Un parfait connard.

9. Edward

Le lendemain de la pyjama party, j'avais demandé à Manon son numéro. Elle avait hésité, mais finalement, elle l'avait donné et était partie en rougissant, bafouillant un salut général.

Ayden avait pris Belly dans ses bras pendant ce qui m'avait semblé être cinq heures. Je lui avais grondé de se dépêcher parce que son père allait bientôt arriver avec sa mère. J'ai regretté à ce moment-là, car il s'était empressé de l'embrasser, sous mes yeux, comme si de rien n'était, comme s'ils étaient officiellement en couple. Bordel. Alysson m'avait prise dans ses bras. Je pense qu'elle voyait ma tension, parce qu'elle m'avait dit tout doucement : "Sois cool avec eux, s'il te plaît. Fais ça pour Annie si tu l'aimes." J'avais donc pris sur moi et salué amicalement nos amis. Une fois seul avec elle, je l'ai aidée à tout remettre en place et à nettoyer. Moi, je ne crains pas ses parents, contrairement à d'autres, mais pour éviter de mettre Annie et sa mère face à de fausses vérités à révéler à son père, je suis parti une fois tout rangé, propre et fini.

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juillet 2007

Je me réveille complètement épuisée. Mes nuits sont devenues un enfer depuis que j'ai dormi avec Belly. Je suis incapable de m'endormir et de passer une nuit correcte et reposante seule. Elle me manque. Son père ne part plus en formation avant septembre, et elle ne veut pas lui avouer qu'elle est lesbienne, enfin, je me comprends.

J'ai eu une putain d'idée hier. Avec maman, on s'est promenées et on est allées visiter ENCORE le musée Granet. Elle adore y aller, et j'adore lui faire plaisir. J'ai un doute qu'elle soit juste tombée sous le charme du guide, car on connaît le musée par cœur, mais elle persiste à lui poser des questions en jouant des cils comme un papillon. Mais je vais faire comme si cette pensée n'avait jamais existé.

Sur le chemin du retour, j'ai balancé ma bombe et j'ai dit à ma mère : "Tu devrais parler avec les parents d'Annie, maman." Inquiète, elle m'a regardée en me demandant pourquoi. "Bah, tu sais, maman, Annie aime les filles. Peut-être que ses parents ont besoin d'en parler pour digérer, ou je ne sais pas, juste en parler avec une amie ?" Elle a poussé un cri de surprise et m'a répondu en criant ! "Annie Chérie aime les filles ? Mon rêve tombe à l'eau ?" finit-elle en soufflant.

Oui, maman croit toujours que je vais épouser Annie, surtout depuis qu'elle a trouvé notre contrat et l'a lu. Sauf qu'Annie ne sera jamais sa belle-fille, sauf à nos 30 ans si nous sommes toujours célibataires. C'est le contrat qui le souhaite pas moi. Fière de ma bombe, je n'ai plus qu'à attendre.

J'ai hâte d'être demain. Belly n'a pas le droit de me hurler dessus, ni d'être en colère contre moi le jour de mon anniversaire, l'une des règles qu'on a ajoutées en grandissant. Toute l'année, je suis son chevalier et elle est ma princesse, et j'adore ça. Mais le jour de mon anniversaire, Annie devient à la limite de ma domestique. Elle ne peut rien me refuser, ni jamais se fâcher. C'est tellement jouissif.

Pour mes 10 ans, quand elle m'a donné ma lettre d'anniversaire, j'ai évoqué l'idée de cette "Règle 11". Elle a décidé d'accepter ma faveur en cadeau pour me remercier pour ma fidélité en tant que chevalier dévoué. Qu'est-ce que j'aime cette fille. Elle jouera son rôle jusqu'à sa mort, et ça me tue. Même à 16 ans, elle s'y croit toujours, et moi, je ne peux m'empêcher de remarquer que je suis plus qu'heureux quand elle est heureuse. Alors, je continue à jouer le jeu, comme avec maman. Elles sont toutes les deux mon souffle de vie, leur bonheur fait le mien.

Mon téléphone sonne sur ma table de chevet. Je me penche pour l'attraper et fais tomber tout un tas de bêtises. Putain, il faut absolument que je range et nettoie ma piaule, sinon demain, personne ne pourra venir ici, et je compte bien dormir accompagner pour mes 17 ans, surtout après le départ de maman hier soir à notre retour à la maison pour une formation. Elle s'est excusée mille fois et m'a promis de se rattraper, mais quel ado de 17 ans ne rêve pas d'être seul chez lui pour son anniversaire et de pouvoir faire venir n'importe qui est baisé n'importe où ? Même si j'ai la maman la plus cool de la terre, devant elle, je suis obligé de me tenir correctement. C'est bien grâce à mon comportement irréprochable face à elle qu'elle me laisse faire tout ce que je veux quand je veux. J'ouvre le SMS :

Manon : Coucou, comment ça va aujourd'hui ?

Moi : Hey, pas trop mal et toi, coquelicot ? Tu fais quoi aujourd'hui ?

Depuis la pyjama party avec Manon, nous échangeons des SMS tous les jours, toute la journée, jusqu'à tard dans la nuit. Je n'aurais jamais cru qu'elle pouvait avoir autant de conversations, et elle n'est pas timide à travers les SMS. C'est génial et je m'amuse bien pour le coup. Un soir, je lui ai même fait des allusions sexuelles, et croyez-moi ou pas, elle a joué le jeu. J'ai dû retourner me doucher avant d'aller au lit, tout ça à cause de mon petit coquelicot, qui l'aurait cru.

Manon : Je pensais passer l'après-midi au lac de Peyrolles et toi ?

Moi : Rien, je dois ranger et préparer la fête de demain. Tu viens toujours demain ?

Manon : Je ne sais pas, il y aura toute l'équipe de foot et tu sais que cela fait beaucoup trop de garçons pour moi dans une simple maison. Au lycée, je peux le supporter, mais pas dans une maison, c'est trop clos, tu comprends. Ne m'en veux pas, s'il te plaît.

Moi : Tu sais que je ne laisserai jamais rien t'arriver en ma présence, mais je comprends, c'est comme tu veux. Tu as encore le temps de réfléchir. Tu vas avec qui au lac ?

Manon : Je pensais te demander de venir, mais comme tu es occupé...

Moi : On y va à quelle heure ?

Manon : MDR, tu n'as pas envie de ranger, avoue.

Moi : Tu rigoles ?! J'ai le choix entre ranger ou te mater en bikini, le choix est vite fait !

Manon : Je viens t'aider à ranger et on y va après. A+

Manon est incroyable. On ne s'est pas encore vus en vrai depuis la pyjama party, mais on s'est beaucoup rapprochés en SMS. Je l'ai même appelée un soir en visio, et elle a très peu rougi. Elle a beaucoup souri, et moi, je crois que je suis tombé sous son charme. Elle me fait penser à une petite fée toute douce. Pendant nos échanges, j'ai préféré lui dire d'avance que je ne veux pas qu'elle pense avoir une chance de me faire changer d'avis. Je ne me mettrai jamais en couple, et elle a compris. Elle m'a assuré que son but n'était pas du tout celui-ci, juste qu'elle m'aimait bien et qu'elle était heureuse de pouvoir enfin parler avec un homme autre que son frère.

Quand je lui avais demandé lors de notre échange en visio pourquoi elle avait ce blocage avec les hommes, elle m'a avoué timidement et sur un ton neutre, dépourvu d'émotion, son passé difficile, Manon a été violer par son oncle, et plus tard par les amis de celui-ci, Manon a été violée exactement 78 fois de ces 10 ans à ces 14 ans, par quatre hommes différents, et tous ces hommes étaient normalement des hommes de confiance. Depuis, dès qu'un homme lui parle ou la regarde, elle ne sait pas si c'est mal intentionnel et encore moins si elle est en danger. Son père est en prison pour avoir assassiné son frère et deux de ses amies de sang-froid, il les a pourchassées pour les tuer le jour où Manon ne pouvait plus tenir ce secret. Elle lui a tout avoué en pleurant et en lui montrant les bleus qu'elle cachait sur son corps. Le quatrième s'est enfui et court toujours dans la nature. Sa mère est décédée à ses 15 ans. Elle a fait une overdose d'antidépresseurs après avoir appris tout cela. Elle était tombée dans une profonde dépression, et cela a empiré encore plus après l'arrestation de son mari. Il ne lui reste que son grand frère de 20 ans. Elle vit actuellement chez sa grand-mère paternelle.

Quand elle arrive chez moi, je suis un peu gêné après tout ce que j'ai appris sur elle. Je ne sais pas trop comment l'accueillir sans qu'elle flippe ou autre. Je lui ouvre la porte et lui fais mon plus beau sourire, même s'il se veut un peu gêné. Elle me regarde et comprend avec un sourire amusé, puis dit :

– C'est bon, Edward, je vais bien. Je pense que si je ne me sentais pas assez à l'aise pour venir ici, je ne serais pas venue, tu ne crois pas ?

– Si, tu as raison. Viens entre.

Elle me prend dans ses bras rapidement, son parfum de lavande me rend soudainement paisible. J'adore son odeur. Elle me fait un bisou sur la joue et me demande :

– Alors, on commence par quoi ? dit-elle en posant son sac et son manteau dans l'entrée.

– Ma chambre. Le reste de la maison est clean grâce à ma mère. Elle se crispe, et je rigole.

– Détends-toi, coquelicot, on va juste ranger !