quartier et a aidé Pearl à trouver ses marques. Elle a eu de la peine pour cette femme qui se retrouvait veuve avec un fils en pré-adolescence à élever seule. Cependant, Edward 3 junior était un pré-ado des plus doux et gentils qui puissent exister, et c'est d'ailleurs pourquoi mes parents ont toujours été ravis que nous nous entendions aussi bien.

Pearl pense toujours que je serai un jour sa belle-fille. La pauvre, si elle savait que sa future belle-fille ressemble plus à une Barbie format humaine, les goûts en matière de femme d'Ed sont loin d'être "moi". Malgré qu'il dise constamment que je suis la plus bonne, la plus sexy, une bombe, en bref, tous les diminutifs horribles qu'on puisse donner à une fille, je sais qu'il veut juste être gentil et qu'il m'aime. L'amour rend aveugle, la preuve avec son caractère de merde, ses manies qui m'énervent, son comportement ignoble avec les filles, et pourtant, je l'aime. Je l'aime tellement fort que ça fait mal.

Un parfait connard.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant