16. Edward

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– Rassure-moi Ed, tu as déposé Kaëla en voiture ?

Quand elle a des questions aussi connes, je me demande pourquoi j'aime autant cette fille.

– Tu te fous de ma gueule, Belly ? Tu me croirais capable de déposer Kaëla à moto à la crèche ? Je ne suis même pas sûr qu'un enfant de trois ans ait un casque à sa taille et puisse tenir assis sur une moto en marche sans partir tel un cerf-volant dans les airs.

– Tu as raison, où est-ce qu'on va ?

– Tu verras, tiens ton casque.

Je lui donne son casque rose bonbon avec plein de petites couronnes noires en graffiti ainsi que des petites bulles de bande dessinée avec l'inscription à l'intérieur 'la princesse casse-couille.' Je lui avais offert ce casque quand j'ai reçu mon permis moto. Elle m'avait d'abord juré de ne jamais porter une horreur pareille et de ne jamais monter à moto avec moi. Je lui avais juré que si, et cela fait maintenant cinq ans qu'elle monte à moto avec moi, hormis le temps de sa grossesse.

Une fois qu'elle a bouclé son casque, je lui tends ses gants que je sors de la poche de ma veste. Elle met des gants ainsi que ma veste de moto que je lui tends. La sécurité de ma passagère avant la mienne. De toute façon, j'ai mes gants et j'ai mis mon pull coupe-vent. Je ne pouvais pas porter sa veste en plus de son casque en venant ici. De toute manière, on va vraiment pas loin.

Arrivée devant chez elle, elle me regarde blaser.

– Franchement, pour rester à la maison faire mon ménage et mes corvées, j'aurais très bien pu rester au boulot. Tu as fait mieux comme rendez-vous galant, preux chevalier.

– Arrête de râler, soufflais-je. Putain, depuis que tes mamans, tu es franchement devenue la meuf la plus aigrie que je connaisse.

– Excuse-moi, mais j'ai expulsé de mon vagin parfait un être humain de 51 cm et 3 kg 950 ! Je n'ai pas dormi pendant un an, et mon mec ne me regarde même plus quand je passe nue à côté de lui tellement que mes seins sont devenus des gants de toilette et mon ventre de la pâte à pizza. Sur ces dernières paroles, je vois les larmes monter et sa lèvre tremble. Mon cœur se brise, elle n'accepte pas son corps et visiblement Ayden ne sait pas la rassurer. Je prends son visage en coupe.

– Tu n'es pas juste maman, tu es une femme. Ton corps a peut-être changé, mais tu es toujours toi, tu es toujours magnifique, et moi, j'en connais plein qui adorent la pâte à pizza, j'en fais partie ! Rigolais-je, sur un ton plus sérieux, j'ajoute : Et si ton mec ne sait pas apprécier ce qu'il a la chance d'avoir chez lui, il ferait mieux de libérer le passage à d'autres.

Putain, je rêve, comment il peut être aussi con. Belly a toujours eu des formes, quelques-unes de plus depuis sa grossesse, mais il n'a jamais aimé les femmes minces. Je ne comprends pas pourquoi il ne la rassure pas. J'ai quelques mots à lui dire à son retour, et il peut être deux fois plus balèze que moi avec ces entraînements intensifs à l'armée que je ne me priverais pas pour lui botter le cul comme je le pourrais.

Je lui offre un doux baiser au coin de la lèvre. Je n'ai rien à me faire pardonner, ce n'est pas son anniversaire, ni le mien, mais elle a le cœur brisé, et le mien pleure forcément avec.

– Allez, viens Belly, avec Kaëla, on t'a préparé une surprise.

Quand on passe la porte, elle pousse un cri de joie.

– Une pyjama party !

– Oui, mais uniquement pour toi et puis moi du coup, mais je me ferai discret. Alors, comme tu peux le voir, le salon est devenu une chambre. Sur la table basse, tu trouveras plein de confiseries, des chocolats, des pancakes, des mini-pizzas, des muffins salés et des mini-saucisses cocktail. Le film est déjà prêt, tu as juste à mettre sur Play. Ton pyjama spécial est dans ta chambre sur ton lit. Dans deux heures, quand tu auras fini le film et fini de manger, tu m'envoies un SMS, et je te montrerai la suite.

Un parfait connard.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant